mercredi 25 décembre 2024

Joyeux Noël aux ailes d'anges

 C'est Noël, la neige est tombée dans les montagnes et tout le monde est heureux, sauf celles et ceux qui ne sont pas contents des dernières surprises politiques et tous ceux qui souffrent, ou sont agressés.

On espère que cela va changer dans le futur, mais le futur est obscur...

A nous de le rendre plus clair (voir le poème en TVA).


En attendant voici mes voeux de Noël (ceux de Nouvel An ne seront pas pluvieux...).




Et donc le poème promis en TVA, il vient d'Albert Strickler - une pensée émue pour lui. Il aimait les "riens somptueux":


Noël qui approche

offre à la lumière

la promesse

de sa résurrection


Albert Stricker - Et toucher du doigt nu la pulpe de la lumière - Editions Tourneciel


Je vous offre en prime un deuxième poème du même recueil qui parle aussi de la lumière en hommage au ciel de ce matin:


Ciel du 25 décembre 2025 - Photo: Robert Becker


Tu regardes intensément le ciel
pour forer sa grisaille
et l'éternité se répand
par les cratères des impacts

Ton feu doucement ceint
de liserés d'or
les nuages qu'il calcine

Le dieu qui coule sa tête
dans les auréoles
te sacre poète de la trouée

Puisatier de lumière



Bonnes Fêtes à toutes et à tous


La Fleur du Dimanche 


mercredi 18 décembre 2024

Bilan d'hiver divers

 L'année se termine doucement, encore des courses de dernière minute, une dernière exposition, des concerts de Noël et le Réveillon qui se rapproche.... 2025 n'est pas loin et janvier promet !

Déjà un concert le 5, pour les courageux, à Bischwiller, oui, c'est Ringer, piano - voix ... à voir et à entendre... 


Les quatre dernière semaines il y a eu Rodolphe Burger et Sarah Murcia (Kraftwerk et Lou Reed revisités) 

https://lafleurdudimanche.blogspot.com/2024/11/rodolphe-burger-bischheim-la-vallee-va.html

Rodolphe Burger - Photo: Robert Becker


La Foire St-Art (mais papier pas fini) puis Lyon et Auch (voir après)https://lafleurdudimanche.blogspot.com/2024/12/st-art-sur-ou-dans-la-tete-parcours.html


ST-ART 2024 - Photo: Robert Becker


De la danse osée (?) à  Pôle Sud avec Simon Feltz ;

https://lafleurdudimanche.blogspot.com/2024/12/grains-de-simon-feltz-pole-sud-ou.html

Simon Feltz - Grains - Photo: Martin Argyroglo


La superbe nouvelle version de Casse-Noisette de Rubèn Juillard avec le Ballet du Rhin - à partir de demain à la Filature à Mulhouse

https://lafleurdudimanche.blogspot.com/2024/12/casse-noisette-lopera-national-du-rhin.html

Casse-Noisette - Tchaïkovski - Ballet de l'ONR - Rubén Julliard - Photo: Agathe Poupeney


Une surprenante pièce sur un "fait divers" un drame familial et une femme qui se reconstruit avec la magnifique Gaia Saita: 

https://lafleurdudimanche.blogspot.com/2024/12/je-crois-que-dehors-cest-le-printemps.html

Je crois que dehors c'est le printemps - Gaia Saitta - Photo: Chiara Pasqualini


Et entre théâtre et musique, la bande à Eve Risser et Samuel Achache au TNS:

https://lafleurdudimanche.blogspot.com/2024/12/la-symphonie-tombee-du-ciel-au-tns-la.html

La Symphonie tombée du ciel - la Sourde - Photo: Joseph Banderet


Et deux expositions contigües - les mini-sculptures de Stéphane Spach et Anne Vigneux - Le Vent du Boulet  à la Trézorerie où c'est le dernier week-end pour l'exposition Panpan sur le Tutu de Geneviève Charras à l'occasion du livre éponyme. Elle sera présente samedi et dimanche de 14h00 à 18h00:

https://lafleurdudimanche.blogspot.com/2024/12/genevieve-charras-performe-avec-raynaud.html



Bonnes fêtes à toutes et tous

La Fleur du Dimanche 

samedi 14 décembre 2024

La Symphonie tombée du ciel au TNS: La source miraculeuse de la musique pure

Avec la Symphonie tombée du ciel présentée au TNS nous avons affaire aux quatre Mousquetaires Samuel Achache, Florent Huber, Eve Risser et Antonin Tri Hoang dont nous avions déjà pu apprécier les aventures lors de Musica en 2022 avec l'Orchestre la Sourde pour le Concerto pour piano et orchestre et au TNS cette année avec l'iconoclaste Sans Tambour de Samuel Achache. Et nous sommes curieux de voir comment ils vont traiter les "miracles" puisque c'est le sujet annoncé de la pièce. 


