Marie Cheyenne, si elle s'appelle comme cela, c'est qu'elle est une guerrière, une guerrière avec une crinière, mais une guerrière qui chante. Vous l'avez peut-être déjà entendue, elle écume les scènes en Alsace (Strasbourg, Schirmeck, Oberhausbergen, Sélestat, Illkirch, Vendenheim, Illkirch, Wintzenheim,...) , même si ces derniers temps elle tourne plutôt dans le reste de la France. Alors, l'attraper à Drusenheim au Pôle Culturel, il faut le faire, il faut être un peu cow-boy et garder l'esprit joueur. Et l'esprit joueur elle l'a aussi. Mais pas seulement, parce qu'en plus de l'humour, elle a un sacré esprit critique. Mais surtout, elle est superbement servie par sa voix.
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Marie Cheyenne - Pôle Culturel Drusenheim - Photo: Robert Becker |
Non seulement elle arrive à chanter en montant très haut dans les octaves, on pense des fois à Barbara, mais elle arrive aussi à faire des vocalises, à susurrer ou à chanter très vite, si vite qu'on n'a plus le temps de comprendre les paroles. Mais rassurez-vous, pour elle, les paroles sont importantes et, sauf pour ce numéro virtuose, elles sont toujours compréhensibles. Oui, les paroles sont importantes, parce que souvent les chansons sont bourrées d'humour, au premier ou au deuxième degré, quelquefois elles sont aussi engagées, mais pas chiantes pour autant, et elle sait même chanter des chansons à double sens, comme celle du tiramusi, (Plaisir coupable) une description suggestive de plaisirs solitaires. Et c'est un challenge réussi de sa part de la chanter juste après une chanson qu'elle a écrite avec une classe de primaire de l'école Jacques Gachot de Drusenheim avec le formidable engagement de l'enseignante. Elles ont fait fort parce que pendant ces deux mois de travail avec les élèves, Marie Cheyenne a même réussi à en créer deux avec la classe. Deux chansons qu'ils ont donc aussi interprétées sur scène.
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Marie Cheyenne - Pôle Culturel Drusenheim - Photo: Robert Becker |
Même que les élèves sont revenus la chanson des Cowboys et des Indiens, une chanson pas facile mais qu'il ont chantée sans difficulté (certain(e)s l'ont même chantée intérieurement - ils ne devaient chanter que le refrain. La première chanson qu'ils ont écrite est très touchante, elle parle de leur désir d'avoir un jardin secret, la deuxième est plus rigolote et parle de leurs peurs d'enfant et leur permet de les mettre à distance. Les enfants sont vraiment formidables, et l'on imagine que certains ou certaines se sont trouvé une vocation à les voir sur scène chanter et bouger.
Marie Cheyenne, c'est sûr, elle, a cette vocation chevillée au corps et elle se bat pour la cultiver, se moquant des obstacles, comme lorsqu'elle a sorti son premier disque en pleine pandémie en 2020. Et l'on imagine que le deuxième disque Enfermés dehors sorti il y a un an et qui a donne son titre au spectacle est une sorte de révolte par rapport au confinement, une sorte d'appel à sortir en brisant les barrières que chacun(e)s pourrait trouver sur son chemin.
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Marie Cheyenne - Pôle Culturel Drusenheim - Photo: Robert Becker |
Pour ce qui est du reste du tour de chant, celui-ci est vraiment très varié en style, puisque cela commence par de la musique dansante qui parle du Bal perdu, et suivent d'autre rythmes de danse, que ce soit la valse ou le tango et une, mélange de swing et de rock-an-roll. Les chansons sont souvent bien rythmées et la mélodie, accrocheuse sert aussi le message, engagé, mais pas triste, quelquefois avec de l'autodérision, comme Une Chanson formidable (agréable, irréprochable, interminable,...) ou cette chanson (Quand on vous aime comme ça) sur le prince charmant et la vie qui va avec, qui raconte sous couvert de conte de fée, une histoire malheureusement beaucoup plus déceptive, si ce n'est franchement tragique. L'histoire est racontée, avec verve, humour pince-sans-rire et entrain. Une chanson tout à fait de circonstance la veille du 8 mars, mais qui est d'actualité tous les jours de l'année. Elle fait aussi un hommage aux Beatles avec Demain où elle prouve qu'elle peut autant chanter en anglais que la nostalgie et la joie. Après avoir fait revenir sur scène les enfants pour C'est quand qu'on mange, elle tente d'embaucher les adultes avec une chanson d'Aristide Bruant Les Canuts, une chanson de combat. Elle est tout autant à l'aise avec sa flûte en interprétant un air de Brassens, un de ses inspirateur, que pour construire des boucles avec percus des doigts, guitare, voix pour mieux impliquer le public et faire les présentations de son équipe grâce à laquelle elle réussit à nous enchanter - et réfléchir - avec son spectacle.
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Marie Cheyenne - Pôle Culturel Drusenheim - Photo: Robert Becker |
La soirée s'achève par un bis où, seule avec un tambourin, elle interprète a cappella et avec coeur une très belle et poignante version du Déserteur de Boris Vian pour couronner cette soirée pleine d'émotions de toute sortes.
La Fleur du Dimanche