mercredi 23 octobre 2024

Birds on a Wire: Un moment suspendu dans le bel écrin du Théâtre de Colmar

 Le concert de Birds on a Wire au Théâtre Municipal de Colmar était attendu depuis longtemps (février 2024), mais ce fut une belle surprise de voir, au lever du rideau, arriver sur scène toutes les choristes de la Manécanterie de Saint-Jean et des Chœurs de la Pré-Maîtrise des Filles du Conservatoire de Colmar, toutes de noir vêtues. Bien sûr nous étions au courant que le spectacle Le Chant des Oiseaux était préparé avec elles, mais la surprise et l’effet de masse était saisissant. Et quand leurs voix se sont élevées, nous étions sous le charme, renforcé par le violoncelle de Dom La Nena, puis la voix de Rosemary Standley cachée derrière les choristes.


Rosemary Standley - Birds on a Wire


Et c’était parti pour une soirée d'harmonie céleste avec une chanson espagnole. Pour commencer, c’est Catherine Roussot qui dirige les chœurs sur les arrangements que Michael Smith a réalisés pour les chansons du duo. Par la suite ce sera Benoît Kiry qui prendra le relais, tout en précision et en concentration. Ce sont quelquefois des vocalises, mais aussi des bouts de refrains en canon qu'interprète avec brio la jeune troupe de chanteuses avec quelques très belles voix parmi elles. On sent que le courant passe et que les deux jours de répétitions ont fait leur oeuvre. 

Dom La Nena - Rosemary Standley - Birds on a Wire

En ce qui concerne Dom La Nena et Rosemary Standley, le courant passe depuis quelques années déjà et le duo est complice, a ses secret et fonctionne en totale symbiose. Dom La Nena avec son violoncelle fait à la fois la rythmique avec ses boucles, et ses mélodies, qui soutiennent les chansons, superbement interprétées par Rosemary Standley. Celles-ci sont très variées et Rosemary Standley les chante dans une multitude de langues - Anglais, français, btalien, Brésilien, espagnol, catalan ,… et même breton pour le rappel. Toute deux nous emmènent dans plein de pays et de saisons, en particulier, au soleil, Sur la place, ou au carnaval à Salvador de Bahia, la ville d’enfance de Dom La Nena (qui bien sûr mène le chant ici), en hiver, dans les mines de charbon avec les travailleurs en grève ou au printemps. Les chansons parlent d’oiseaux bien sûr, mais aussi de neige et de révolte, de rêves, de voyage,... 


Dom La Nena - Rosemary Standley - Birds on a Wire - Photo: Robert Becker

Leur tour de chant est un hommage à la chanson en particulier, à la poésie, au bonheur et l’on voyage entre Jacques Brel (Sur la Place), Cortazar, (La Marelle), Pink Floyd (Wish you were here) et également la musique classique ou baroque avec la très belle interprétation de O Solitude de Purcell qui nous confirme les magnifiques facilités vocales de Rosemary Standley. Sa voix est non seulement claire et douce comme le miel, mais elle a les capacités d’une vraie cantatrice. Elle navigue avec aisance de la musique ancienne aux folk-songs des Amériques, aux chansons populaires revisitées, avec une sensibilité contemporaine. Les relectures qu’elle fait sont plus que des interprétations, elles sont comme de nouvelles chansons qui lui appartiennent totalement. 


 Dom La Nena - Rosemary Standley - Birds on a Wire - Photo: Robert Becker

Le duo crée une vraie passerelle entre les époques, mêlant la simplicité mélodique à la lisibilité des textes qui vont droit au cœur. Le violoncelle de Don La Nena apporte une belle tonalité particulièrement chaude aux morceaux du répertoire. Ses accords vibrants induisent une belle émotion, un beau dialogue intime avec les voix, une tension délicate. De temps en temps Rosemary Standley se promène parmi les choristes, se fondant parmi elles avec discrétion et modestie, mais toujours avec une belle présence. De purs moments d’émotion passent de la scène, chanteuses et chœurs compris, à la salle. La rencontre de ces jeunes voix qui enrobent les deux voix des chanteuses et celle du violoncelle, parce que le violoncelle aussi chante, dans un bel écrin de douceur. Ces envolées angéliques nous emmènent dans une autre dimension. Mais le contact avec la salle n’en est pas coupé pour autant, le duo aime à faire participer le public en l’interrogeant et ne le laissant pas passif, lui faisant faire la pluie d’automne et même le poussant à danser dans cette vénérable salle.