La Symphonie tombée du ciel - la Sourde - Photo: Joseph Banderet

Les miracles ne coulent pas de sources évidentes, mais quand cette source est sonore et que par miracle elle se dilue dans la musique, c'est une belle surprise.  Nous sommes bien sûr surpris par la scénographie et le début du concert, où nous assistons à une très belle ouverture symphonique par cet Orchestre de la Sourde avec ces quinze musiciens dirigés par Eve Risser dont la veste de chef est parsemée de sortes d'ex-votos. Les musiciens sont disposés sur la scène, les cordes plutôt à l'avant et à jardin et les vents plutôt à cour un peu en arrière autour d'une tour, presqu'une éolienne mais qui porte des haut-parleurs pavillons un peu vintage. 


La Symphonie tombée du ciel - la Sourde - Photo: Joseph Banderet

Après un démarrage à l'unisson, les airs passent d'un instrumentiste à l'autre puis en variations et ce n'est que lorsque la chef s'assied au piano que coule de source sonore ronde - de très beaux objets, des sphères parsemées de petites bosses - que commence un dialogue entres ces enceintes qui accouchent, parfois difficilement: l'on est en voiture et la transmission n'est pas bonne, en tout cas pas assez pour le dialogue et l'on coupe non pas le cordon mais la communication. 


La Symphonie tombée du ciel - la Sourde - Photo: Joseph Banderet

Apparemment donc le théâtre sera plutôt un dialogue de sphères, chacune différenciée, disposée à différents endroits de la scène, et qui vont même bouger, se déplacer, se faire mettre à l'avant-scène pour une des histoires de miracle qui concerne une ascension tout en haut d'une montagne à priori près de Naples. Tout cela après quelques témoignages et considérations sur les miracles de différents ordres et dont les récits vont s'immiscer subrepticement, puis de manière beaucoup plus appuyée, dans la musique. La composition musicale est d'ailleurs très riche, variée et changeante. L'on varie d'une forme assez classique contemporaine vers des aspect lorgnant du côté des fanfares, du jazz big band ou même un peu plus débridé et free. 


La Symphonie tombée du ciel - la Sourde - Photo: Joseph Banderet


La collaboration entre les trois compositeurs/trice nous propose ici une expérience musicale très originale et de dimensions variables. L'interprétation de ce petit collectif bien rodé nous enchante en nous présentant quelques tableaux sonores à géométrie variable, quelquefois tendre, quelquefois dynamique, mais toujours touchants. Et les démonstrations sonores de la transformation de la voix en notes et mélodies nous font écouter différemment ces flots de paroles qui ne sont pas incarnées par des acteurs. 


La Symphonie tombée du ciel - la Sourde - Photo: Joseph Banderet

La mise en scène et la dramaturgie de Samuel Achache n'est pas exempte de théâtralité et, justement, le théâtre fait irruption sur scène d'un coup, avec le dernier témoignage d'un "miracle" lors d'une montée en tension - en parallèle avec une autre ascension - suivi d'une chute et d'une résurrection symbolique. Un vrai miracle !  Nécessaire pour équilibrer le précédent qui malheureusement ne se produit pas. On pourrait même dire que pour cette pièce le miracle serait cette transformation de la parole en musique, que nous voyons bien sûr sur scène, mais surtout nous l'entendons et nous ne pouvons qu'en croire nos oreilles.


La Fleur du Dimanche 

jeudi 12 décembre 2024

Je crois que dehors c'est le printemps au TAPS: réparer le silence et les mots qui manquent

 L'évènement racontée dans cette pièce Je crois que dehors c'est le printemps présentée au TAPS peut paraître bizarre ou rare, mais il n'en est rien. Rien qu'en France, chaque année près de 40.000 enfants "disparaissent" chaque année. Et les enlèvements parentaux en sont un peu plus de 10 %  des cas. Mais ce n'est pas le plus important ou le coeur de cette pièce créée et jouée par Gaia Saitta. 


