samedi 25 juin 2022

A Froville au Festival, Stéphanie d'Oustrac passe allègrement de Marin Marais à l'Amant de Saint-Jean en passant par Damia

Suite du Festival de musique sacrée et baroque de Froville avec Stéphanie d'Oustrac et Le Poème Harmonique pour Mon Amant de Saint Jean après les Surprises d'hier.


Festival de Froville - Stéphanie d'Oustrac - Le Poème Harmonique - Photo: lfdd

 De bonnes fées (ou plutôt des bonnes âmes) se sont penchées sur le berceau de Stéphanie d'Oustrac, déjà avant sa naissance. Françis Poulenc et également Jacques de la Presle, illustres musiciens dont elle est arrière-petite-nièce et auxquels elle rend honneur en ayant choisi, plutôt que la carrière de comédienne celle du chant, mais aussi William Christie qui l'a repérée alors qu'elle est encore au Conservatoire et qui lui donne son premier rôle dans Thésée de Lully à 24 ans ou Marc Minkowski dont elle suit l'enseignement, lui permettent de rapidement se frotter à de nombreux seconds rôles avant d'endosser des rôles titre à partir de 28 ans dans des pièces de Rameau, Charpentier, Lully pour le baroque et Bizet (Carmen), Berlioz, Debussy ou Offenbach. Elle ne se cantonne pas à un style et son talent de comédienne ou de tragédienne lui ouvrent un large répertoire. 


Festival de Froville - Stéphanie d'Oustrac - Le Poème Harmonique - Photo: lfdd

Pour cette soirée intitulée "Mon amant de Saint-Jean" qu'elle a conçue avec la complicité de Vincent Dumestre, elle raconter la vie d'une chanteuse faisant le lien avec la Belle Epoque où les chansonnier et les chanteuses avait déjà revisité la musique baroque insérée dans leurs tours de chant. Nous suivons donc les tribulations de cette chanteuse et de ses compagnons musiciens dans leurs tournées où allègrement l'on passe de Marin Marais Monteverdi, Johann Vierdank, Cavalli où Stéphanie d'Oustrac prouve toute la qualité de magnifique chanteuse baroque, à un répertoire de chansons populaires, romantiques ou franchement frivoles ou coquines. 


Festival de Froville - Stéphanie d'Oustrac - Le Poème Harmonique - Photo: lfdd

L'on apprécie ses interprétations totalement incarnées et crédibles, sa voix puissante s'il le faut, sa capacité à passer du Bel Canto au Grand Air ou à la chanson osée qu'elle arrive à nous chuchoter à l'oreille en toute intimité. Le choix des textes est remarquable, bien équilibré, les airs que l'on croit reconnaître, presque des tubes, de belles romances ou des chansons tristes qui nous font essuyer une larme au coin de l'oeil, qu'elles soient anonymes du Moyen Âge comme La Fille du Roi Louis, ou des années folles avec D'elle à lui chantée par Yvette Guilbert, Où sont tous mes amants chanté par Fréhel ou J'ai Perdu ma jeunesse par Damia ou encore Mon Amant de Saint Jean par Lucienne Delyle qui donne son titre au récital ou plus proche avec Les petits pavés chanté par Cora Vaucaire. Elle s'essaye avec brio et virtuosité au yodel avec Les canards tyroliens, chanson humoristique de la fin du 19ème siècle et interprète magistralement et en toute intimité la chanson paillarde de Colette Renard Les nuits d'une demoiselle. 


Festival de Froville - Stéphanie d'Oustrac - Le Poème Harmonique - Photo: lfdd

L'ensemble Le Poème Harmonique sous la direction de Vincent Dumestre (qui joue aussi du théorbe) accompagne avec bonheur ces différentes chansons avec bonheur en faisant le grand écart tout en  finesse, passant d'une musique médiévale à des airs dansants accompagnés à l'accordéon par Vincent Lhermet. Les arrangements de Vincent Bouchot prennent quelquefois des airs très musique contemporaine et l'ensemble avec au violon Fionna-Emilie Poupart et Louise Ayrton, Lucas Peres à la viole de gambe, Pauline Buet au violoncelle et Nicolas Rosenfeld au basson et aux différentes flûtes sait doser la musique pour magnifiquement accompagner ce récital dramatisé. 


Festival de Froville - Stéphanie d'Oustrac - Le Poème Harmonique - Photo: lfdd

Saluons aussi les magnifiques costumes - surtout l'imposante robe dorée de Bruno Fatalo, et les éclairages et la mise en scène de Marie -Lambert-LeBihan qui donne le rythme et la direction à ce tour de chant assez surprenant mais pas dérangeant. Une soirée qui sort une peu du cadre un peu rigide auquel l'on pourrait s'attendre dans un festival baroque, surtout dans une église romane, mais on se laisse volontiers emporter par la fouge, la puissance et l'énergie de Stéphanie D'Oustrac et l'on déguste avec plaisir le bis qu'elle nous offre en reprise de la chanson de Damia que l'on se plait à fredonner sur le chemin du retour en se disant qu'on reviendra...


J'ai perdu ma jeunesse
En perdant ton amour
Pour chasser ma détresse
Il faudrait ton retour
Peux-tu me dire
De vivre et de sourire
Tout oublier, même
Ce merveilleux poème
Que ta tendresse
Au fond du cœur me laisse?
Car sans toi
Rien n'existe pour moi   


La Fleur du Dimanche

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