 

Dom La Nena - Rosemary Standley - Birds on a Wire - Photo: Robert Becker

Le concert restera sûrement dans la mémoire de ceux qui ont eu la chance d'y assister, comme un beau moment suspendu, une parenthèse enchantée, à en croire l’émotion palpable et les applaudissements chaleureux et nourris pour le duo et la réussite de l’équipe locale.


La Fleur du Dimanche

mardi 15 octobre 2024

Une autre histoire du théâtre à Pôle Sud: Sur quel pied danser ou c'est le cirque au théâtre

Si on cherche Fanny de Chaillé, on la trouve là où on ne l'attend pas. On s'attend à de la danse, suite logique de son précédent spectacle Choeur où c'est le mouvement qui meut le texte de Pierre Alferi, et l'on se retrouve face à une forme hybride, à la fois théâtre et point de vue sur le théâtre, représentation et commentaire sur la représentation, réflexion et mise en cause de la réflexion. On passe de l'un à l'autre, d'une histoire à une Histoire, du théâtre devant nous au théâtre avant nous. Une position instable et mouvante, des corps qui changent de place et de statut au fur et à mesure de ce spectacle vu à Pôle Sud.


Pôle Sud - Une autre histoire du théâtre - Fanny de Chaillé - Photo: Marc Domage

Spectacle qui commence d'ailleurs par une série de déstabilisations. Par exemple tout au début, la lumière reste dans la salle et l'on assiste à une discussion entre les quatre comédiens mais qui nous inclut, nous spectateurs - ou nous exclut, puisque l'on parle de nous sans vraiment nous donner la parole. Tout comme on reste "avec" les comédiens qui, une fois cerné le sujet: Non le théâtre comme histoire, comme diachronie d'un Art, mais plutôt le théâtre comme acte de jouer devant un public, un "jeu" d'acteur, mais quel jeu? Quelle relations individuelle à ce jeu, quelle implication? Et les comédiens se mettent à jouer, ou plutôt à rejouer quelque chose qui s'est déjà joué, une pièce - du répertoire - tout en prenant distance avec elle. Et puis la lumière de la salle s'éteint et, ainsi plongé dans le noir, nous sommes plongé dans notre statut de spectateur, avec le vrai sentiment de la "magie" du théâtre qui se joue devant nous. Et tous ces jeux se retrouvent mis à distance, soit par le jeu, l'expression, l'interprétation souvent décalée, ironique, à la limite du caricatural, soit par les commentaires sur le jeu ou la mise en scène, la parole "sur" ce qui est en train d'être interprété ou même - à une niveau supérieur - à une réflexion même sur ce qui se joue sur le plateau et comment ça se joue, comme autrefois, ou comme aujourd'hui, avec quels mots, avec quelle manière de jouer, avec quelle distance, quelle motivation, quelle implication. 


Pôle Sud - Une autre histoire du théâtre - Fanny de Chaillé - Photo: Marc Domage

Les quatre comédiennes et comédiens sont bons, chacun dans son style, capable d'incarner différents personnages, la dynamique et "véhémente" Margot Viala, la volontaire et décidée Valentine Vittoz, le placide et "suiveur" Tom Verschueren et le volubile, habile et labile Malo Martin. Le résultat est souvent drôle, mais le comique ou l'humour surprennent. De qui ou de quoi se moque-t-on, quel est l'enjeu de la représentation? Un questionnement de l'Histoire du Théâtre, de la représentation, des règles, des coutumes (la place des femmes dans le théâtre - ridicule dans l'histoire. Ou le rôle du metteur en scène - ce chef qui décide comme un tyran du mouvement même du corps de l'acteur - ou du collectif - quel cadre, quelles prérogatives lui/leur donner. Quelquefois cela aboutit à une impasse, à une pensée un peu brouillonne ou contradictoire, peut-être encore en gestation et qui doute elle-même. Par exemple les questions liées à la motivation des jeunes comédiens, restant au rang de l'histoire personnelle, celle du jeu d'acteur survolé dans les réflexions et les témoignages, (les leçons de Jouvet ou l'interview de Jeanne Moreau en midinette) où l'on aurait pu creuser un peu plus les différentes formes de jeu (Grotowski, Gérard Philippe, Actors Studio, Lecoq, Brecht,..). 