Je crois que dehors c'est le printemps - Gaia Saitta - Photo: Chiara Pasqualini


Ce qui se joue ici, structuré comme une enquête policière mais sans recherche du coupable, c'est d'abord la longue découverte d'une femme, la mère, Irina, qui subit ce drame, découverte de sa vie, de ses sentiment face à cet événement et des conséquence humaine que cela induit chez elle. Mais c'est surtout sous la forme d'un puzzle, de l'assemblage de morceaux de souvenirs qui pourraient être des bribes de réponses à un interrogatoire mais qui sont plutôt un essai de sa part de "recoller" les morceaux que cela se présente. Elle cherche à savoir où elle peux se positionner dans ce labyrinthe de souvenirs pour, d'abord essayer de comprendre ce qui lui arrive, comment et pourquoi cela lui est arrivé, et essayer de se reconstruire. Et de se réparer, à l'image de cette philosophie japonaise, le Kintsugi, qui avec de l'or répare et sublime les blessures d'une porcelaine cassée.


Je crois que dehors c'est le printemps - Gaia Saitta - Photo: Chiara Pasqualini


Ainsi Gaia Saitta, après avoir posé les bases du dispositif dans lequel elle embarque les spectateurs, quelques-un(e)s de manière totalement active en leur donnant le rôle d'interlocuteurs du personnage de la pièce Irina Lucidi,  va l'incarner, prendre sa place pour dérouler un récit lumineux et très sensible, avec douceur et bienveillance. Elle va reprendre le récit de cette femme et quelquefois représenter de manière plus ou moins réaliste, avec suffisamment de magie pour nous y faire croire, quelques scènes de la vie quotidienne. Elle va s'interroger sur le sens, l'évolution de leur relation. 


Je crois que dehors c'est le printemps - Gaia Saitta - Photo: Chiara Pasqualini


Tracer, pas forcément dans un ordre chronologique, l'histoire de leur couple, plutôt pour essayer de comprendre - et nous aussi puisque nous avons quelques clés au fur et à mesure - comment leur rencontre, la demande en mariage, l'annonce de la grossesse et des jumeaux et l'accouchement, mais aussi toute une série d'attitudes de ce mari, Mathias, ont pu aboutir à ce dénouement. Et à cette perte, cette douleur qu'elle devra porter seule, parce que, et la famille de Mathias, et les autorités policières et judiciaires vont l'enfermer dans un cercle de silence. Silence doublé par une douleur elle aussi forcément silencieuse qui, heureusement,  "seule ne tue pas". 


Je crois que dehors c'est le printemps - Gaia Saitta - Photo: Chiara Pasqualini


Ce parcours qui dans une accumulation d'événements et d'attitudes dans le couple de plus en plus oppressants, et d'une relation de plus en plus tendue et inquiétante, alternent avec des scènes de confrontation avec des interlocuteurs dans des contextes oppressants ou hostiles, fait monter une tension glaciale. Mais, petit à petit aussi se dévoile une autre histoire, une nouvelle vie qui semble se construire. C'est à travers le personnage de la grand'mère dont nous découvrirons le secret (de famille) bien plus tard, qu'un contrepoint émerge et qui va se dérouler dans une reconstruction et un bonheur possible - et pourtant interdit (par la société - une femme qui a perdu ses enfants ne peux pas être heureuse) - avec un autre homme. Sa douleur silencieuse qui n'a pas de nom dans nos langues latines ne devrait pas pouvoir s'exprimer et encore moins, par la parole se libérer. C'est pourtant ce qui arrive et c'est le miracle à la fois de cette pièce et surtout de l'histoire vraie sur laquelle elle s'appuie. 


Je crois que dehors c'est le printemps - Gaia Saitta - Photo: Chiara Pasqualini


Cette histoire a été vécue par Irina Lucidi dont elle a pu se libérer en la livrant à l'autrice Concita de Gregorio pour notre plus grand bonheur de spectateur. Car elle gagne par le magnifique jeu de Gaia Saitta et sa mise en scène, avec la collaboration du talentueux et inventif Giorgio Barbiero Corsetti, la force et la puissance d'une tragédie grecque dans laquelle les spectateurs d'aujourd'hui dans un dispositif multimédia original en deviennent un choeur antique très moderne.


La Fleur du Dimanche

dimanche 8 décembre 2024

Geneviève Charras performe avec Raynaud et expose son petit "Petit Musée de la Danse"

 Geneviève Charras ne tient en place. Un jour elle est à Auch pour dialoguer avec Jean Pierre Raynaud qui soutient l'Ukraine en offrant au pays son oeuvre "Sans titre - Ukraine" et la semaine d'après elle est au four et au moulin en présentant son livre "Panpan sur le Tutu" en l'accompagnant bien sûr d'une performance adéquate et dansée.


