Blog culturel sur les Arts: littérature, danse, théâtre, musique, classique ou contemporaine, jazz, concerts, Arts plastiques, expositions, et des photos de fleurs.
vendredi 28 janvier 2022
The Lulu Projekt au TAPS: Faire le mur avant la chute
jeudi 27 janvier 2022
Biface de Bruno Meyssat au TNS: des images mentales coup-de-poing sur la conquête du Mexique
Le sous-titre de la pièce de Bruno Meyssat Biface présentée au TNS jusqu'au 3 février précise "Expériences au sujet de la Conquête du Mexique 1519-1521". Vous êtes prévenus, à moins que vous n'ayez déjà vu des pièces de Bruno Meyssat (celles et ceux qui ont vu "Observer" ou "20 mSv" en 2012 ou 2019, ou d'autres pièces ailleurs). Bruno Meyssat est un fabricant d'images mentales à partir d'une source documentaire.
Biface - Bruno Meyssat - TNS Strabourg |
Mais ce n'est pas du reportage, du documentaire "brut", il nous fait vivre ce dont il parle, il nous englobe dans une histoire, dans des séquences qui nous mettent en situation, dans l'ambiance par la magie du théâtre avec tous ses moyens,... la lumière, le décor et les objets, les costumes et accessoires et le jeu des acteurs, les textes sous toutes les formes, tout cela nous invite à nous immerger dans une narration à ne pas prendre au pied de la lettre. Il y a une certaine proximité avec le Théâtre du Radeau de François Tanguy - les répétitions ont eu lieu à la Fonderie au Mans chez eux - mais la démarche de Bruno Meyssat va plus vers à la fois la charge "historique" ou symbolique des objets qui vont se retrouver sur scène et le travail de documentation très poussé qu'il demande aux acteurs avant le travail de création-improvisation - ils ont lu chacun(e) les textes sur ces événemetns traités (les rapports envoyés à Charles Quint par Hernán Cortés "La conquête du Mexique" et les récits de cette campagne par un militaire de cette armée, Bernal Díaz del Castillo "Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle Espagne", mais aussi les Récits aztèques de la Conquête [choix de récits effectués par Georges Baudot et Tzvetan Todorov, ou des témoignages de survivants dans Histoire générale des choses de la Nouvelle-Espagne avec entre autre un poème du Roi Nezahualcoyotl des textes traditionnels dans "Témoignages de l’ancienne parole" traduits du nahuatl par Jacqueline de Durand-Forest. Ce travail ne porte pas sur les textes mais, en partant d'eux, sur des états mentaux, des "remontées de préoccupations, de rêveries, de hantises nées à l’occasion de la découverte des faits exposés par les textes, ... convocations de mémoires, de sensations et d’émotions,.." dont le résultat va être organisé par le metteur en scène avec tous les éléments scénique.
Biface - Bruno Meyssat - TNS Strabourg |
Et, alors qu'il disait dans "20 mSv" "La réponse est dans la question", pour "Biface", Bruno Meyssat nous prévient en disant "Il ne faut pas occulter la complexité puisqu'elle est toujours là". A ce sujet, nous pouvons déjà essayer de lire le titre non pas seulement comme ce qui a deux faces et qui peut s'opposer, mais aussi, comme le dit le substantif comme un outil préhistorique, une arme ancienne, un coup-de-poing. Donc que ce qui pourrait s'opposer à l'autre peut aussi s'opposer en soi, telles les actions des conquistadors qui après avoir célébré la superbe ville de Mexico, vont la mettre à terre, la brûlant et la démolissant un peu plus tard. De même, les relations des envahisseurs et des autochtones, se congratulant et se haïssant tout à tour, l'extermination succéde à la fascination. A ce propos, Bruno Meyssat fait un parallèle contemporain à cet "exterminisme" avec les exactions nazies, en convoquant Peter Sloterdijk et Hugh Thomas, un historien britannique.
Biface - Bruno Meyssat - TNS Strabourg |
Nous aurons donc sur scène, avec les quatre comédiens, des séquences qui vont nous faire ressentir au plus intime des situations nous impliquant, nous immergeant dans des états proche de ce qui est convoqué, l'écriture graphique des Aztèques, les combats, les tortures, les combats, la soumission, la douleur et la mort, la découverte de l'autre, du monde, les marches conquérantes, les destructions, les cérémonies et les prières, les face-à-face, l'évangélisation,... Et ce seront toute une série d'objets-symboles ou rituels qui serviront de support à l'imaginaire (tapis, tronc calciné, poutre, épée, masque, fer à cheval ou queue de cheval, clochettes, cloche, globe, échelle, armure, casque, fauteuil roulant, croix, coiffe de procession, os, étau, matelas,...). Cet "assemblage" crée une atmosphère subtilement soutenue par un très judicieux choix musical mêlant la musique classique et contemporaine (Manuel De Falla, Scelsi, Webern, Ohana, Webern, Hindemith,..) ou jazz (Keith Jarrett, Morton Feldman, ...) que des airs traditionnels ou d'époque.
Biface - Bruno Meyssat - TNS Strabourg |
Tout cela faisant un beau mille-feuille dans lequel nous pouvons creuser avec notre mémoire archéologique pour essayer de mieux comprendre ce qui a pu se jouer à l'époque et quels en sont les échos et traces encore aujourd'hui.