Pôle Sud - Une autre histoire du théâtre - Fanny de Chaillé - Photo: Marc Domage

La volonté de Fanny de Chaillé d'éclater cette histoire du théâtre en la racontant autrement ou en prenant un sujet différent, balançant entre son expérience et l'expérimentation de ses jeunes comédiens et leurs interventions, est intéressante en nous mettant en position instable face à cette pensée en marche. Les aspects danse et mouvement en relation avec le textes sont quelquefois heureux, par exemple, quand les corps "parlent", la synchronicité des comédiens sur des textes est réussie, mais se poser la question de comment l'acteur habite le corps de son rôle (en théâtre) tandis qu'un des comédien plutôt gymnaste fait le poirier est un contrepoint peu adapté. Ce décalage, sûrement voulu, apporte de la gaité sur scène, mais permet-elle de poser ces questions fondamentales que se posent la metteuse en scène et les comédiens dans cette pièce et dans leur histoire personnelle d'acteur et de metteur en scène, et qu'on demande également aux spectateurs de se poser. Peut-on ou faut-il rire de tout? Dans ce grand bazar organisé, on rit, avec plaisir, bien sûr, des fois jaune d'ailleurs, mais aussi des fois avec regret et il aurait peut-être fallu plus balancer d'un pied sur l'autre, de la mise en cause et à distance par le rire, à des esquisses ou même des raisonnements plus creusés. A l'image de ces acteurs qui, clairement, ne savent plus où est la gauche et la droite, mais qui continuent d’avancer, parce que, comme dans toute bonne pièce de Beckett, on est là pour attendre, avancer, et surtout ne jamais trouver. Mais on est là aussi pour rigoler.


La Fleur du Dimanche

jeudi 10 octobre 2024

Nemanja Radulovic à l'OPS: Le violon sur le coeur

 Le violoniste serbe presque quarantenaire Nemanja Radulovic, à l'occasion de sa résidence à l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg nous fait le magnifique cadeau de ce concert dédié au violon. Cet artiste mondialement connu qui a déjà sorti de nombreux disques et qui enchaine presque cent concerts par an dans le monde entier (dont l'ouverture des BBC Proms cette année) a commencé le violon à 7 ans. A douze il a le prix de la Ville de Belgrade et l'année d'après le prix Talent de l'année de la République Serbe. L'année suivante il part à Sarrebruck pour y étudier au conservatoire. A quatorze ans il arrive en France, au Conservatoire de Paris pour y étudier avec Patrick Fontanarosa. En plus d'être soliste, il est fidèle à ses partenaires du groupe Double Sens (avec des musiciens de son pays) et l'ensemble Les trilles du Diable. Le nom du groupe n'étonne pas trop parce que lorsqu'il joue, il ressemble à un gentil petit diable. Il jouait avec un violon de Jean-Baptiste Vuillaume de 1943 mais il l'a abandonné pour un autre, anonyme.


OPS - Nemanja Radulovic - Jaime Martin - Khatchatourian - Photo: David Amiot

Le concert débute, sous la direction de Jaime Martin (avec qui il a d'ailleurs joué au BBC Proms en septembre), avec les Danses de Galanta (1933) de Zoltan Kodaly. C'est une pièce qu'il a créée en se basant sur des mélodies de musiciens tzigane de la petite ville de Galanta, des danses hongroises. La pièce est très dansante, avec une longue et lente introduction à la clarinette (impeccable Sébastien Koebel), les vents, flûtes, hautbois sont d'ailleurs à la fête pour l'ensemble du concert. Le début est un peu mélancolique, nostalgique, avec des moments d'emphase et des passages d'équipages (et le glockenspiel des chevaux). C'est bien dansant aussi, surtout dans la deuxième partie, plus orientalisante. Le chef Jaime Martin accompagne tout cela gaiement en dansant lui aussi. Le tempo s'accélère, des grondements s'élèvent et se font plus graves. Le chef, majestueusement distribue les interventions des instruments dans l'espace avec agilité et grâce. S'ensuit une très forte montée en puissance qu'il coupe net. Et la clarinette et le hautbois(formidable  Samuel Retaillaud) lancent leurs dernières mélodies avant la brève et rapide montée finale.


OPS - Nemanja Radulovic - Jaime Martin - Khatchatourian - Photo: David Amiot

Puis, avec le Concerto pour violon en ré mineur d'Aram Katchatourian entre en scène Nemanja Radulovic qui peut démontrer que lui et le violon ne font qu'un. Après une introduction orchestrale et la présentation rapide du thème, il dialogue avec l'orchestre puis execute quelques cadences endiablées. Suit une très beau dialogue entre le violon et la clarinette, toujours magistrale de Sébastien Koebel et d'une extrême finesse. L'orchestre reprend en rythme allègre puis calme le jeu pour un passage plus serein mais le violon s'enflamme à nouveau. 