Guernica - Ukraine


Guernica/Ukraine - Performance: Aphorismes dansés - Geneviève Charras - Baudouin Jannink - Photo: Robert Becker

Dans le Gers, aux Archives Départementales à Auch, pour apporter un éclairage aux deux oeuvres de l'installation Guernica - Ukraine, donc le tableau de Raynaud cité plus haut qui fait face à la reproduction du tableau de Picasso, elle improvise chants, danses et réponses aux aphorismes de Jean Pierre Raynaud qui, en plus d'être un artiste mondialement connu, écrit des aphorismes sur l'art, la vie, la violence et la guerre. Baudouin Jannink, à l'initiative de ce généreux et exceptionnel projet - les deux toiles font chacune 7 mètres 70 de long et 3 mètres 50 de haut - accompagne le circuit d'expositions qui marque le soutien au pays en guerre en nous confrontant à ces impressionnantes toiles, et lit avec un calme imperturbable des phrases qui sont comme des coups de poing. Autant que la toile de Raynaud, sa pensée ne laisse pas indifférent, en particulier quand il dit "La violence n’est acceptable qu’en Art car la cible ce n’est pas les autres mais soi-même." Et l'on aimerait le croire quand, pour conclure, il dit "La guerre est finie..." (?).


Guernica/Ukraine - Performance: Aphorismes dansés - Geneviève Charras - Baudouin Jannink - Photo: Robert Becker

Cette installation a déjà voyagé à Paris (Université de la Sorbonne) en 2023 où elle a marqué le premier anniversaire de la guerre, Strasbourg (St-Art, le Conseil de l'Europe et l'Hôtel de Région), Châlons-en-Champagne (Hôtel de Région) et donc actuellement Auch avec le Département du Gers qui soutient ce projet (l'exposition est visible jusqu'au 9 janvier). D'autres villes l'accueilleront en 2025 et 2026... avant qu'elle n'aille en Ukraine quand ce sera possible.  Je vous informerai de la suite...


Panpan sur le Tutu

La suite très proche, c'est le livre "Panpan sur le Tutu", un livre à l'image de Geneviève Charras et de sa passion - pour le moment cachée - qu'elle offre et partage en partie avec nous en présentant une partie de son hénorme collection d'objets ayant trait à la danse et au mouvement. Ses critères sont stricts mais le résultat est à la fois surprenant et impressionnant dans la diversité des objets, poupées, peluches, gadgets, livres, oeuvres d'art et jouets, toujours en rapport avec la danse. C'est tout Geneviève si vous la connaissez. Et si vous ne la connaissez pas, sachez que quand elle était petite, elle croyait que les bébés naissaient dans des tutus. Et c'est pour cela qu’elle est venue s’installer en Alsace, à Strasbourg, près des champs de choux de Krautergersheim, ces choux qu’elle imaginait affublés d’un tutu. Elle croyait aussi que les cigognes portaient des tutus plateaux. 




Elle a déjà, toute petite, gardé les objets, cadeau Banania, poupées Barbies danseuses, livres et revues sur la danse et cette manie s'est aggravé avec l'âge. Ce qui fait que ses armoires sont pleines de sa collection. Vous en verrez une partie en vrai, accrochée aux murs de la Trézorerie ou présentée dans des vitrines. Et une autre partie est dans ce livre de plus de 200 pages édité par Chicmédias dans lequel elle sollicite aussi des amis et des professionnels pour réagir à des objets choisis de cette collection.


Panpan sur le Tutu - Collection Geneviève Charras - Photo: Robert Becker

Cerise sur le gâteau, comme elle est aussi performeuse (elle en a déjà faite plus de 100) elle va faire in situ une performance lors du vernissage de l'exposition le vendredi 13 décembre au 35 de la rue du Fossé-des-Treize à la bien nommée Trézorerie. Attention ce n'est pas à treize, mais à dix-huit heures (treize plus cinq). Et sachez qu'elle est ponctuelle!

Si vous voulez venir, merci, pour des raisons d'organisation, de confirmer votre venue - mail en haut de la page. L'exposition est visible les deux samedis et dimanches avant Noël de 14h00 à 18h00 (sauf si vous arrivez à venir pour une visite privée - contact également par mail).

Et le livre Panpan sur le Tutu (240 pages) est disponible sur le site de Chicmédias à partir du 16 décembre - vous pouvez aussi me faire un mail (cf adresse en haut de page).



Calendrier 2025 de la Fleur du Dimanche

Pour finir, un rappel sur des informations récentes sur La Fleur du Dimanche qui vous on peut-être échappés: Le compte-rendu des spectacles (musique, théâtre, danse, opéra, etc.) est toujours bien fourni. 

Si vous ne voulez pas rater les publications vous pouvez vous abonner. 

Le billet sur le salon ST-ART est encore en cours de complétion et il y aura peut-être un billet sur la Biennale de Lyon.

