vendredi 24 juin 2022

Au Festival de Froville, les Méditations entrelacées par les Surprises avec Louis-Noël Bestion de Camboulas

 Le Festival de Musique de Froville  qui fête cette année ses vingt-cinq ans d'existence propose un programme riche et éclectique avec de nombreuses perles égrenées sur six semaines de manifestation. Pour ne citer que les spectacles déjà complets: Chistina Pluhar et ses chansons napolitaines le 21 mai et Jakub Joseph Orlinski avec Eroe2 le 27 juin. Gageons que le concert avec Patricia Petibon et l'ensemble Amarilis pour Flammes de Magiciennes (avec la participation de Floriane Hasler, lauréate 2021 du Concours International de Chant Baroque de Froville) le sera aussi le 2 juillet. Pour ce qui est du reste des concerts, la petite église romane dont la construction a commencé en 1080 et dont l'acoustique est remarquable, est souvent presque pleine. La proximité des interprètes avec le public et la qualité acoustique de la nef est un vrai bonheur. Et l'on n'est pas surpris que les spectateurs viennent de loin, beaucoup de Nancy (un service de bus permet un voyage agréable sur la trentaine de kilomètres), mais aussi de plus loin, aussi d'Allemagne ou du Luxembourg.


Festival de Froville - Les Surprises - Louis-Noël Bestion de Camboulas - Photo: lfdd

Pour la soirée Méditations de la soirée du 24 juin, l'ensemble baroque  les Surprises (nommé ainsi en référence à la pièce de Rameau "Les Surprises de l'Amour"), fondé par Louis-Noël Bestion de Camboula  avec Juliette Guignard propose un programme qui déroule les Méditations pour le Carême de Marc-Antoine Charpentier (16433-1704), une série de dix  pièces pour trois voix d'homme - Paco Garcia haute-contre, Clément Debieuvre, taille (qui correspond à un ténor grave ou baryténor) qui prend aussi des passages de haute-contre) et Etienne Bazola, taille (Basse chantante) accompagnés de Juliette Guignard à la viole de Gambe et Etienne Galetier au théorbe et Louis-Noël Bestion de Camboula à l'orgue. Il assure aussi la direction de l'ensemble. Cette pièce e Marc-Antoine Charpentier a été redécouverte récemment par Louis-Noël Bestion de Camboula dans les archives de la bibliothèque de Sébastien de Brossard (1655-1730), un prêtre, musicologue et compositeur qui a passé un certain temps à Strasbourg (de 1681 à 1698), période où il a rassemblé de nombreuses partitions.  Les trois premiers chants sont l'occasion de poser les éléments de repentance et désolation avant que Jésus n'annonce sa mort prochaine à ses disciples.


Festival de Froville - Les Surprises - Louis-Noël Bestion de Camboulas - Photo: lfdd

Une pièce de Sébastien de Brossard O plenus irarum dies pour basse est l'occasion de constater une belle mise en valeur de cette tessiture dans cette église.


Festival de Froville - Les Surprises - Louis-Noël Bestion de Camboulas - Photo: lfdd

Suit le prélude en ré mineur du premier livre de pièces pour viole de gambe de Marin Marais (1656-1728), une très belle dentelle sonore sur de magnifiques instruments, la viole de gambe et le théorbe.


Festival de Froville - Les Surprises - Louis-Noël Bestion de Camboulas - Photo: lfdd

Retour à Charpentier et ses Méditations avec deux pièces qui nous content l'une la trahison de Judas et la deuxième en écho et en opposition, le reniement de Saint Pierre.


Festival de Froville - Les Surprises - Louis-Noël Bestion de Camboulas - Photo: lfdd

Puis, un Tombeau pour Monsieur de Blanrocher par Johan Jakob Froberger. Célèbre luthiste parisien Charles Fleury, sieur de Blancrocher mourut suite à une chute dans un escalier. Ses amis, Couperin, Gaultier-le-Jeune et Dufaut pour lui rendre un hommage, lui écrivirent un "tombeau", Gaultier et Dufaut au luth et Couperin et Froberger au clavecin. Clavecin que joue Louis-Noël Bestion de Camboula.


Festival de Froville - Les Surprises - Louis-Noël Bestion de Camboulas - Photo: lfdd

Nous continuons avec deux Méditations, l'une sur Pilate et la deuxième avec la Crucifixion de Jésus, l'occasion pour les deux voix hautes d'échanger leur tessiture. 


Festival de Froville - Les Surprises - Louis-Noël Bestion de Camboulas - Photo: lfdd

Une pièce pour théorbe de Robert de Visée, musicien et maître de guitare du roi Louis XIV,  Tombeau pour les demoiselles de Visée nous propose une pièce tout en douceur, presque envoûtante.


Festival de Froville - Les Surprises - Louis-Noël Bestion de Camboulas - Photo: lfdd

Et nous retrouvons Sébastien de Brossard avec un motet pour deux ténors, Salve Rex Christe pour lequel nous avons un se sublime symbiose du duo de chanteurs et où, comme pour le premier motet du même, après une partie plus lente, une partie rapide et virtuose conclut.


Festival de Froville - Les Surprises - Louis-Noël Bestion de Camboulas - Photo: lfdd

Et la vraie conclusion, celle des Méditations nous emmène pour les trois dernières pièces à un Stabat Mater, suivi d'une lamentation de Marie-Madeleine sur la mort de Jésus pour clore avec le récit de la tentation d'Abraham où Dieu lui demande de sacrifier son fils.


Festival de Froville - Les Surprises - Louis-Noël Bestion de Camboulas - Photo: lfdd

Les applaudissements nourris offrent à l'ensemble les Surprises de rejouer un double bis, en l'occurrence le Stabat Mater et la première Méditation, l'occasion de confirmer la superbe qualité vocale des trois chanteurs et de leur unité vocale, ainsi que la magnifique qualité des instrumentistes dans cette soirée d'une très belle tenue et d'une belle unité de ton et d'atmosphère. Une superbe soirée dans un petit bijou sonore. 


La Fleur du Dimanche

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