La Fleur du Dimanche
au TNS du 26 janvier au 3 février 2022
Assistanat à la mise en scène Élisabeth Doll
Scénographie Pierre-Yves Boutrand, Bruno Meyssat
Son Étienne Martinez
Lumière Romain de Lagarde
Costumes Robin Chemin
Régie générale Romain de Lagarde
Production Théâtres du Shaman
Avec le soutien de l’Institut français de Paris
Avec le soutien en résidence de la Fonderie au Mans, du Cube-Studio Théâtre d’Hérisson
Avec la participation artistique de l’ENSATT
Avec le soutien du dispositif d’insertion de l’école du TNB, de la SPEDIDAM
Avec des extraits d’œuvres musicales de Giacinto Scelsi, Anton Webern, Keith Jarrett, Maurice Ohana, Lucas Ruiz de Ribayraz, Paul Hindemith, Salvatore Sciarrino, Morton Feldman, Manuel De Falla.
Spectacle créé le 9 juin 2021 à la MC2: Grenoble
mercredi 26 janvier 2022
An immigrant's story de Wanjiru Kamuyu: L'année commence bien avec elles
Il suffit d'être patient(e), tout finit par arriver... Malgré les surprises et les chausse-trappes du virus qui ont un peu chamboulé la manifestation de début d'année de Pôle Sud "L'année commence avec elles", quelques-unes tiennent bon. Il faut dire qu'elles en ont vu d'autres...
An immigrant's story - Wanjiru Kamuyu - Pôle Sud - Photo: Pierre Planchenault |
Oui, Wanjiru Kamuyu en a vu, des villes, des pays, des gens, des situations et des questions, des horizons. Et des danses, qu'elle nous présente dans toutes leurs variations dans ce spectacle An immigrant's story, tout en interrogeant ce statut de migrante, avec des domiciles mouvants et variables, des repères qui n'arrêtent pas de bouger... Comme elle et son corps qui bouge aussi différemment, qui pratique de multiples variations de danse, de la classique dans sa jeunesse au Kenya, à la contemporaine et même au Butô, de New-York à la Floride, de Paris à Madrid, d'Amsterdam à Londres, de Grenoble au Burkina Faso, de Bordeaux en Afrique du Sud.
An immigrant's story - Wanjiru Kamuyu - Pôle Sud - Photo: Pierre Planchenault |
Et son spectacle est imprégné de ces mouvements. Introduits par toutes ces langues qui se superposent sur scène avant que, dans le noir complet elle nous chante un air ancestral, elle laisse parler le corps, magnifiquement, dans son manteau orange, puis dans une autre avec des bandes-lanières qui virevoltent autour d'elle alors qu'elle tourne comme une derviche, puis mue encore en laissant sa peau à terre et continue sur sa dynamique pleine d'énergie.
An immigrant's story - Wanjiru Kamuyu - Pôle Sud - Photo: Pierre Planchenault |
Et accueille une autre partenaire, Nelly Celerine, à la fois danseuse mais surtout interprète en langage des signes, qui va, en traduisant pour un public malentendant le récit que nous fait Wanjiru de ses périples et le récit de ses expériences, mais aussi les questions qu'elle pose au public, puisqu'elle nous inclut dans son spectacle et nous rend visite dans notre confort de spectateur bien assis. Et le spectacle continue, chacune dansant sa langue, son expression, se retrouvant de temps en temps dans de beaux duos plus ou moins improvisés, par lesquels la relation se fait, se construit et le lien avec le public aussi, et avec toutes ces paroles des autres, des étranges étrangers.
La Fleur du Dimanche
Wanjiru Kamuyu
25 et 26 janvier 2022 à 19h00 à Pôle Sud CDCN
Interprétation : Wanjiru Kamuyu et Nelly Celerine (danse et LSF)
Dramaturgie et direction de production : Dirk Korell
Auteure : Laetitia Ajanohun
Musique originale : LACRYMOBOY
Avec les voix de : Laetitia Ajanohun, Jean-François Auguste, Wanjiru Kamuyu, Dirk Korell, Pascal Beugre Tellier, Smaïl Kanouté, Crystal Petit, Sibille Planques
et les témoignages de : Tout-Monde
Coach en LSF : Carlos Carreras
Regard extérieur et coaching : David Gaulein-Stef
Réalisation audiodescription : Julie Compans – Accès Culture www.accesculture.org
Costume : Birgit Neppl
Création lumière : Cyril Mulon
Scénographie : Wanjiru Kamuyu et Dirk Korell
Stagiaire : Yvan-Loïc Kamdem Djoko
Remerciements chaleureux à : Robyn Orlin et à Jean Gaudin
mardi 25 janvier 2022
Les Oiseaux de Walter Braunfels à l'OnR: La nostalgie de l'amour du Rossignol
Cent ans pour voir en France une oeuvre majeure en son temps en Allemagne, c'est le temps qu'il a fallu pour qu'enfin, Les Oiseaux de Walter Braunfels soit présentée à l'Opéra National du Rhin à Strasbourg dans une mise en scène de Ted Huffman. La pièce, dont la composition avait commencé avant 1914 et qui s'est continuée pendant la guerre pour s'achever en 1919 fut créée sous la baguette de Bruno Walter à Munich. Elle eut un grand succès, ailleurs en Allemagne aussi (sauf à Berlin). Mais l'opposition de Braunfels au régime nazi (il a refusé d'écrire un hymne pour le parti) alors qu'il était directeur du conservatoire de Cologne, et comme son fichage comme "demi-juif" (sa mère était catholique et il s'est converti après la guerre) lui ont valu une destitution de ses fonctions et l'ont amené à un "exil intérieur" sur les bords du lac de Constance jusqu'après la guerre. Cette période-là ne lui a pas été plus favorable, puisque même renommé directeur du conservatoire de Cologne par Adenauer, ses oeuvres n'ont plus vraiment été jouées avant que le label Decca n'enregistre en 1996 Les Oiseaux dans une collection intitulée "Entartete Kunst" (Art dégénéré) avec des oeuvres qui avaient été mises au ban par les Nazis.