Sinon, comme chaque année depuis 11 ans, un calendrier, et même deux versions différentes ont déjà été imprimées. Si vous en voulez un ou deux, vous pouvez le choisir et le réserver par mail (choix 1 ou choix 2) sur le billet du 24 novembre, là:

https://lafleurdudimanche.blogspot.com/2024/11/le-calendrier-de-la-fleur-du-dimanche.html


En attendant passez de belles fêtes de fin d'année.


La Fleur du Dimanche   

samedi 7 décembre 2024

Casse-Noisette à l'Opéra National du Rhin: Le plaisir dansé des fêtes

 C'est un menu de fêtes auquel nous invite Bruno Bouché, le directeur du Ballet de l'Opéra National du Rhin avec Casse-Noisette de Tchaïkovski dans une chorégraphie signée Rubén Julliard à l'Opéra National du Rhin et à la Filature de Mulhouse juste avant Noël. Cette pièce presqu'iconique pour les festivités de fin d'année où tout le monde, et surtout les enfants pensent à la magie de Noël - et aux cadeaux - est effectivement un très beau cadeau qui ne risque de décevoir ni les parents, ni les enfants.


Casse-Noisette - Tchaïkovski - Ballet de l'ONR - Rubén Julliard - Photo: Agathe Poupeney

Dans sa volonté d'inscrire l'écriture chorégraphique dans le monde contemporain, Bruno Bouché a sollicité un chorégraphe danseur qui connait très bien l'oeuvre de Tchaïkovski puisqu'il l'a dansée à de nombreuses reprises - plus de 150 fois - dans sa carrière et qui connait très bien les danseurs du Ballet du Rhin dont il fait partie depuis 2019 et où il a déjà eu l'occasion de créer deux chorégraphies dans le programme d'ouverture du Ballet. Il a d'ailleurs signé d'autres chorégraphies auparavant dans d'autres compagnies. Pour cette création il a composé une chorégraphie très riche dans laquelle il a considéré les interprètes en adaptant les styles de danse aux différentes personnalités de la troupe du Ballet. Ballet qui il est vrai pratique autant le style classique que le contemporain. Et c'est un des points forts de cette création puisque l'on navigue entre des pointes, des tutus, de l'académique et des mouvements totalement contemporains, avec des brisures, des aspects plus mimodramatiques, mais pas trop, des magnifiques mouvements d'ensemble et aussi beaucoup d'humour et bien sûr l'émerveillement et le rêve que convoque le conte d'Hoffmann sur lequel se base cette histoire. 


Casse-Noisette - Tchaïkovski - Ballet de l'ONR - Rubén Julliard - Photo: Agathe Poupeney

Et surtout la musique de Piotr Illich Tchaïkovski dont la plupart des tableaux ou extraits de danse sont devenus presque une série de tubes. En lever de rideau déjà la musique nous entraîne avec légèreté et énergie. La cheffe d'orchestre coréenne Sora Elisabeth Lee que nous avions déjà vu diriger les Oiseaux quand elle a intégré l'Opéra studio et la version de Giselle en 2023, revient ici avec l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg. Pendant que quelques airs nous mettent en appétit, les personnages du conte passent dans un défilé humoristique sur l'avant de la scène. Et quand le rideau s'ouvre, ils se retrouvent en ombres chinoises sur la verrière de fond d'une énorme pièce, sorte de loft post-industriel, que l'on découvre comme grand espace pour l'accueil des invités de la famille Drosselmeyer, avec à l'avant l'atelier de Monsieur. Le couple Drosselmeyer a une gestuelle très originale toute en brisure et en désaxements accentués par les longs bras flexibles des danseurs. Leurs mouvements tout en pliures se propagent au reste des convives dans de magnifiques tableaux animés très cinématographiques. 


Casse-Noisette - Tchaïkovski - Ballet de l'ONR - Rubén Julliard - Photo: Agathe Poupeney

Quand Clara la petite fille, l'héroïne de ce conte les a rejoint et que Mme Drosselmeyer présente la collection de marionettes-pantins qui, via une armoire magique, vont se retrouver en grand dans des personnages - Arlequin et Colombine, une Alsacienne et son soldat et la sublime princesse Pirlipat dans une tutu éblouissant de beauté. Profitons-en pour saluer le travail de création de costumes de Thibaut Welchlin, quelques uns sauvés des réserves et l'intelligence et l'inventivité de la scénographie de Marjolaine Mansot, tous deux ayant fréquenté le Ballet quand ils étaient à l'école du TNS. Tout comme Marco Hollinger qui est le maître des lumières, du clair obscur et des ors scintillants qui font rêver. Et n'oublions pas Eline Malègue qui a, avec Rubén Julliard, donné une touche très contemporaine et vivante à cette intrigue avec cette jeune équipe inventive.


