vendredi 29 septembre 2017

Zad Moultaka à Musica - De Caelis et La Passion selon Marie, Combatimenti: Le Silence monte au ciel

Zad Moultaka, mis à l'honneur de Musica 2017 pour trois concerts, le troisième ce mercredi 4 octobre à l'église Sainte Aurélie, est un compositeur qui interroge notre monde à travers la musique et la voix au-delà des frontières et du temps.

Pour le premier concert avec l'Ensemble De Caelis, ce sera un dialogue par-delà les siècles avec Hildegard von Bingen et les chants qu'elle a composé au bord du Rhin à Disibodenberg dans les années 1150. Chantées a capella par Estelle Nadau, Caroline Tarrit, Eugénie de May, Marie-George Monet et Laurence Brisset, sous la direction de cette dernière, nous entrons dans la beauté de ces perles de "Gemme" dans une ambiance propre à la méditation. 


Musica - Ensemble De Caelis -  Hildegard von Bingen - Photo:lfdd

"O gemme radieuse,
pur éclat du soleil
qui s’est répandu en toi
Source jaillissante du coeur du Père,
Lui qui est son unique parole
Par laquelle il a créé la première matière du monde
qu’Eve a bouleversée"

Musica 2017 - Ensemble De Caelis -  Zad Moutalka - Photo:lfdd


Pour les cinq derniers chants du répertoire, la discrète touche électronique de note portée de Zad Moutalka nous fait monter d'un cran dans la méditation spirituelle et pour Ubi es, qui encadre ces prières, les voix invisibles nous invitent à chercher à l'intérieur de nous-même où nous (en) sommes. Bonne question!


Musica 2017 - Ensemble De Caelis -  Zad Moutalka - Photo:lfdd



Changement de formule, mais pas de registre pour la deuxième soirée consacrée à "La Passion selon Marie" où dans une sobriété de moyens et de sons, Zad Moultaka relit à son tour les Passions (celle de Matthieu de Bach et d'autres textes) en se plaçant du côté de la Mère de Jésus et de sa souffrance humaine, et aussi de son amour maternel et profondément humain:
"Comme il me ressemble,
Celui dont le silence
Parle avec Dieu !"


Musica 2017 - La Passion selon Marie - Zad Moultaka - Choeur les Elements - Concerto Soave - Photo: lfdd


Les instruments baroques du Concerto Soave se marient avec le Choeur de chambre Les Eléments, dirigé par Joël Suhubiette dans une partition sobre mais expressive et le texte en syriaque (araméen), langue d'origine du temps de Jésus nous plonge à travers les siècles dans ce drame.   

Musica 2017 - La Passion selon Marie - Zad Moultaka - Choeur les Elements - Concerto Soave - Photo: lfdd

Maria Christina Kiehr, magnifique soprano qui interprète Marie nous en transmet toute la douceur et la douleur. Et le silence se fait après ses dernières paroles : "Dors mon fils et ne pleure pas".... "Alors on fera silence"


Musica 2017 - La Passion selon Marie - Maria Christina Kiehr - Zad Moultaka - Photo: lfdd



Pour le troisième concert de Zad Moultaka, c'est une soirée de rencontre entre le Nord et le Sud, entre l’Orient et l’Occident, entre le contemporain et le baroque. Une belle soirée de dialogue entre Monteverdi et Zad Moultaka, ou plutôt, un chemin qui, partant d’aujourd’hui, avec une lecture du passé y retourne pour se ressourcer.


Musica 2017 - Zad Moultaka - Le Parlement de Musique - Il Combatimento - Photo: lfdd


Le concert commence donc par la pièce de Zad Moultaka Combatimento II qui reprend le dispositif instrumental et textuel du madrigal de Monteverdi et de la même durée. Mais musicalement ce sera de la musique contemporaine, bien sûr avec le superbes voix de Francesca Sorteni, soprano (Clorinde), Jean-Gabriel Saint Martin, baryton (Tancrède), tous deux membres de l’Opéra Studio de l’Opéra National du Rhin, et Frenando Guimaraes, (Testo, le narrateur), magnifique ténor qui avait interprété Orphée pour le 400ème  anniversaire de Monterverdi en gagnant le concours "L’Orféo International Singing Competition".
La musique, sobre et sensible, met en valeur ces voix et prend quelquefois des accents orientaux, des mélodies arabes.
Puis un passage dans les ténèbres, "Il Sorgere" de Zad Moultaka, avec de la musique électronique, des voix, des échos, des bruits de déflagrations et de combats, qui nous préparent au réveil, à la lumière qui revient sur le combat de ces amoureux: 
"Ô nuit, dont les profondes ténèbres ont
Recouvert sous l’oubli un acte si illustre !
Dignes pourtant de la clarté du soleil, dignes d’un vaste théâtre,
Seraient les exploits si mémorables."


Musica 2017 - Zad Moultaka - Le Parlement de Musique - Il Combatimento - Photo: lfdd


Ils vont se battre, les amants, sans merci, en ignorant leur identité, Et ce combat exténuant mènera l’amante à la mort, et juste avant à la révélation de son identité et à sa demande de baptême. 
C’est l’orchestre Le Parlement de Musique sous la direction de Martin Gester qui assure les deux interprétations, la contemporaine et la baroque sur des instruments historiques: Viola de braccio, Sarah Gomez, Basse de viole, Filipa Meneses, Violone, Peter Pudil, violons, Gilone Gaubert et Florence Stroesser, Harpe, Maris Bournisien, orgue, Aline Zilbermajc et clavecin, Martin Gester. 
Un programme très convaincant.


La Fleur du Dimanche


Concerto Soave:
Clavecin, direction: Jean-Marc Aymes, 
Orgue : Adeline Cartier, 
Viole de gambe: Sylvie Moquet, Christine Plubeau
Archiluth: Matthias Spaeter
Cornet muet: Eva Godard
Sacqueboutes: Jean-Noël Gamet, Stefan Léger
Parcussions: Claudio Bettinelli

Choeur de chambre Les éléments
Direction musicale Joël Suhubiette
Solistes
Judas, contre-ténor: Frédéric Bétous
Marie-Madeleine, alto: Sophie Toussaint
Pierre, ténor: Hugues Primard
Jean, ténor: Olivier Coiffet
Sopranos: Céline Boucard, Cécile Dibon-Lafarge, Anne-Marie Jacquin, Cyprile Meier, Eliette Parmentier
Altos: Joëlle Gay, Caroline Marçot,
Ténors: Hervé Suhubiette, Guillaume Zabé

Baryon-basses: Jean-Bernard Arbeit, Didier Chevalier, Cyrille Gautreau, Christophe Sam, Xavier Sans


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