Les Oiseaux - Walther Braunfels - Ted Huffman - Opéra Nationa du Rhin - Photo: Clara Beck |
La pièce Les Oiseaux, une "comédie lyrique et fantastique" est adaptée, au moins pour la première partie sur la comédie d'Aristophane (-444 avant JC) et conte l'histoire à la fois nostalgique et fantastique de deux compères (Bonespoir et Fidèlami) qui décident de quitter la ville pour rencontrer les oiseaux. L'un, Bonespoir, rêve d'une histoire d'amour et l'autre, Fidélami est déçu de l'évolution des mentalités des gens de la ville ("Je ne pouvais plus supporter de voir l'art, l'art noble être dénaturé sur cette terre."). Il vont, par l'intermédiaure de La Huppe, un humain qui a également rejoint les oiseaux auparavant, rencontrer le Rossignol pour proposer aux oiseaux de redevenir les maîtres de la Terre en construisant une ville, un mur séparant les humains des dieux et ainsi, leur enlever aux deux le pouvoir. Fidélami réussit à devenir le maître des oiseaux tandis que Bonespoir tente de vivre un amour avec le Rossignol. Malgré la mise en garde de Prométhée, ils vont subir les foudres de Zeuss et tout va revenir à l'ordre précédent. L'un retournant à la routine quotidienne, tandis que l'autre, Bonespoir continuera à nourir son rêve et son espoir romantique.
Les Oiseaux - Walther Braunfels - Ted Huffman - Opéra Nationa du Rhin - Photo: Clara Beck |
La pièce, et la musique sont effectivement d'influence romatique, Wagner et Berlioz ne sont pas loin dans l'inspiration, et l'on peut se demander si elle ne porte pas un petit parfum de prophétie dans son idéal de nation forte et nostalgique d'une puissance ancienne restaurée - bien que remise à terre et soumise aux ordres millénaires des Dieux. La composition est très riche et intéressante et l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg, sous la direction du jeune chef Aziz Shokakimov qui vient d'arriver à sa tête drécemment, en offre une très belle interprétation. Les rôles féminins - Marie-Eve Munger pour le Rossignol, Julie Goussot pour le Roitelet, Simonetta Cavalli pour une Grive - et masculins - Tuoma Katajala pour Bonéspoir, Cody Quatttlebaum pour Fidélami, Josef Wagner pour Prométhé et Christoph Pohl pour la Huppe, sont bien équilibrés et les voix sont d'une grande qualité.
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Les Oiseaux - Walther Braunfels - Ted Huffman - Opéra Nationa du Rhin - Photo: Clara Beck |
Le parti-pris scénographique de Ted Huffmann avec les décors gris-souris des bureaux d'Andrew Lieberman et les costumes volontiers pastels de Doey Luthi qui prennent un peu de couleurs pour le deuxième acte nous plongent dans un monde une peu froid de fin des temps démoralisant. La surprise de mise en scène de la fin est bienvenue même si l'humour est un peu "jaune" et acide. Mais globalement la pièce est une belle réussite et une belle entente entre l'orchestre, les voix et la chorégraphie qui apporte un brin de fantaisie dans le monde un peu fantastique, nous incite à rêver.
La Fleur du Dimanche
du 19 au 30 janvier à Strabourg
Le 20 et 22 févirer à Mulhouse
Aziz Shokhakimov
Sora Elisabeth Lee
Ted Huffman
Andrew Lieberman
Doey Lüthi
Bernd Purkrabek
Pim Veulings
Alessandro Zuppardo
Le Rossignol: Marie-Eve Munger
Bonespoir: Tuomas Katajala
Fidèlami: Cody Quattlebaum
Prométhée: Josef Wagner
La Huppe: Christoph Pohl
Le Roitelet: Julie Goussot
L’Aigle: Antoin Herrera-López Kessel
Zeus: Young-Min Suk
Le Corbeau: Daniel Dropulja
Le Flamant rose: Namdeuk Lee
Les grives: Simonetta Cavalli, Nathalie Gaudefroy
Les hirondelles: Dilan Ayata, Aline Gozlan, Tatiana Zolotikova
Danseurs: Vladimir Hugot, Toon Lobach, Caroline Roques, Jocelyn Tardieu, Gautier Trischler
dimanche 23 janvier 2022
L'enfant et les sortilèges de Maurice Ravel: L'envers du décor se révolte
Maurice Ravel a composé "L'enfant et les sortilèges" en collaboration avec Colette. Le livret s'appelait au départ "Ballet pour ma fille" et était inspiré par la fille de Colette. C'était une commande du directeur de L'Opéra de Paris Jacques Rouché en 1914. Ravel, engagé sur le front ne commence la composition qu'en 1919 et la pièce finale, une fantaisie lyrique ne sera présentée qu'en 1925 à l'Opéra de Monte-Carlo dans une chorégraphie de Georges Balanchine. L'histoire raconte la punition d'un enfant (la mutine Brenda Poupard) qui ne voulait pas faire ses devoirs et sera puni par sa mère et privé de goûter. Mais il va se venger sur les objets: "renverse la théière, étouffe les braises dans la cheminée, déchire ses cahiers, lacère les tentures, détraque une horloge et martyrise un écureuil." Jusqu'à ce qu'un fauteuil dans lequel il se repose se mette à danser et que tout ce beau monde inanimé reprenne vie sous les yeux de l'enfant. L'enfant s'éveille de son conte et replonge dans un jardin extraordinaire où les animaux, - chats, rainettes, libellules, chauves-souris et écureuils - à leur tour lui jouent des tours et lui font la leçon. Pour finir l'enfant s'endort en appelant sa "maman".