Casse-Noisette - Tchaïkovski - Ballet de l'ONR - Rubén Julliard - Photo: Agathe Poupeney

Il y a bien sûr le Casse-Noisette, dernière création de M. Drosselmeyer, le cadeau pour Carla qu'elle cassera et qui, après avoir été réparé et être passé dans l'armoire magique, commencera sa vie pleine de rebondissements avec des mouvements très rigides et précis, comme il sied à un pantin pour devenir beaucoup plus rond et humain vers la fin. 


Casse-Noisette - Tchaïkovski - Ballet de l'ONR - Rubén Julliard - Photo: Agathe Poupeney


Mais auparavant il devra se battre contre les souris qui envahissent la maison à minuit et ce sera l'occasion de multiples courses poursuites et combats au cours desquels il sera ligoté. Il y a bien sûr la majestueuse valse des flocons et au niveau musical quelques emprunts à des airs des chansons françaises et l'air du Grossvater (grand-père). 


Casse-Noisette - Tchaïkovski - Ballet de l'ONR - Rubén Julliard - Photo: Agathe Poupeney


La deuxième partie du ballet est d'ailleurs l'occasion d'une série de voyages musicaux tout droit sortis de boites cadeaux qui ont rempli l'ensemble du décor: l'Espagne, l'Arabie, la Chine, la Russie, la danse du Slinky - drolatique costume très original et inventif - la danse des clowns aux ballons et des ballerines de boite à musique. Tchaïkovski a intégré dans sa musique des instruments nouveaux comme le celesta et des sonorités qui apportent une ambiance de conte et de fantastique, des airs entêtants - dont certains très courts d'ailleurs - qui deviennent des ritournelles comme des boites à musique qui tourneraient sans fin dans notre tête et apportent une note de fraîcheur juvénile à son récit. Comme par exemple la valse des fleurs qui nous emporte dans son tourbillon sans fin. 


Casse-Noisette - Tchaïkovski - Ballet de l'ONR - Rubén Julliard - Photo: Agathe Poupeney

Et Rubén Julliard avec sa chorégraphie alerte, enchantée et ses interprètes virtuoses et quelquefois acrobatiques sur lesquels il s'est appuyé pour aller au plus loin de leur engagement nous présente ici un joli petit bijou de conte de fée (Dragée, ne pas oublier celle-là). D'ailleurs nous ne pouvons pas les oublier toutes et tous et les airs qui les accompagnent puisque pour finir et nous permettre de nous rejouer cette merveilleuse soirée, tout le monde repasse en forme de défilé résumé avant le tableau final qui présente le réveil de la jeune Clara qui en l'espace d'une soirée un peu extraordinaire a bien grandi. 


Casse-Noisette - Tchaïkovski - Ballet de l'ONR - Rubén Julliard - Photo: Agathe Poupeney

Et nous, public avons également passé une soirée plaisir même si nous avons rapetissé par rapport au décor car tout, musique, costumes, lumière, décors, danseurs, étaient là pour nous enchanter et nous faire rêver.


La Fleur du Dimanche


Casse-Noisette


A Strasbourg du 6 au 13 décembre à l'Opéra du Rhin

A Mulhouse du 20 au 23 décembre à la Filature


Distribution

Chorégraphie: Rubén Julliard

Musique: Piotr Ilitch Tchaïkovski

Direction musicale: Sora Elisabeth Lee

Dramaturgie: Rubén Julliard, Éline Malègue

Scénographie: Marjolaine Mansot

Costumes: Thibaut Welchlin

Lumières: Marco Hollinger


Les Artistes

Ballet de l'Opéra national du Rhin, Orchestre philharmonique de Strasbourg, Les Petits Chanteurs de Strasbourg - Maîtrise de l'Opéra national du Rhin

Clara: Marta Dias, Di He

Mr Drosselmeyer: Erwan Jeammot, Pierre-Émile Lemieux-Venne

Mme Drosselmeyer: Susie Buisson, Julia Weiss

Casse-Noisette: Cauê Frias, Miquel Lozano

Princesse Pirlipat: Alice Pernão, Julia Weiss

Roi des rats: Marc Comellas, Marin Delavaud

vendredi 6 décembre 2024

Grains de Simon Feltz à Pôle Sud ou comment germe et monte le désir

 Avec Grains présenté à Pôle Sud, Simon Feltz se confronte à problématique sensible: Comment montrer le désir sur scène? Et c'est à un vrai challenge auquel il doit faire front.