Dans le deuxième mouvement, c'est le basson qui introduit, suivi du rythme lent des cordes et cela continue presque comme une valse triste. Le mouvement est calme et serein et les cordes basses appuient en pizzicato dans des airs où le violon et l'orchestre se répondent et se soutiennent. Le troisième mouvement, allegro vivace, après une introduction de l'orchestre voit un rapide dialogue entre le violon et l'orchestre et aussi les flûtes, clarinettes, hautbois et autres vents. Les échanges, très dansant sont rapides et la fin claque.


OPS - Nemanja Radulovic - Jaime Martin - Khatchatourian - Photo: Robert Becker

OPS - Nemanja Radulovic - Jaime Martin - Khatchatourian - Photo: Robert Becker


Pour répondre à l'enthousiasme du public, Nemanja Radulovic nous offre en bis, après avoir remercié tout le monde pour l'accueil lors de sa résidence à Strasbourg, un délicat et émouvant duo avec Charlotte Juillard, violon super solo de l'orchestre dans lequel on sent une réelle complicité.


OPS - Charlotte Juillard - Nemanja Radulovic - Photo: Robert Becker


Après l'entracte, la soirée s'achève avec la Symphonie N° 8 en sol majeur "Tchécoslovaque" d'Antonin Dvorak. Le premier  mouvement Allegro con brio est ample et vif tandis que le deuxième est plus grave. Un dialogue s'instaure entre la clarinette, la flûte, le hautbois puis l'orchestre. Et cela devient un peu plus dansant pour finir avec un nouveau dialogue. Dans le troisième mouvement, allegretto grazioso, l'air devient vraiment dansant et léger, simple et léger, toujours avec les vents délicats.

Ce seront les trompettes qui vont lancer le quatrième mouvement avec une sonnerie magistrale et des coups de tambour. Puis les violoncelles de l'orchestre prennent la relève pour une mélodie d'abord posée qui s'accélère et se répète plus ou moins lentement. A la flûte Sandrine François nous joue un solo virtuose et c'est parti pour le retour en variations de la mélodie. Le chef accompagne cela en amples  mouvements empathiques et pour finir, accélère en apothéose dans une bacchanale en éclat grandiose.


OPS - Jaime Martin - Antonin Dvorak - Photo: Robert Becker


La Fleur du Dimanche


Concert OPS - Nemanja Radulovic

A Strasbourg, le 10 et le 11 octobre au Palais de la Musique et des Congrès.

  

mercredi 9 octobre 2024

Je badine avec l'amour de Sylvain Riéjou à Pôle Sud: le danseur en miroir, son double et le fantôme

 Sylvain Riéjou est direct: Il dit ce qu'il pense et il danse ce qu'il dit. Il dit beaucoup de lui, jusqu'à se mettre (à) nu (voir son précédent spectacle à Pôle Sud Je rentre dans le droit chemin (qui comme tu le sais n’existe pas et qui par ailleurs n’est pas droit). Etant las de faire le tour de lui-même seul sur scène, il se lance dans une superproduction (avec en tout deux danseurs et deux danseuses) où il va se mettre à se regarder à travers le miroir de l'autre, et même avoir un(e) autre en fantôme réfléchissant (dans les deux sens du terme) en coulisse.

 

Je badine avec l'amour - Sylvain Riéjou - Photo: Vincent Curutchet


Pour ce nouveau spectacle qu'il avait montré en maquette à Avignon en 2023 et crée en fin de cette année-là, il met à nu cette fois-ci sa pensée, sa motivation et sa démarche de création. Il fait une présentation distanciée de ses réflexions, ses discussions avec soi-même, avec en coulisse (au départ) Emilie Cornillot) puis son double sur scène - Julien Gallée-Ferré et au final avec toute l'équipe dans une lucidité empreinte de distance et d'humour.


Je badine avec l'amour - Sylvain Riéjou - Photo: Vincent Curutchet

Dans un déroulé assez chronologie et logique nous assistons ainsi à l'explication du titre de la pièce énoncé par Sophie Marceau citant Musset dans La Boum, puis les questionnements d'adolescence sur les relations entre eux au moment de l'éveil des  sens avec les témoignages mémoriels des interprètes, brossant un tableau de différentes situations vécues avec ce regard curieux sur la société des années 80 et ses idoles, dont Patrick Swayze. Et le film Dirty Dancing. Le film fera l'objet de plusieurs séances de répétitions de scènes cultes, vues et revues à l'époque et qui ici dans le spectacle prennent des allures de multiplication (la danse) des petits pains, pour finir dans un summum où Sylvain Riéjou se retrouve face à ses trois "doubles". 