L'enfant et les sortilèges - Maurice Ravel - Colette - Emilie Capliez - OpéraStudio de l'ONR - Comédie de Colmar |
La version mise en scène par Emilie Capliez est une version pour piano à quatre mains , flûte et violoncelle retranscrite par Didier Puntos qui est au piano pour la représentation. Cette version allégée permet d'avoir cet "opéra nomade" qui va tourner dans de nombreuses salles en Alsace: Colmar (décembre 21), Strasbourg (janvier 22), Mulhouse (mai 22), Mutzig - 27/01/22, Sainte Marie aux Mines - 29/04/22) et également à Bar-Le-Duc -5/5/22 - dans le Grand Est. Il est évident qu'avec l’oeuvre écrite pour un orchestre normal auquel on a ajouté une flûte à coulisse, des crotales, un fouet, une crécelle, une râpe à fromage, des wood-blocks, un éoliphone (imitation du vent), et un luthéal qui interprètent aussi les "personnages-objets" et qu'on est obligé de transposer et d'imaginer n'a pas la même ampleur que ce mini orchestre de chambre. Car l'orchestre doit aussi faire vivre les meubles et parler les animaux, avec des pastiches de divers styles de musique: un menuet à l'harmonie dissonante pour le fauteuil et la bergère, un rythme de polka pour l'arithmétique, du jazz, une valse, ou une danse espagnole et sarabande néo-classique, tout cela appellerait plus de puissance, même si c'est une oeuvre "intime". Heureusement la distribution avec les artistes de l'Opéra Studio de l'ONR est totalement assurée avec de magnifiques voix et de belles personnalités. Et l'on gagne en proximité avec la scène et les personnages.
L'enfant et les sortilèges - Maurice Ravel - Colette - Emilie Capliez - OpéraStudio de l'ONR - Comédie de Colmar |
Côté mise en scène, le parti-pris d'Emilie Capliez de transposer l'histoire de la maison maternelle dans les coulisses d'une représentation théâtrale peut surprendre, mais elle rend aussi plus plausible - et plus facile - la narration du conte et la représentation chantée des objets; au moins dans la première partie. Bien que dans la deuxième partie, vraiment onirique la féérie revient et l'on peut se demander à posteriori à partir de quel moment l'enfant dort. Mais c'est sans importance puisque nous avons, nous spectateurs été emmené dans un voyage féérique où les moutons dansent, les oiseaux chantent comme l'écureuil qui se blesse et le chats font un duo à la Rossini. D'ailleurs la partition de Ravel est pleine de clins d'oeils à toute une série d'airs et de mélodies et cette variété donne un bel entrain à la pièce. Et au final, nous nous laissons emporter par ce conte et ce rêve d'enfant à la Lewis Carroll.
La Fleur du Dimanche
Transcription, préparation musicale et piano Didier Puntos
Décors Alban Ho Van
Costumes Alban Ho Van, Marjolaine Mansot
Lumières Bruno Marsol
Musiciens de la HEAR : Flûtes Migle Astrauskaite, Noa Berkovitch (en alternance)
Musicien de la HEAR : Violoncelle Octave Diaz (remplacé par Lyazzat Abdullina les 21 et 25 janvier 2022)
L’Enfant: Brenda Poupard
La Princesse, la Chauve-souris: Lauranne Oliva
Le Feu, la Pastourelle, le Rossignol, la Chouette: Floriane Derthe
La Mère, la Tasse chinoise, la Libellule: Liying Yang
La Bergère, la Chatte, l’Écureuil, Le Pâtre: Elsa Roux Chamoux
La Théière, le Petit Vieillard (Arithmétique), la Rainette, le Pâtre: Damian Arnold
L’Horloge comtoise, le Chat: Damien Gastl
Le Fauteuil, l’Arbre: Oleg Volkov
mercredi 19 janvier 2022
Bouger les lignes - La Compagnie de l'Oiseau-Mouche et Trois-6ix-trente au TJP: Vous êtes au bon endroit, le saviez-vous?
Pour connaître le dessous des cartes vous pouvez faire des études de géopolitique ou de géographie, ou de sciences politiques. Vous pouvez aussi faire des études d'histoire. Mais vous pouvez tout simplement aller au théâtre, au TJP et laisser la Compagnie de l'Oiseau-Mouche et Trois-6ix-trente avec Bérangère Vantusso vous faire comprendre d'une manière claire et limpide - alors que cela n'était pas évident à première vue - ce qu'est une carte ou plutôt quelles sont les différentes sortes de cartes et à quels objectifs elles répondent.