Montrer, cacher, dévoiler, faire sentir non seulement le désir, mais aussi arriver à le faire faire transparaître chez les interprètes qui, sur scène et pendant presqu'une heure vont incarner la montée du désir, montrer ce qui est en soi sans tomber dans le voyeurisme.


Simon Feltz - Grains - Photo: Martin Argyroglo


Dès le début, il réussit son pari en ne nous montrant rien ou presque, en laissant notre imagination, nos propres fantasmes remplir le peu de ce qui est dévoilé. Car chacun le sait, ce que l'érotisme apporte au mécanisme du désir et du plaisir est plus dans tout ce qui n'est pas montré, mais suggéré. Ainsi cette obscurité qui très très lentement s'éclaire et nous laisse deviner des corps assis sur la scène font beaucoup mieux travailler notre imagination, au point que ces six interprètes à peine discernés sur la scène nous apparaissent nus et offerts. Ce sentiment se confirme quand nous entendons quelques mots devinés dans ce texte qu'on commence par bribes et d'où l'on discerne "friction", "peau", "chaleur", "caresse" et pour couronner le tout un "encore" répété et un "arrête" que nous ne pouvons pas interpréter comme un appel à continuer en dépit du résultat d'"encore", sauf si un autre signal est donné.


Simon Feltz - Grains - Photo: Martin Argyroglo


La lumière qui monte très doucement fait apparaitre les six interprètes que nous découvrons habillés, et quand la lumière est plus puissante nous distinguons les couleurs bleues des hauts et le brun clair ou bleu jean des pantalons et short. Les trois danseuses et trois danseurs s'étant levés, ils vont au fur et à mesure se chercher, tourner l'un(e) autour de l'autre, se rapprocher, s'unir dans une masse formant un tout puis se reséparer. Les gestes d'abord caresses se font plus proches, des baisers puis des embrassades débouchent sur des gestes plus intimes, tout cela sur un rythme très lent, entrecoupés d'immobilités et quelquefois en gestes miroir dans une très belle disposition dans l'espace.


Simon Feltz - Grains - Photo: Martin Argyroglo

Le corps n’est pas seulement mouvement, il est langage. Les danseurs oscillent constamment entre contrainte et la liberté, comme si leurs gestes cherchaient à percer une frontière invisible. Ce jeu de tensions devient une quête, presque viscérale, du désir : désir de toucher, d’être touché, de comprendre l’autre et soi-même. Chaque mouvement, chaque pause, chaque souffle devient une pièce d’un puzzle où le spectateur est invité à projeter ses propres interrogations. Quels sont les gestes qui facilitent la relations? Quelles sont nos peurs, nos attentes, nos désirs inavoués ?


Simon Feltz - Grains - Photo: Martin Argyroglo

Les corps se rapprochent, les habits tombent, les peaux se frôlent, les poses se font plus suggestives, les corps s'unissent et les liens alternativement se défont, certains se font éjecter, sont à la fois unis et distants dans cette ronde du désir. La parole qui s'était faite plus audible et narrative se transforme en souffle, gémissements, râles et, curieusement en rires faussement libérateurs. De même les éclats de lumière rouge et la montée en puissance de l'éclairage installent une froideur et presqu'une culpabilité, en tout cas une distance dans ce qui devrait être un sommet du plaisir.

La recherche de Simon Feltz d'explorer l’intime dans un spectacle rare est réussie tant qu'il capte les nuances et les ombres des émotions en nous les transmettant dans une expérience sensorielle et introspective. Elle se heurte cependant à un écueil lorsque l'intime s'expose trop et devient spectaculaire, Mais peut-être est-ce l'effet de la dysphorie post-relationnelle.


La Fleur du Dimanche


dimanche 1 décembre 2024

ST-ART sur (ou dans) la tête: Parcours hazardeux et à l'envers

 En faisant le décompte, depuis le début du blog en 2011, il n'y a pas eu une année que je n'ai pas parlé de la foire d'art contemporain ST-ART. En 2020 il n'y en a pas eu d'exposition et l'année dernière c'était l'édition où nous avons eu le plaisir d'exposer dans le Hall d'entrée l'installation Guernica Ukraine avec le tableau de Jean Pierre Raynaud "Sans titre - Ukraine" qui dialoguait avec la reproduction du Guernica de Picasso, en soutien à l'Ukraine. Et l'on pouvait constater que la Foire avait repris un peu de poil de la bête. 