Je badine avec l'amour - Sylvain Riéjou - Photo: Vincent Curutchet

Tout cela bien sûr dans une technique qu'il chérit et maîtrise à merveille, le play-back dansé, mâtiné de son propre langage de signes dansés dans lequel il excelle. Il en place un d'ailleurs en interlude sur la chanson de Gilbert Bécaud, Nathalie, un grand moment d'émotion dont on aurait aimé qu'il y en ait un peu plus. Parce que la danse et le mime ou le mimodrame sont interprétés par lui-même et ses danseur.euse.s dans une gestuelle exceptionnelle. 


Je badine avec l'amour - Sylvain Riéjou - Photo: Vincent Curutchet

Les parcours professionnels de chacun et chacune - Julien Gallée-Ferré avec Roland Petit, puis qui rencontre Clémence Gaillard dans les formations Ex.e.r.ce du Centre Chorégraphique National de Montpellier, sont un délicieux raccourci de l'histoire de la danse, du classique au très contemporain. On sent que ces interprètes, très talentueux auraient pu nous charmer encore davantage par leur corps en mouvement, mais le sujet n'était pas là, il s'agit aussi de danser 'l'intérieur" et cela fonctionne bien. 


Je badine avec l'amour - Sylvain Riéjou - Photo: Vincent Curutchet


Et permet d'une certaine manière de rendre plus proches de nous ces êtres de chair et de sentiment (divers) que sont les danseurs et les chorégraphes.


La Fleur du Dimanche

mardi 8 octobre 2024

Beretta 68 au TNS: Le féminisme nouvelle vague

 Les vagues du féminisme n'ont pas encore réussi à submerger les hommes et leurs attitudes phallocrates. Et le SCUM Manifesto de Valérie Solanas, même s'il a fait quelques émules, n'a pas éradiqué la gent masculine de la civilisation. Le collectif FASP (qui n'a rien à voir avec la Police) par contre nous offre au TNS avec Beretta 68 une pièce fraîche et enlevée. Elle est annoncée terrible pour les hommes (on leur indique les issues de secours pour débuter), mais elle arrive à traiter ce sujet délicat de la domination masculine, de la soumission féminine, du consentement, de la révolte des femmes et de la violence avec de l'humour et de l'imagination.


TNS - Beretta 68 - Photo: Jean-Louis Fernandez

Il y est bien sûr question de ces écrits de Valérie Solanas, SCUM Manifesto et autres citations et également de certaines autrices contemporaines plus ou moins connues qui sont engagées plus ou moins violemment (Christiane Rochefort, Virginie Despentes) dans le combat "féministe". On y cite même Louise Thompson Patterson et Jacqueline Sauvage pour justifier l'éradication de tous les hommes cis. Et nous tomberons de haut à la fin du récit de l'éducation d'une jeune fille bien rangée qui sait découper son poulet et blanchir les carreaux de sa salle de bain à l'eau de Javel, quand un de ses réveils, un matin, débute sans consentement. Mais le collectif FASP, qui s'est constitué à partir de huit élèves, comédiennes mais non seulement, certaines ayant suivi le cursus technique, du groupe 47 de l'école du TNS sur le projet même de faire un spectacle à partir du texte de Valérie Solanas. 


TNS - Beretta 68 - Photo: Jean-Louis Fernandez

Le contexte imaginé par le groupe, ces rencontres entre les membres d'une sorte de gang, dans une laverie désaffectée (humour féministe au deuxième degré) constitué de personnalités hétérogènes (un peu à l'image aussi du collectif) qui vont à la fois réfléchir et essayer de mettre en place des actions militantes, va permettre de balayer de manière large les champs de réflexion et les matériaux qu'elles ont constitués et sélectionnés. Et ce n'est pas triste. Cela chante (en rap et en mélodies jouées et chantées en direct), cela bouge tout le temps et passe d'un niveau à un autre, cela discute et rejoue de diverses manières (des harangues, des coups de téléphone échangés, des scènes réactualisées) dans une mise en scène sans temps mort. Il y a même des références picturales avec le tableau d'Artemisia Gentilesci Judith et Holopherne, débordant de violence, dans lequel Judith incarne cette vengeresse - ou libératrice - féminine, avec en fond l'histoire personnelle d'Artemisia, cloitrée et otage de son père puis abusée et abandonnée par un ami de celui-ci. Quelques comédiennes émergent du lot, Jade Emmanuel avec toute son énergie qui incarne magnifiquement Solanas dans son côté brut, violent et cassant, Manon Poirier, qui telle un caméléon change de peau et à vue d'oeil et Manon Xardel qui nous susurre des chansons pas si douces que cela. 


