vendredi 7 octobre 2016

Dernier jeudi de Musica 2016: Jeunes Talents et les 80 ans de Steve Reich

Dernière ligne droite pour le Festival Musica 2016. Les deux concerts de cette soirée sont bien représentatifs de la ligne éditoriale qui a sous-tendu la programmation de cette année. D'abord, une carte blanche à la jeunesse, et puis un hommage à un maître de la musique répétitive - en dialogue avec LA référence de la musique occidentale.


Jeunes talents, compositeurs:


Curieusement le fil du concert "Jeunes talents, compositeurs" de ce jeudi à 18h30 à la Salle de la Bourse pourrait être la question de l'ordre, du pouvoir et du contre-pouvoir.

Jean-David Mehri : Prolongements (2016)

Pour la première pièce "Prolongement", oeuvre pour saxophone et electronique, c'est le saxophoniste - virtuose interprète Adam Campbell - qui maîtrise totalement le jeu. Par ses mouvements, la position de son instrument, il "pilote" le programme informatique qui transforme en temps réel le son qu'il produit et qui est recalculé pour se fondre en écho avec le son direct. Tel un magicien avec son serpent - le saxophone - qu'il apprivoise, il en arrive à jouer, même sans jouer, rien qu'en inclinant, avançant ou reculant l'instrument tel une baguette magique. Sauf si, son partenaire muet, l'ordinateur se rebelle et fait silence. Quel est cette "motivation" de la machine pour ne pas jouer? Ouf, le compositeur l'a dompté et le public est époustoufflé par la performance. 


Musica - Jeunes Talents -  Jean-David Mehri - Adam Campbell - Photo: lfdd


Etienne Haan : Eclipse (2016)

Pour la deuxième pièce, la règle du jeu est donnée dès le début: ce sera un danseur, Clément Debras, qui viendra interférer sur l'ordre et le pouvoir du chef d'orchestre Armand Angster en dansant sa partition de chef. Et effectivement, il a le pouvoir de faire de la musique (ou est-ce la musique qui lui fait faire les gestes en mesure ou en tremblements ?). Jusqu'à ce que les deux chefs se rejoignent dans une gesticulation silencieuce qui n'arrive plus à sortir un seul son de cet Orchestre des étudiants du Conservatoire et de la HEAR. 


Musica - Jeunes Talents -  Etienne Haan - Clément Debras - Armand Angster - Photo: lfdd


Benoist Soldaise : Vingt-sept (2016)

Pour Vingt-Sept, une pièce dont le titre interroge le passage à l'âge adulte (ou la mort  - entre autres via de nombreux musiciens rock qui n'ont pu passer cette barrière fatidique), Benoist Soldaise prend le pouvoir différemment, un peu à la manière des artistes de l'Arte Povera, on aimerait le nommer compositeur "Povera" - entre pauvre et pouvoir, il y a juste un glissement de son, son qu'il se plait à décaler de son côté avec jubilation. Les percussionnistes, sous la direction d'Emmanuel Séjourné, tapent sur des bidons, frottent des éponges à récurer dans une concert spatialisé, ou frottent leur archet sur du polystyrène. Les instruments sont un bloc de métal, une flute de cristal, des hochets, cloches, cloches plaques, jantes de voiture, et pour finir des sifflets qui sifflent la fin d'une partie pleine d'humour, entre musique populaire et musique savante.    


Musica - Jeunes Talents - Benoist Soldaise -  Emmanuel Séjourné - Photo: lfdd

La soirée s'inscrit dans un atelier de composition (très réussi) de la HEAR/Conservatorie de Strasbourg, piloté par Philippe Manoury avec Daniel D'Adamo et Tom Mays pour la partie electronique. Il faut saluer Philippe Manoury et son engagement pour cet aspect pédagogique fort qui, nous l'espérons continera après son départ. Il est vrai que sa parole et son action seront bien entendus au Collège de France où il vient d'être nommé à la Chaire de création artistique. Au revoir l'artiste (qui reste bien sûr fidèle à Strasbourg). 


Reich, Bach

Le concert du soir au Palais Universtaire de Strasbourg sera en deux parties qui dialoguent. Le chef de l'ensemble "Les Siècles" François-Xavier Roth a choisi de rapprocher par delà les siècles (juste 250 ans) deux oeuvres qui ont "une même ferveur expressive".


Reich - Tehillim (1981)

La pièce de Steve Reich, même si elle est un peu à part dans le répertoire du compositeur américain, plutôt connu pour sa musique répétitive, est une "résurection" en quelque sorte des chants religieux des Juifs. Il s'agit donc de quatre psaumes mis en musique, magnifiquement interprétés par les quatre voix des "London Voices" soutenues par les clarinettes, hautbois, cor et les percussions - auxquels se rajoute l'orchestre à cordes - pour une méodie alerte et sautillante, presque "ethnique", très engageante et dansante. 


Musica - Les Siècles - François-Xavier Roth - Steve Reich - Photo: lfdd


Bach - Magnificat en ré majeur BWV 243 (1728-31)

Le Magnificat de Bach, joué sur des instruments anciens - en particulier les bois - donne aussi un côté jubilatoire à cette prière et il faut noter les solistes - magnifiques - de l'Ensemble Aede (Elise Benedes, Agathe Peyrat, Sorin Dimitrascu, Anaïs Bertrand, Florent Thious, Marc Valero et Laia Cortes), et le public partage la joie que nous sentons parcourir l'ensemble de l'Orchestre "Les Siècles" pour cette magnifique prestation qui s'achève sur un chant plein d'allégresse.   

Musica - Les Siècles - François-Xavier Roth - Jean-Sébastien Bach - Photo: lfdd


Bon Musica

La Fleur du Dimanche


Le programme s'achève ce soir et demain avec:

KLANG4
Salle de la Bourse - 18h30 
avec musiciens live, sampler et platine
Soprano, percussions, récit Françoise Kubler
Clarinette et saxophone Armand Angster
Sampler et platines Pablo Valentino

Électronique et platines Yérri-Gaspar Hummel

DRUM-MACHINESpercussions et électronique

Cité de la musique et de la danse - 20 h 30

Reigen , l'opéra filmé de Philippe Boesmans
Samedi à 20h30 à l'UGC Cité Ciné

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