Bouger les lignes - Histoire de Cartes - TJP Strasbourg - L'Oiseau Mouche - Photo: Camille Graule, Paul Cox |
Le spectacle "Bouger les lignes, histoire de cartes" va vous promener dans une compréhension limpide de cet outil en vous remettant à votre place (de spectateur(trice) tout en vous distrayant. Le texte et la dramaturgie de Nicolas Doutey totalement intégré par Caroline Leman, Mathieu Breuvart, Florian Spiry et Nicolas van Brabant (classés par taille croissante), comédiens professionnels et en situation de handicap mental nous font alternativement rire, sourire, apprendre, comprendre, nous rendre compte de choses auxquelles nous ne pensions pas et nous démontrent, d'une manière claire comme de l'eau de source à la fois les principes de la cartographie, de la météorologie, de la perspective, des mathématiques, du théâtre, de la philosophie et de la prospective.
Bouger les lignes - Histoire de Cartes - TJP Strasbourg - L'Oiseau Mouche - Photo: Camille Graule, Paul Cox |
Ils nous rendent conscient de l'ici et de l'ailleurs, des concepts de précision et de l'à-peu-près, de la mesure et de la relativité, du jugement de valeur et de l'inclusion, de l'objectivité et de l'affrontement, de la découverte de l'autre et de la possibilité des conflits. Tout cela à travers des dialogues très réalistes et pourtant tendant vers l'absurde (Beckett n'est pas loin), truffés de discrets clins d'oeils et de gags pince-sans-rire qui nous rendent ce quatuor fort sympathique. Il y a un peu du Petit Prince en eux à vouloir nous apprivoiser, nous le public, qu'ils découvrent et intègrent dans le spectacle. A travers une progression très logique de cartes-schémas - très colorées et démonstratives de Paul Cox - qui part d'un "Là" dont on peut se demander où il est d'ailleurs, si ce n'est "Ici" mais où on est arrivé - et là on se demande "comment" on y est arrivé, jusqu'à un voyage dans l'espace où l'on se rend compte que tous ces outils cartographiques (les satellites) servent principalement le commerce (situer le Fast Food le plus proche), on élargit le cercle et l'horizon.
Bouger les lignes - Histoire de Cartes - TJP Strasbourg - L'Oiseau Mouche - Photo: Camille Graule, Paul Cox |
On élargit en même temps le concept de l'évolution - de trouver le chemin à cartographier le trajet - du lieu au lien pour arriver à la frontière - forcément arbitraire - et même au mur - de séparation, questionnant la propriété et la liberté. De petites notations, des remarques qui font prendre conscience de nos présupposés, nos préjugés, nous valeurs et les mettent en question. Et tout cela dans une simplicité et une fausse naïveté qui nous amuse et nous réjouit. Et nous en félicitons les protagonistes qui nous y ont amenés sans nous perdre.
La Fleur du Dimanche
BOUGER LES LIGNES - HISTOIRE DE CARTES
L’OISEAU MOUCHE & TROIS-6IX-TRENTE
Au TJP - Centre Dramatique National - Strasbourg
du 19 au 21 janvier 2022
MISE EN SCÈNE BÉRANGÈRE VANTUSSO
MISE EN PEINTURE PAUL COX
ÉCRITURE ET DRAMATURGIE NICOLAS DOUTEY
INTERPRÈTES DE LA COMPAGNIE DE L’OISEAU-MOUCHE MATHIEU BREUVART, CAROLINE LEMAN, FLORIAN SPIRY, NICOLAS VAN BRABANDT
COLLABORATION ARTISTIQUE PHILIPPE RODRIGUEZ-JORDA
SCÉNOGRAPHIE CERISE GUYON
CRÉATION LUMIÈRES ANNE VAGLIO
CRÉATION SONORE GÉRALDINE FOUCAULT
CRÉATION COSTUMES SARA BARTESAGHI GALLO ASSISTÉE DE SIMONA GRASSANO
DIRECTION TECHNIQUE GREG LETENEUR
lundi 17 janvier 2022
Coeur instamment dénudé de Lazare au TNS: Entre le conte, la légende et l'opéra space, avec de l'amour et de la musique en jouée
Cela commence comme un spectacle de cabaret qui revisiterait le théâtre grec: une brochette de comédien(ne)s, chanteur(euse)s et musicien(enne)s nous accueillent devant une rampe lumineuse pour nous mettre dans l'ambiance, puis, nous assistons à l'origine de la vision actualisée du mythe de Psyché, revu - ou relu - sous l'influence de Molière et de L'Ecole des femmes.
Coeur instamment dénudé - Lazare - TNS - Photo: Jean-Louis Fernandez |
Puis, tambour battant, passant du conte à la poésie - Lazare a le verbe ailé - du mimodrame façon cinéma muet de Georges Méliès à l'air d'opéra et du concert jazz au spectacle de strip-tease, "Coeur instamment dénudé" nous emporte dans un flot furieux, trépidant et cahotant dans cette histoire d'amour, de jalousie, de tromperie, de subterfuge et d'émancipation de la jeune Psyché qui va faire l'expérience de l'amour et de l'indépendance. Les tableaux se suivent mais ne se ressemblent pas, nous sommes à chaque fois surpris par les changements de direction, de traitement, de style et nous nous accrochons, comme Eole à ses ailes pour prendre de la hauteur. Nous assistons aux manigances de Vénus, la mère de Cupidon qui jette un sort à Pshyché, sort qui se retourne contre elle, puisque, alors qu'elle devait tomber amoureuses d'un être abominable, c'est sur Cupidon que se porte son coeur - et son corps. Ce dernier l'emmène en cachette avec l'aide d'Eole dans le Palais Sensuel de sa mère et devient son amant invisible jusqu'à...