TNS - Beretta 68 - Photo: Jean-Louis Fernandez

Le texte, savant mélange de quelques citations de Solanas et de son histoire, également de lectures que l'on devine instructives et d'écriture de plateau dont l'évolution au fil de l'élaboration de la pièce a permis également d'avoir en face de nous des personnages bien vivants et changeants. Mais c'est ça aussi qui est intéressant dans ce spectacle, que chacun(e) de sa position peut se trouver questionné(e), interrogé(e), confronté(e) à des prises de position pas toujours ou forcément défendables, mais que cela mette en marche une petite réflexion à son niveau. Et pourquoi pas, à se retrouver bousculé(e) dans ses repères et poussé hors de son repaire de tranquillité. Bref, une pièce qui fait bouger les lignes, tout comme ce personnage un peu en marge a aussi réussi de part ses actes (surtout celui qui l'a rendue célèbre) a décontenancer ses interlocuteurs. Et comme la pièce le rend bien dans quelques scènes bien troussées, si l'on ose dire ainsi.


TNS - Beretta 68 - Photo: Jean-Louis Fernandez

Avec Beretta 68, le féminisme n'est pas un coup d'épée dans l'eau et le théâtre des filles du collectif FASP fait mouche.


La Fleur du Dimanche



Au TNS à Strasbourg, du 8 au 18 octobre 2024

[Conception, texte]
Collectif FASP et extraits du SCUM Manifesto de Valerie Solanas

[Mise en scène et jeu]
Collectif FASP – Loïse Beauseigneur, Léa Bonhomme, Jeanne Daniel-Nguyen, Jade Emmanuel, Valentine Lê, Charlotte Moussié, Manon Poirier, Manon Xardel

[Scénographie] Loïse Beauseigneur, Valentine Lê, Charlotte Moussié

[Costumes] Léa Bonhomme, Jeanne Daniel-Nguyen, Jade Emmanuel

[Musique] Léa Bonhomme, Valentine Lê, Manon Xardel 
[Lumière] Loïse Beauseigneur, Charlotte Moussié

Les décors et les costumes sont réalisés par les ateliers du TnS.
ProductionThéâtre national de Strasbourg
Avec la participation artistique du Jeune théâtre national (JTN)
Création le 8 octobre 2024 au Théâtre national de Strasbourg

dimanche 6 octobre 2024

Avec Musica au Centre Pompidou Metz et à l'Arsenal le piano minimaliste se multiplie fois 4 et fois 2

 Pour le dernier jour* du Festival Musica accueilli à Metz au Centre Pompidou et à l'Arsenal - Cité Musicale de Metz, le piano va couler de source, minimale. Ce sera un flot de notes, égrenées, frappées, répétées, variées, esquissées, caressées qui vont se répandre, surgir des pianos et nous submerger de notes.

Gay Guerilla de Julius Eastman 

Cela se passe dans le cocon du Studio du Centre Pompidou Metz au centre duquel trônent quatre pianos qui se positionnent en croix, les pianistes dos au public qui les entoure. La salle est sombre, seules le dessus et les cordes des pianos sont faiblement éclairés et lorsque les pianistes sont installés une douche les découpe avec leur clavier. 

Festival Musica - Julius Eastman - Evil Nigger - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Festival Musica - Julius Eastman - Evil Nigger - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Pas de perturbation, place à la musique, rien que la musique. Le concert débute avec l'oeuvre de Julius Eastman de 1979 Evil Niger. Progressivement un, puis deux, puis trois, puis les quatre pianistes - les mêmes que ceux qui nous proposent leurs interprétations des sessions Une histoire du piano minimaliste, à savoir dans l'ordre de leurs concerts, Melaine Dalibert, Stephane Ginsburg, Nicolas Horvath et Wilhem Latchoumia - entonnent une ritournelle tournante et rapide puis un air plus grave. 

Festival Musica - Julius Eastman - Gay Guerilla  - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Festival Musica - Julius Eastman - Gay Guerilla  - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Festival Musica - Julius Eastman - Gay Guerilla  - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Cela ressemble à une course poursuite ou une course de relais. Parfois plus dans les graves parfois dans les aigus, une ronde avec ces phrases qui se répètent, pianissimo ou fortissimo. La musique s'enroule et fait des boucles. A un moment un silence, et cela repart de plus belle avec Stephane Ginsburg qui, avec ses "one, two, three, four" qui donne les marques et relance la machine une bonne demi-heure au bout de laquelle les notes se raréfient pour s'évanouir.

