Ces derniers temps, l'air est chaud, l'atmosphère dans les villes étouffante et l'avenir se profile sous de lourds nuages. Jean-Claude Gallotta avec la nouvelle version de sa pièce emblématique qui l'a installé comme un des chefs de file de la "Nouvelle danse" en France dans les années 1980 apporte un air frais sur la scène. Au diable le pessimisme ambiant, avec Ulysse, Grand Large le chorégraphe grenoblois qui s'était formé chez Merce Cunningham après avoir fait des claquettes et commencé la danse classique à 22 ans (après les beaux-arts) nous offre une "reprise" - mémoire oblige - d'Ulysse en lui adjoignant un prologue où il nous resitue son propos. Et il va se "promener" en grand ordonnateur (qu'il est par ailleurs) dans cette nouvelle version donnée dans cet Agora à ciel ouvert qui était le jardin du couvent des Ursulines et dont cette Rotonde fut une prison pour femmes. C'est donc un hommage à la femme, aux femmes avec cette "histoire d'amour qui ne ressemble à aucune autre" et comme le dit Gallotta "L'Amour c'est de bonne guerre".
Ulysse Grand Large - Jean-Claude Gallotta - Photo Guy Delahaye |
Ce seront dix danseuses et danseurs, en de mignons costumes blancs, qui vont sautiller sur la scène, faisant des traversées, des mouvements d'ensemble tous plus agréables à voir les uns que les autres, sur la musique de Henri Torgue et Serge Houppin, dynamique et entrainante, dans le style des années 80. Après un simulacre de départ où les danseuses et danseurs prennent à jardin, les uns après les autres,la place de celui et celle qui attend de partir et se fait libérer par le suivant, nos allons assister à une heure vingt de purs moments de danse où Gallotta joue sur les trois éléments fondateurs, le rythme, l'espace et le temps, pour nous subjuguer et nous emporter autant par de petits gestes délicats que par l'énergie des mouvements d'ensemble.
Ulysse Grand Large - Jean-Claude Gallotta - Photo Guy Delahaye |
Les entrées et sorties s'enchainent, sportives via les petites portes sur le côté, les duos et double duos, les portés et les arabesques, les solos et les traversées, les sauts et les petits pas, et même les marche en arrière ou les mouvements par vagues qui submergent tout, les courses et les chutes s'enchainent dans un belle dynamique. Les dix danseuses et danseurs sont magnifiques, leurs gestes précis et généreux. Et l'arrivée, de temps en temps du "capitaine" qui "favorise" une entrée, "amorce" un mouvement, "accompagne" un duo ou tout simplement déambule sur la scène pour "apprécier" son oeuvre, amène à la fois une touche de nostalgie, ou d'humour, ou de bienveillance ,ou même d'autodérision.
Ulysse Grand Large - Jean-Claude Gallotta - Photo Guy Delahaye |
En tout cas le "vieux" maître (il a tout de même 73 ans) à l'image de son inspirateur Cunningham (qui a dansé presque jusqu'à 90 ans) nous a offert ce soir avec la jeunesse de sa troupe un vent frais qui soufflait sur la danse et sur cette chorégraphie qui porte bien ses quarante et quelques années et à qui on souhaite encore bon vent, maintenant qu'elle est inscrite au "répertoire".
La Fleur du Dimanche
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