Coeur instamment dénudé - Lazare - TNS - Photo: Jean-Louis Fernandez |
Tout n'est que rebondissements, joie et débordements, airs enjoués, danse et acrobaties. Les comédiennes et les comédiens passent alègrement d'un rôle à un autre, interprètent même une lampe ou un couteau, des robots... Une belle énergie habite la pièce qui virevolte en équilibre instable entre les mythes du passé et les visions du futur dans un décor bricolé et inventif. Et la musique, génial liant nous entraîne, de l'air d'amour à un blues langoureux, d'air air de comédie musicale hommage aux Parapluies de Cherbourg à l'intervention de l'Orchestre d'Harmonie des Jeunes de Strasbourg dans cette histoire pleine de bruit et de fureur.
Et on attend la suite avec impatience...
La Fleur du Dimanche
du 11 au 22 janvier 2022 - Attention spectacle à 19h00 (sous réserve)
Texte et mise en scène Lazare*
Collaboration artistique Anne Baudoux
Avec Anne Baudoux, Ava Baya, Laurie Bellanca, Ella Benoit, Paul Fougère, Louis Jeffroy, Loïc Le Roux, Veronika Soboljevski
et le musicien Jonathan Reig
Assistanat général et conseil chorégraphique Marion Faure
Assistanat musical Laurie Bellanca
Musique Vita Nova
Coordonnée par Laurie Bellanca, Veronika Soboljevski
Avec la participation de musicien·e·s amateur·rice·s Salomé Appourchaux, Romain Bicard, Tristan Dalmazir, Elia Desoutter, Julien Ensminger Clara Fruchard, Noémie Huber, Hélène Kormann, Augustin Kriegel, Sofiane Labidi, Carmen Lazaro Sanchez, Nicolas Loubaki, Xavier Marchand, Théo Marion, Maxime Maurer, Chloé Messerlin, Hélène Rigollet, Rémi Schilling, Nicolas Sueur
Créateur son Jonathan Reig
Lumière Kelig Le Bars
Scénographie Olivier Brichet
Costumes Virginie Gervaise
Régie générale Bruno Bléger
Régie Plateau Yoan Weintraub
Régie Lumière Alexandre Rätz
*Lazare est artiste associé au Théâtre National de Strasbourg.
Production Théâtre National de Strasbourg, Vita Nova
dimanche 16 janvier 2022
Le veilleur, la veilleuse: Annie, Brice, Diva, Jean-Jacques, Michel, soyons attentifs aux choses, ne les faisons pas disparaitre
L'année commence par des voeux,.... et des bilans, mais l'année commence aussi par des résolutions et des projets, bons ou ambitieux.
Et puis, le flot d'informations reprend le cours des choses, nous passons de l'une à l'autre, nous sautons presque tellement cela se bouscule...
Non, prenons le temps, le temps de regarder ce qui nous entoure, ce bouquet de fleurs givrées qui nous console de la neige qui n'est pas encore tombée:
Bouquet givré - Photo: lfdd |
Et puis, parlant de veilleurs, disons-nous qu'il faut être attentifs, attentifs à ce qui se dit et qui pourrait, dans le flot de toutes ces phrases qui disent et se contredisent, ce qu'il faut garder, partager. Partager par exemple cette citation de Louise Erdrich, fille d'une mère indienne chipawah et d'un père allemand, qui fait renaître son grand-père, chef de de la tribu de Turtle Mountain qui s'était opposé au "lâchage" des indiens sous prétexte d' "émancipation" dans son livre Celui qui veille (The Night Watchman). Elle dit, ou lui fait dire):
"On a survécu à la variole, à la carabine à répétition, à la mitrailleuse Hotchkiss et à la tuberculose. A la grippe de 1918 et à quatre ou cinq guerres meurtrières sur le sol américain, et c'est à une série de mots ternes que l'on va finalement succomber?"
Je reviens à ces fleurs de noisetier (déjà vues le 1er janvier) qui sont, elles aussi recouvertes de givre:
Noisetier givré - Photo: lfdd |
Les veilleurs nous font repenser à Annie Greiner, et c'est l'occasion de parler d'une sobre et belle exposition hommage (en attendant une plus ample rétrospective - qu'elle mérite) qui a lieu jusqu'au 30 janvier à l'église protestante de la Robertsau, rue Boecklin.
Autre veilleurs que certain ont vus, connus, sur le parvis de la Cathédrale de Strasbourg, Brice Bauer, qui l' "habitait" réellement avec son violoncelle. Et Brice, qui était aussi, et surtout, peintre, dans un tout récent article - portrait - dans le magazine Or Norme de décembre, répond à Véronique Leblanc avec cette phrase prophétique (?): "Je vais revenir au ciel, à la ligne d'horizon, à des oeuvres de cet entre-deux face auxquelles on peut inventer sans être emprisonné par une ambiance."
En honneur à se mémoire, je vous remets une vidéo du temps du confinement où, pour le remplacer, il n'y avait que le vent:
Pour rester dans la musique, un petit clin d'oeil à Jean-Jacques Beneix dont on se souviendra de Diva et de son air de la Wally, l'aria extrait de l'opéra d'Alfredo Catalani qui a marqué le cinéma en 1981.