Festival Musica - Julius Eastman - Gay Guerilla  - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Festival Musica - Julius Eastman - Gay Guerilla  - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Festival Musica - Julius Eastman - Gay Guerilla  - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Gay Guerrilla (1979)  démarre très doucement avec la répétition d'une note, puis deux, puis trois, puis quelques quelques accords qui se suivent et des variations. Très lentement,     les musiciens continuent cette manière chorale qui laisse émerger puis exploser une mélodie, celle d'un cantique de Luther A Mighty Fortress Is Our God, un appel à la révolte contre l'oppression des noirs aux Etats-Unis.

Festival Musica - Julius Eastman -Crazy Nigger- Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Festival Musica - Julius Eastman - Crazy Nigger- Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Avec Crazy Nigger (1978) nous entrons dans la transe pendant une heure, une pièce très forte et cathartique. A la fois massage des oreilles quelquefois et réchauffement de celles-ci. En tout cas cela nettoie et nous submerge. La pièce démarre doucement, les notes apparaissent, de répondent d'un piano à l'autre, puis au bout d'un moment - un quart d'heure, ce sont des explosions qui montent. Puis, bien sûr cela se calme à nouveau, et toute sérénité pour repartir, comme une marée qui nous submerge, une mer toujours recommencée et de nouvelles explosions. Un silence subit, une pause, des notes frappées qui résonnent et s'éteignent en écho lointain. Puis les musiciens qui, en décalage se lancent dans un dernier tour pour un quart d'heure, qui se suivent, se dépassent dans un grand chaos et puis le dernier accord qui, longtemps résonne et s'éteint. Un moment exceptionnel.

Festival Musica - Julius Eastman - Crazy Nigger - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Festival Musica - Julius Eastman - Crazy Nigger  - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Festival Musica - Julius Eastman - Crazy Nigger  - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Un concert rare avec des interprètes hors pair. Chacun a son style de jeu, mais tous sont impressionnants et l'ensemble est cohérant. Et l'occasion exceptionnelle pour ce musicien mort oublié (même l'annonce de sa mort n'a eu lieu que huit mois après son décès - et ses oeuvres pour certaines ont été perdues ou oubliées. Avec Musica, nous avions eu le plaisir de voir ce concert en 2019 à Strasbourg  - il avait aussi été présenté à Metz en 2021 - et également la pièce Femenine (Masculine ayant disparu) le 27 septembre 2020. Mais les occasions sont rares. 

Festival Musica - Julius Eastman - Gay Guerilla  - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Merci donc à Musica, à la Cité Musicale et au Centre Pompidou-Metz de nous avoir permis de revivre cet événement. 


Une histoire du piano minimaliste suite et fin avec Nicolas Horvath et Wilhem Latchoumia

Nous revenons à l’Arsenal dans la salle de l’Esplanade, tout à fait adaptée pour les concerts de piano minimaliste avec sa superbe acoustique. C’est Nicolas Horvath qui débute l’après-midi à 15h00 avec une création française (presque mondiale parce la première interprétation s’est faite lors d’un concert privé au Japon), celle de Chasing Satie (2024) de Terry Riley. 

Festival Musica - Piano Minimaliste - Nicolas Horvath - Photo: Robert Becker

C’est une pièce en dix mouvements qui dure presque trois quarts d’heure et démarre comme une improvisation de jazz. Le rythme est lent en introduction, quelques répétitions, on y devine quelques touches et mélodies à la Satie, puis une montée en puissance suivie de notes délicates dans les aigus. 

Festival Musica - Piano Minimaliste - Nicolas Horvath - Photo: Robert Becker

De nouveaux accords dans les graves et la musique se met à tournoyer, le mouvement se fait plus énergique. Une énergie se construit et se répète avec des variations. Puis une envolée rapide, aux doigts agiles, un court tourbillon et à nouveau un calme généreux, presque romantique, rêveur. 

Festival Musica - Piano Minimaliste - Nicolas Horvath - Photo: Robert Becker

Cela repart en ponctuation fortes comme un finale mais la train se ralentit, un air calme, serein, se dessine et nous emmène sur un autre chemin où le paysage change, reposant, face à l’horizon qui s’élargit. Et c’est reparti pour une nouvelle course et une nouvelle pause, la dernière (note).  

Festival Musica - Piano Minimaliste - Nicolas Horvath - Photo: Robert Becker

En remerciement de l’enthousiasme du public, Nicolas Horvath nous gratifie d’un bis, une très belle étude de Philip Glass.