Nous étions curieux de voir si l'élan pris allait continuer sur sa lancée et la première impression, malheureusement un peu rapide pour des raisons extérieures, nous a renforcé dans ce sentiment. Effectivement un premier tour a permis un survol général dont j'aurais bien aimé creuser les impressions. Je vous livre quelques aspects et artistes que j'ai déjà pu repérer. Il n'y a pas de classement ni de conseils, prenez-le pour une mise en bouche pour vous donner envie d'aller voir par vous-même et pour cela je vais faire une présentation dans l'ordre alphabétique inverse du nom des galeries. Sachez aussi qu'une présence forte de Raymond Waydelich marque aussi cette foire, à la fois sur un espace rétrospectif qui lui est dédié, grâce à son frère Francis et vous aurez peut-être la chance de croiser sa fille Flore venue pour l'occasion à Strasbourg. C'est elle sur la photo, derrière le chien qu'elle avait réalisée avec son père.


St-Art 2024 - Raymond E. Waydelich - Photo: Robert Becker

Et vous y trouverez autant les "boites" qui lui avaient permis d'exposer au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris que ses hommages à Christophe Colomb, ses disques - ici un très original - ou un hommage à Degas.


St-Art 2024 - Raymond E. Waydelich - Photo: Robert Becker

St-Art 2024 - Raymond E. Waydelich - Photo: Robert Becker

St-Art 2024 - Raymond E. Waydelich - Photo: Robert Becker

St-Art 2024 - Raymond E. Waydelich - Photo: Robert Becker


Pour les Galeries, le Z de Zoo n'existant pas, place à l'ancienne galerie WithoutArt Galerie qui s'est retirée au pied des Vosges à Neuwiller les Saverne et qui présente comme à son habitude André Kneib, Anna-Eva Bergman, Claire Illouz, Hans Hartung, Michel Déjean et les photos de Nathalie Savey et Stéphane Spach  et nouvel arrivé Emmanuel Henninger avec ses superbes dessin d' "Urwald":


St-Art 2024 - WithoutArt Galerie - Photo: Robert Becker

St-Art 2024 - WithoutArt Galerie - Photo: Robert Becker


La suite chez Robet Dantec, qui a quitté Belfort pour Nantes mais est revenue à Strasbourg pour montrer ses travaux sur papier, en particuliers Ilhem Ellouze  et les photos de Leah Desmousseaux:


St-Art 2024 - Robet Dantec - Ilhem Ellouze - Photo: Robert Becker

St-Art 2024 - Robet Dantec - Leah Desmousseaux - Photo: Robert Becker


Suite à la Galerie Ritsch-Fisch chez Richard Solti qui nous présente bien sûr Hervé Bohnert, les dessins de Carlo Zinelli, les sculptures de François Burland et les photos de Maurice Renoma:


St-Art 2024 - Galerie Ritsch-Fisch - Maurice Renoma - Photo: Robert Becker

St-Art 2024 - Galerie Ritsch-Fisch - Maurice Renoma - Photo: Robert Becker



Il y a bien sûr des galeries à la mode de chez nous, en particuliers la Galerie One qui présente le travail du célèbre Onemizer qu'on trouve quand on le cherche et qui rend homage à ses célèbres précurseurs:


St-Art 2024 - Galerie One - Onemizer - Photo: Robert Becker

St-Art 2024 - Galerie One - Onemizer - Photo: Robert Becker

 

Petit tour sur les cimaises de la Galerie Murmure de Colmar avec ses choix toujours très intéressants - Jan Voss - Marie Amedro - Vladimir Skoda, entre autres.


St-Art 2024 - Galerie Murmure - Jan Voss - Photo: Robert Becker

St-Art 2024 - Galerie Murmure - Vladimir Skoda - Photo: Robert Becker

St-Art 2024 - Galerie Murmure - Marie Amedro - Photo: Robert Becker



En passant, un coup d'oeil sur la Galerie Pol Lemetais de Toulouse, toujours fidèle à ST-ART et à la régionale de l'étape Nina Mond (vue de dos):


St-Art 2024 - Galerie Pol Lemetais - Photo: Robert Becker


Et aussi chez Pascal Gabert, de retour à la foire, avec un acheteur dans le coin:


St-Art 2024 - Galerie Pascal Gabert - Photo: Robert Becker


L'événement si l'on peut dire cette année c'est le focus à ST-ART de la Belgique avec dans le sillage de Guy Pieters de quelques galeries qui exposent la première fois à Strasbourg:


St-Art 2024 - Galerie Guy Pieters - Chris Martin - Photo: Robert Becker

St-Art 2024 - Galerie Guy Pieters - Christo et Jeanne-Claude - Photo: Robert Becker

St-Art 2024 - Galerie Guy Pieters - Niki de Saint-Phalle - Photo: Robert Becker


A Suivre...


Bonne visite


La Fleur du Dimanche