dimanche 5 janvier 2025

Catherine Ringer à la MAC à Bischwiller: La Volupté de la Vie

 Quatorze ans après la fin des Rita Mitsouko, revoila Catherine Ringer en concert à Bischwiller à la MAC, ou plutôt en spectacle dans L'érotisme de vivre. Il ne faut pas s'attendre au groupe mythique qu'elle avait créé en 1979 avec son compagnon Fred Chichin et les 11 disques et nombreuses chansons dont certaines sont devenues des tubes des année 80 et après, dont Andy ou Le Petit Train. Non, pour cette fois, Catherine Ringer fait dans la sobriété.


Catherine Ringer - L'érotisme de Vivre - Photo: Robert Becker


C'est un piano à queue noir qui nous accueille sur la scène, à gauche, avec Grégoire Hetzel, qui l'accompagne et qui a composé la musique. Il introduit le spectacle, doucement, avec d'agréables mélodies modernes et calmes. Puis Catherine apparaît dans une belle et longue robe rouge feu et n ous interprète, quelquefois en les lisant, quelquefois en les introduisant par de courtes mélodies presque ritournelles, des poèmes ou des pages du journal de la poétesse Alice Mendelsohn. 


Catherine Ringer - L'érotisme de Vivre - Photo: Robert Becker

Celle-ci était professeur de français et n'avait rien publié avant ses 90 ans. Son père est mort en déportation pendant la guerre. Elle et sa mère s'en sont sorties. Elle a écrit dès après la guerre et Catherine Ringer nous lit des extraits de ces feuilles secrètes qu'elle publie à 95 ans en 2022. Rythmées par les dates, ou ponctuées de "sans date" que le public accueille avec des rires, passent les moments de vie, des observations dans la rue, des réflexions sur les observations au fil du temps, la célébration de l'amour, le vrai, le physique, le corps, le sien, celui des autres, découverts, aimés, loués, célébrés dans la joie et le plaisir. Le plaisir de répondre, même à des âges avancés à ses envies de vivre et de partager la douceur et la puissance de la relation. Les mots sont simples, tendres, choisis. On y sent l'amour de l'autre, l'acception de soi. 


Catherine Ringer - L'érotisme de Vivre - Photo: Robert Becker

Le désir pointe, déjà dans la mémoire du salon de coiffure paternel à Paris, où elle, "la fille qui bouillonne" est fascinée par la peau, les sens. La beauté est louée -  "belle, pour toi je suis belle" - les échanges se font par le regard - "à te voir entrer, mes yeux te font l'amour" - mais a distance est vite bannie - "dans nos main dans nos yeux, un seul corps pour nous deux" et le corps de l'homme passe au "tamis de la langue".


Catherine Ringer - L'érotisme de Vivre - Photo: Robert Becker

Il y a beaucoup de tendresse qui passe dans les mots dit et aussi dans ce que l'on peut imaginer, la tendresse et le plaisir sont célébrés, avec joie. La liberté aussi, on sent que les plaisirs sont multiples, les hommes et les relations aussi. Et au fur et à mesure que le temps passe dans les textes, des années cinquante, puis soixante,  même après quatre-vingt, même en maison de convalescence et même dans les années deux mille cette énergie vitale reste forte. Au point de dire "à quatre-vingt-treize ans, il fait avoir la vice de la joie


Catherine Ringer - L'érotisme de Vivre - Photo: Robert Becker

Catherine Ringer assure totalement cette image de femme qui incarne le désir et les sens en joie, elle qui a eu également un vie sans barrières. Sur scène, elle personnifie ce désir dans sa robe rouge, sa natte de côté, complice avec la public, en dialogue avec le pianiste, l'accompagnant un moment sur une mélodie au synthé, le laissant poser des respirations, dansant sur un air de java ou au rythme de la mélodie. Et également en laissant également vivre et se déployer ces morceaux choisis, ces morceaux de vie qui débordent de tendresse et de force et qui posent la femme maitresse de sa destinée et de ses choix. 


Catherine Ringer - L'érotisme de Vivre - Photo: Robert Becker

Les spectatrices, nombreuses dans la salle en prennent de la graine. Ce portrait de femme qui s'assume jusque dans ses vieux jours, posé par petites touches, se construit sur une petite heure pour dire "le temps trop court" dans la joie, la tendresse et le désir. Par la voix unique de Catherine Ringer la joie de vivre et la volonté de " ne jamais bâcler de vivre" se transmet au public qui ne peut qu'y adhérer. Et y trouver y trouver un réel plaisir. 


Catherine Ringer - L'érotisme de Vivre - Photo: Robert Becker

Plaisir qui se double sous une autre forme, tout aussi agréable quand, en guise de bis la chanteuse offre à la salle trois chansons qui prouvent qu'elle est aussi un grande chanteuse et interprète autant de Mouloudji  "Marcel"  quand il célèbre la rencontre dans "Un  jour tu verras" de circonstance. 


Catherine Ringer - L'érotisme de Vivre - Photo: Robert Becker

Egalement dans l'esprit du spectacle, la chanson de Georges Brassens "Je me suis fait tout petit" et bien sûr, tout honneur au groupe Les Rita Mitsouko, la chanson fort à propos "Triton".

On ne peut pas dire que cela se termine pas par une "queue de poisson"....

Alors je vous offre en prime le clip original:




La Fleur du Dimanche


P.S. Une pensée à Alice Mendelsohn qui a célébré la vie, l'amour et la joie et qui s'est éteinte la veille du concert à presque cent ans - elle était née en 1925. Les conjonctions....

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