vendredi 5 novembre 2021

36 fleurs pour JAZZDOR: l'Ouverture piano et Prévert

 Après une année presque blanche mais qui a vu, à la place du festival en 2020 le soutien à de jeunes artistes en résidence et la production de 5 disques, rien que cela, on ne peut pas dire que JAZZDOR fait 36 choses à la fois. Mais la fidèle équipe autour de Philippe Ochem nous offre pour la présente édition pas moins de 36 concerts dont 12 créations et quelques événements. Le tout dans de nombreux lieux  à Strasbourg et environs, entre autre à Bischwiller et même à Mulhouse à la Filature et bien sûr aussi dans le cadre de JazzPassage à Offenbourg. Un programme qui mixe des têtes connues (Wollny, Risser, Léandre, Couturier, Böhm, Kassap, Portal, Wesseltoft, Lagrène,...) et plein de promesses de belles découvertes.

JazzdOr 2021 - Sophia Domancich - Photo: lfdd


Comme découverte, par exemple Sophia Domancich (même si pour JAZZDOR où elle a déjà joué à Berlin avec Simon Goubert en 2017). Son parcours de pianiste l'a amenée à travailler avec des musiciens qui faisaient partie de groupes comme Gong, Soft Machine ou Henry Cow et aussi avec l'Orchestre National de Jazz auquel elle participe de 1997 à 2000 Didier Levallet, Joëlle Léandre et le batteur Ramon Loppez (qui donnera un concert ce samedi 6 à la Médiathèque Olympe de Gouge) ou Jean-Jacques Avenel avec qui elle a fait trois disques, avec également Simon Goubert, et David Liebman sur le dernier. 

JazzdOr 2021 - Sophia Domancich - Photo: lfdd

JazzdOr 2021 - Sophia Domancich - Photo: lfdd

JazzdOr 2021 - Sophia Domancich - Photo: lfdd


Pour ce concert, elle sera en solo au piano et à côté son Piano Fender Rhodes. Elle alternera pour les quelques morceaux qu'elle nous offre entre le son plus matériel du piano ou les sons soit plus triturés ou les vibrations et résonnances du Fender Rhodes sur lequel quelquefois elle lance des mélodies qui la suivent sur la piano, magnifiques rêveries, contes de fées ou ritournelles histoires sans paroles. Ou encore des moments plus détendus alternant avec des distorsions au Fender. Pour finir, elle nous emmène dans un genre de mélodie d'hymne national qui finit dans une envolée nerveuse.

JazzdOr 2021 - André Minvielle - Papanosh - Photo: lfdd

Suite de la soirée (qui finit presqu'à minuit): c'est au tour d'André Minvielle le poète et chanteur vocal'chimiste qui avec le quintet Papanosh de présenterautour de textes de Pierre Prévert "Prévert Parade" qui a donné lieu à un disque éponyme.

C'est un texte engagé de 1933 "Citroën", (aussi  appelé "Vive la grève")qui décrit l'ascension sociale du "tôlier" André (Citroën) et de sa capacité à exploiter les ouvrier pour "faire des bénéfices" sur leur dos qui débute la soirée, suivent des poésies diverses, plus ou moins surréalistes, dont, entre autres, une texte intitulé "Guerre" et qui parle (déjà) de la déforestation, Les petits plats dans les grands, je vous en offre quelques extraits:

JazzdOr 2021 - André Minvielle - Papanosh - Photo: lfdd


C'était un grand dîner de Première Communion

Il y avait le cousin Ponce Pilate
La cousine Bette les quatre fils Edmond
Les frères Lumière les soeurs Tourière
L'oncle Sam les enfants d'Edouard Drumont
Les filles de Loth les filles de Camaret
Et celle de Minos et de Pasiphaé
Et le gendre de Monsieur Poirier
La mère Michel Strogoff et le père Lustucru
On n'attendait plus que le père Ubu

L'amiral: Larima / Larima quoi / La rime à rien

Étranges étrangers

Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
hommes des pays lon
cobayes des colonies
Doux petits musiciens
soleils adolescents de la porte d'Italie
Boumians de la porte de Saint-Ouen
Apatrides d'Aubervilliers
[...]
Enfants du Sénégal
dépatriés expatriés et naturalisés
[...]
Vous êtes de la ville
vous êtes de sa vie
même si mal en vivez
même si vous en mourez. 

JazzdOr 2021 - André Minvielle - Papanosh - Photo: lfdd


Les compositions ont été faite par les musiciens de Papanosh, sur des rythmes langoureux, de marches nuptiales ou  des improvisations qui vont chercher du côté du free jazz et encore du big band. C'est varié et l'on sent la jouissance des musiciens à triturer ces textes et à dialoguer avec André Minvielle qui en plus de son jazz vocal original se sert de petites percussions sommaires. La musique est énergique, et presque tous les musiciens poussent le chansonnette, souvent en ayant écrit l'arrangement, citons les cinq musiciens: Quentin Ghomar à la trompette (et au trombone), Raphaël Quenehen au saxophone (parfois deux des deux mains!), Sébastien Palis au piano (et synthé), Thibaut Cellier à la contrebasse (et à l'archet), et Jérémie Piazza à la batterie (et à la belle chemise rouge et noir). Et pour couronner le tout, le public a été mis à contribution (timidement pour "La brouette", une chanson à trois temps) et avec un vrai succès pour "le Poème de Famille" tous les Louis qui n'arrivent même pas à compter jusqu'à vingt! 

Bon Festival ....

La Fleur du Dimanche

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