Et une vue de clématite, givrée elle aussi - Il fait bien moins de 37°2 le matin:
Clématite givrée - Photo: lfdd |
Mais revenons à une autre figure strasbourgeoise qui elle s'est éclipsée tout aussi discrètement qu'elle nous côtoyait dans les salles de spectacle. C'est Michel Apprill, qui, comble de discrétion était passsé du noeud papillon Hermès au col roulé. Il est l'objet d'un hommage dans le magazine Novo N°62 (décembre 2021-Février 2022) par Stéphanie-Lucie Mathern qui avait son anniversaire le jour de la mort de Michel.
A propos de disparition, je vous offre un "extrait" du livre de Jason Mott, L'enfant qui ne voulait disparaître:
Pour en finir avec la partie TVA (Texte à Valeur Ajoutée) et essayer d'aller un peu plus loin dans la réflexion sur la disparition, je vous offre un deuxième extrait, c'est le début de l'article de David Zerbib "Dans un monde désincarné" sur le livre "La Fin des choses" de Byung-Chul Han:
Le titre original allemand du livre est Undinge, Umbrüche des Lebenswelt, littéralement "Absurdités, bouleversements du monde de la vie", Undinge ressemblant aussi à Unsinne - absurdités mais peut aussi être pensé comme "non-choses", "Un", en allemand étant un préfixe privatif devant le terme "Dinge" les choses. Souvenons-nous du superbe film de Wim Wenders "Der Stand des Dinge" - L'état des choses et de la magnifique vidéo de Fischli et Weiss "De Lauf der Dinge" - Le cours des choses. Pour en revenir à Han, il précise aussi que le smartphone et son écran est une "non-chose", trop "lisse". Il devient pour le "Phono Sapiens" un objet narcissique où "les informations sont addictives, et non narratives. Elles peuvent être comptées et pas racontées". Il pense qu'une "Story" de Facebook n'a qu'un rôle d"accumulation de "likes" qu'il appelle "l'amen numérique". Mais, à priori, avec l'art, heureusement, les choses peuvent se réifier et gagner en conséquence.
Cependant, sans aller jusqu'à l'art, vous avez encore la possibilité de regarder, de considérer les choses qui vous entourent et qui sont encore bien matérielles.... Pour vous ancrer un peu dans la réalité. De faire une pause numérique - et non un selfie 'Pose numérique".
Et observons les clématites:
Clématite givrée - Photo: lfdd |
Avec cela je vous dois quelques chansons. Dans l'ordre Rostropovitch avec le concerto pour violoncelle N°1 de Bach:
Barbara, Dis quand reviendras-tu ?:
Et Anna Clendering - Invisible:
Allez, on finit avec la verge d'or, congelée elle aussi:
Verge d'or givrée - Photo: lfdd |
Et en dernière minute, une chanson "nostalgie" avec "Be my Baby" de Ronnie Spector avec les Ronettes, devenu un tube en 1963 et l'un des morceau pop les plus célèbres:
C'est bien sûr en hommage à elle, disparue le 12 janvier 2022 et non à son mentor, producteur et génial créateur de son Phil Spector, qu'elle a épousé en 1968, mais dont elle a divorcé en 1974 parce qu'il était trop violent. Lui est mort le 16 janvier 2021 en prison où il purgeait une peine pour le meurtre d'une hotesse de bar, Lana Clarkson, en 2003.
Bon, 1963 c'est un peu loin, on va retrouver Higelin et Jeanne Cherchal en 2004:
Bon Dimanche
La Fleur du Dimanche
dimanche 9 janvier 2022
Et maintenant, en attendant le bilan de ce que 2021 nous a offert, parlons d'anéantir comme tout le monde
J'ai eu des premières réponses sur ce que 2021 a été pour vous, mais j'en attends encore d'autres.
Envoyez-moi vos vos sentiments, ce qui vous a plu, marqué en cette année et ce que vous vous souhaitez pour cette nouvelle année.
Que prenez-vous de 2021, que jetez-vous ?
Qu'attendez-vous de la nouvelle année qui débute?
Quel évènement, quel livre, quel film, quelle pièce vous a marqué en 2021. Avez-vous un bout de texte que vous souhaitez partager, une chanson découverte l'année passée?
Je partagerai - ou pas - pour les lecteurs du blog et ainsi ouvrir les échanges.
En tout cas, j'attends votre retour. Je compte sur vous!
En attendant voici la fleur du jour:
Fleurs blanches - Photo: lfdd |
Et puis, comme promis, je vais vous parler de Michel Houellebecq et de son dernier roman anéantir, ou plutôt je vais le laisser parler avec Jean Birnbaum pour l'interview de trois pages qu'il y a dans le Monde des Livres du 7 janvier et dont je vous extraits deux passages. Le premier qui concerne l'écriture, ou plutôt les rêves dont il parsème des récits dans son livre. Il en mettait déjà dans ses précédents romans, mais dans ce dernier il y en a beaucoup. Il dit:
"je ne m'intéresse pas trop à Freud, j'ai beaucoup de reproches à lui faire, dit-il, mais je m'intéresse vraiment aux rêves et je suis très content d'en avoir mis autant dans anéantir. Le rêve est à l'origine de toute activité fictionnelle. C'est pourquoi j'ai toujours pensé que tout le monde est créateur, parce que tout le monde reconstruit des fictions à partir d'éléments réels et irréels. C'est un point important. Moi j'écris quand je me réveille. Je suis encore un peu dans la nuit, il me reste quelque chose du rêve. Je dois écrire avant de prendre une douche, en général dès qu'on s'est lavé, c'est foutu, on n'est plus bon à rien."
