lundi 27 janvier 2025

A la Pokop: To be schieve de Fanny Brouyaux - Le corps sensible

 C'est à la salle de la Popok sur le Campus Universitaire de l'Esplanade à Strasbourg que le Festival L'Année commence avec elles de Pôle Sud se pose pour un spectacle presqu'intimiste: To be schieve or a romantic attempt de Fanny Brouyaux. Tout un programme.

Les spectateurs entourent le plateau à niveau et l'interprète chorégraphe Fanny Brouyaux nous accueille assise au sol, en short habillé noir et chemise bleue, le bout des pieds et des mains peints en argenté et en train de finir avec deux touches bleues sur les lèvres, comme une version froide de la virgule d'un clown blanc.


To be schieve - Fanny Brouyaux - Photo: Stanislav Dobak

En silence elle se lève et commence à faire vibrer et agiter ses doigts, les mains, intériorisant et transformant une musique qui affleure et fait vivre son corps. Les mouvements s'amplifient, les gestes se font plus expansifs avec des jetés de bras vers le ciel. Elle ne mime pas le jeu d'un violon ou d'un piano, elle est le mouvement de la musique et de multiples variations s'enchainent dans le silence tandis qu'elle occupe la scène. 


To be schieve - Fanny Brouyaux - Photo: Stanislav Dobak

Une ambiance de silence habité sous lequel de légers larsens sourdent meublent l'espace puis arrive la musique. Des airs de violon, du Paganini. Tandis que la lumière change. La danseuse se change elle aussi, troquant sa chemise pour une veste noire. Elle se tient droite, la tète au ciel, bouche ouverte dans un cri silencieux. Les trois néons qui éclairaient la scène sont remplacés par des douches blanches qui apportent une lumière violente. La danseuse se met à bouger de manière beaucoup plus expressive, affolée, en pulsations cathartiques, se tordant quelquefois au sol, comme submergée par des émotions, extatique. 


To be schieve - Fanny Brouyaux - Photo: Stanislav Dobak

Le corps en transe s'agite tandis que la musique se transforme aussi, lentement noyée sous du bruit blanc et des pulsations qui recouvrent le violon. La lumière varie, se colore de rouge et la danseuse à terre s'épuise jusqu'au noir. On a l'impression que c'est la fin. Mais elle revient, se plaçant face aux spectateurs après s'être essuyé le maquillage de sa bouche, dans une attitude duelle, entre rire et larmes, inquiétante et quelquefois aimable, puis désespérée. L'émotion atteint un pic. Une vraie "performance". Fanny Brouyaux arrive à nous faire ressentir des sentiments et des sensations avec beaucoup de finesse, à fleur de peau, de la tension à l'attention.  Son corps est telle une corde tendue, bruissante et sonnante.


La Fleur du Dimanche 

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