La dernière session du piano minimaliste avec Wilhem Latchoumia est vraiment un voyage dans le temps, à la rencontre des pionniers de ce style de composition. Il nous ramène en 1912 avec Henry Cowell (qui fut professeur de John Cage). Avec First Irish Legend – The Tides of Manaunau le jeu est assez spectaculaire, avec l’avant-bras plaqué sur le clavier, des appuis larges et le jeu avec le tranchant de la main assez violent. 

Festival Musica - Piano Minimaliste - Wilhem Latchoumia - Photo: Robert Becker

La deuxième pièce, Jazz Sonata (1922) de George Antheil, comme son nom le laisse deviner, nous découvrons une pièce jazzy, super rapide où Wilhem Latchoumia a les doigts plus rapides que les notes. Suivent des Préludes (1 à 3 pour commencer) de Ruth Crowforth, minimaliste et calme pour le premier, enlevé et vigoureux pour le deuxième et doux et mystérieux – une rêverie – pour le troisième. 

Festival Musica - Piano Minimaliste - Wilhem Latchoumia - Photo: Robert Becker

Le Tango (1983) de Colon Nascaro qui suit est en pièces détachées et les Préludes de Ruth Crowforth qui suivent (4 et 6) sont toujours aussi mystérieux. Le Set of five take-offs de Charles Yves nous ramène en 1906 avec une musique caractéristique u début du XXème Siècle que Wilhem Latchoumia de manière totalement impliqué, engagé, la troisième étant aussi pleine de rêverie. 

Festival Musica - Piano Minimaliste - Wilhem Latchoumia - Photo: Robert Becker

Après la série 6 à 9 des Préludes de Ruth Crawford qui closent le cycle avec ces mélodies simples et graves, nous avons droit à son Piano Study in mixed accents super rapide et très court. 

Festival Musica - Piano Minimaliste - Wilhem Latchoumia - Photo: Robert Becker

Et pour clore le programme, Simone’s Lullaby (1994) de Terry Riley qu’il a composé pour sa fille, nous avons une mélodie enchanteresse qui ressemble à un air de boite à musique à la Casse-Noisette qui tourne et continue presque jusqu’à l’effacement. 


La Fleur du Dimanche


* Pour le programme du vendredi, c'est là: Mirlitions

Samedi c'est ici : Samedi en sept étapes 

Et là pour la danse c'est une page spéciale Rosas au Centre Pompidou

Et dimanche vous y êtes !

samedi 5 octobre 2024

Musique et Danse: avec Musica et de Keersmaeker le minimalisme n'a pas de frontière

Le Week-end Musica, festival de Musique contemporaine qui s'exporte à Metz (voir le billet Week-End Musica) fait aussi étape au Centre Pompidou-Metz avec une série de concerts autour du "Minimalisme". Et, heureux hasard, en parallèle à l'exposition "La Répétition", qui se termine le 27 janvier 2025, le spectacle Rosas danst Rosas - en fait le deuxième mouvement (20 minutes) de la pièce (qui fait cent minutes) - est montré plusieurs fois ce week-end.


Festival Musica - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker

Festival Musica - Centre Pompidou Metz - Photo: Robert Becker


Ce qui est tout à fait à propos puisque la musique de ce spectacle a été créée par Thierry De Mey et Peter Vermeersch. Une musique répétitive minimaliste mais désignée par eux comme maximaliste. Thierry De Mey a, dans le passé participé à quelques éditions du Festival Musica. 

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Effectivement la musique est un puissant moteur pour cette chorégraphie qu'Anne Theresa de Keersmaeker (une de ses premières) avait créée en 1983, à la fondation de sa compagnie Rosas. 

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Elle donne toute l'énergie à ces quatre danseuses, assises chacune sur une chaise, dans des rangées de trois (sauf la dernière de deux) et qui vont faire en synchrone ou en diachronie des mouvements simples avec le haut de leur corps, leurs bras ou leur tête, des gestes familiers mais totalement déconnectés. 

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Cette répétition décalée à la fois dans l'espace et le temps, à laquelle s'ajoutent ces sourds battements de la musique, résonne en nous comme une cérémonie hypnotique, jusqu'à l'épuisement.

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker

Les gestes sont des gestes féminins, du quotidien, de protection ou de tendresse, mais aussi d'abandon et sous-tendent aussi une certaine violence. Une pause allongée sur les chaises ponctue et interrompt momentanément ce qui peut s'apparenter à une sorte de folie.

Centre Pompidou Metz - Rosas danst Rosas - Anne Teresa de Keersmaeker - Photo: Robert Becker


A suivre ici pour le samedi
Et pour le dimanche....


La Fleur du Dimanche