Poufs aux Sentiments - Clédat & Petitpierre - Photo: Yvan Clédat |
Tout débute avec des pépiements d'oiseau noyés dans une bande son guimauve quand le jour se lève sur ce jardin tracé au cordeau. Un bosquet semble prendre vie et il en sort très lentement une masse blanche touffue comme un mouton dont on devine au fur et à mesure deux corps emmêlés inextricablement, coiffés des poufs du titre. Ce pouf sur lequel on ne s'assoit pas est en fait une "pièce montée", pièce de chevaux et de tulle créée par le coiffeur Léonard en 1774 et popularisé par Marie-Antoinette - elle l'a porté au au sacre de Louis XVI le 11 juin 1775. Appelée pouf sentimental ou pouf aux sentiments, elles sont très décoratives allant jusqu'à représenter avec le pouf Belle Poule, un bateau en allusion au combat du 17 juin 1778 consacrant la première victoire d'un navire français sur la marine anglaise. Les poufs qui coiffent les deux danseurs Ruth Childs ( la nièce de Lucinda) et Sylvain Prunenec restent relativement mesurés dans leur taille, et représentent les attributs sexuels masculins et féminins, qui a un moment du spectacle prennent leur indépendance et passent à l'action.
Après de premiers batifolages volages dans le gazon (artificiel) les deux danseurs vont prendre leurs marques sur leur territoire bien délimité en chantant et dansant le rigodon et se donnant des "Monsieur" - "Madame". Des airs baroques modernisés soutiennent des pas délicats et mesurés dans ce décor horticole. Le parcours se transforme en un jeu d'arcade - heureusement que personne ne se fait avaler, même si d'autres curieuses créatures mi sangliers de feuilles mi poulpes enveloppantes se détachent des haies.
L'ambiance maniérée et le temps étiré du début change et s'accélère, la danse se fait plus rapide (relativement), le chant va presque vers des accents rock punk (modérés quand même) avant de partir vers un hommage à La carte du tendre de Moustaki. D'abord comme visite guidée de ce jardin un peu magique où les personnages disparaissent et où les sapins grandissent et arpentent les plates-bandes. Pour finir avec la merveilleuse chanson qui nous fait voyager en un raccourci saisissant et efficace dans ce qu'on imagine être le résumé de l'idée d'origine ou la fin du spectacle. Et nous gardons la chanson en mémoire...
La Fleur du Dimanche
Au Maillon, du 12 au 14 avril 2023
Conception, chorégraphie, scénographie, costumes : Clédat & Petitpierre
Avec : Ruth Childs, Sylvain Prunenec, Max Ricat, Coco Petitpierre
Lumière : Yan Godat
Son : Stéphane Vecchione
Production : TWENTYTWENTY
Production déléguée : lebeau et associés
Coproduction : L’Echangeur CDCN Hauts de France / Centre national de la danse CND / Chorège CDCN Falaise Normandie / Maillon Théâtre de Strasbourg - Scène européenne / Le Printemps des comédiens / Le Triangle – Cité de la danse / Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis / CNDC d’Angers / Théâtre Louis Aragon Tremblay-en-France dans le cadre de son programme de résidence
Soutien : DRAC Bretagne au titre de l’aide au projet
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