Jean Birnbaum, en référence avec le dernier livre d'Antoine Compagnon "La vie derrière soi" se pose - et pose la question du "dernier livre": "Peut-on cesser d'écrire?" et Houellebecq met le point final à cette interview de cinq heures:
"Non, la question du dernier texte, je ne me la pose pas du tout. Celle du dernier roman, oui, parce que c'est quand même un effort spécifique, une épreuve physique, vivre longtemps aux côtés d'un personnage, à partir d'un certain âge peut-être que je n'en serai plus capable. Mais cesser complètement, je ne l'envisage pas. Jusqu'au bout 'écrirai des poésies, ou même seulement des pages indignées contre l'euthanasie. Jusqu'à mon lit de mort je griffonnerai des trucs."
Fleurs jaunes - Photo: lfdd |
Allez une petite chanson (avec le début des paroles) et la petite histoire qui en est à l'origine:
Et maintenant de Pierre Delanoé, chantée par Gilbert Bécaud:
« Et maintenant que vais-je faire, De tout ce temps que sera ma vie, De tous ces gens qui m'indiffèrent, Maintenant que tu es partie, Toutes ces nuits, pourquoi pour qui ?, Et ce matin qui revient pour rien, Ce cœur qui bat, pour qui, pourquoi ?, Qui bat trop fort, trop fort... »
Le site de l'INA qui en propose une autre version en dévoile l'origine de cette chanson ont été écrites en une journée par Pierre Delanoë. Celui-ci a révélé à L'Express en 2005la genèse de ce titre né d'un immense chagrin d'amour:
"En 1961, Gilbert Bécaud rencontre sur le vol Paris-Nice une actrice, Elga Andersen, qui se rend chez son fiancé. Le lendemain, ils rentrent par le même vol, mais elle est décomposée. Son histoire d'amour s'est finie dans la nuit. Bécaud lui propose de prendre un petit déjeuner chez lui, dans sa cabane en bois du Chesnay (Yvelines). À un moment, elle s'est appuyée au piano en murmurant : « Et maintenant, qu'est-ce que je vais faire ? ». Il m'a appelé en me disant : « J'ai un début ». La chanson s'est écrite dans la journée. On a tout de suite compris que c'était un bon titre. De là à imaginer un tel tube. C'est amusant, l'histoire d'une chanson, non?"
Et un succès international:
Avec Elvis Presley:
Sarah Vaughan:
Sony and Cher:
Et pour finir, le beat continue avec eux: The beat goes on!
Bon Dimanche
La Fleur du Dimanche
dimanche 2 janvier 2022
2 janvier 2022: Qu'avez-vous fait en 2021 - de quoi vous souvenez-vous? Qu'attendez-vous de 2022?
En ce dimanche d'après samedi férié, vous faites un bilan ... ou pas....
En général on jette un regard en arrière.... et on fait la balance, on prend, on jette... Et vous ?
Que prenez-vous de 2021, que jetez-vous ?
Qu'attendez-vous de cette nouvelle année qui débute?
Eh oui, je vous sollicite et j'attends votre retour.
J'en ai assez de travailler tout seul dans mon coin. Alors je vous demande vos sentiments, ce qui vous a plu, marqué en cette année et ce que vous vous souhaitez pour cette nouvelle année.
Pour vous donner un peu de motivation, je vous offre à butiner les premières fleurs de l'année. Photos garanties du premier janvier de ces chatons - attention à cet insecte butineur:
Noisetier en fleurs - Photo: lfdd |
Et sur cette photo-ci voyez-vous la fleur femelle ?
Noisetier en fleurs - Photo: lfdd |
Eh oui, les fleurs ont aussi un sexe, et donc je vous offre une verge d'or, qui, par contre, elle, dort... ! N'est-elle pas mignone comme une oursonne?
Verge d'or dort - Photo: lfdd |
Et pour vous lancer sur la piste des souvenirs, j'amorce la pompe avec la première page du livre d'Albert Strickler "L'étreinte du vivant", son journal de 2020 où citant en de ses amis dans son premier biellet du premier janvier qui lui dit "J'attends le nouveau tome de votre journal". Il ne savait pas encore que cette année-là il en sortirait deux (le deuxième "Un silence incandescent" étant le journal du confinement du 17 mars au 10 mai 2020) .
Et je vous offre un florilège de citations issues de son "9 avril 2020":
Donnez-moi sur la branche
Un oiseau à aimer
Et l'arbre grandira
Georges Haldas
Il suffirait d'un papillon pour que la prairie se mette à voler
Anne Perier
Et la dernière citation pour vous donner du courage:
Le seul endroit où aller, c'est en nous.
Jacques Charbonne
Alors, la parole est à vous, donnez-moi des titres de livres, ou de films ou de pièces de théâtre, de noms de personnes artistes, peintres, etc qui vous ont marqués, essayez de citer ou de presenter ce qui vous a touché, et je partegerai pour la mémoire commune (et positive) de 2021.
A vos stylos, crayons, appareils photos, claviers, ordinateurs, téléhone pour m'envoyer un puzzle de l'année passée je le partagerai (sauf si vous me dites que ce n'est que pour moi). Mon mail vous le connaissez ( lafleurdudimanche chez gmail.com....).
Au boulot
Bon dimanche
La Fleur du Dimanche