vendredi 30 septembre 2016

L’Accroche-Note à Musica : Variété et variations

L’ensemble de musique contemporaine à dimension variable l’Accroche-Note est bien connu à Strasbourg – ailleurs également. Le concert qu’ils ont donné à la salle de la Bourse a encore montré l’étendue de leur talent et la variété de leur répertoire. 
Bien que très cohérent dans son ensemble, le concert a rassemblé un solo de clarinette d’Alberto Posadas, un poème chanté d’Ahmed Essyad, une pièce avec piano très forte du compositeur strasbourgeois Christophe Bertrand et une miniature très fantaisiste de Martin Matalon.

Pour la première Pièce, Armand Angster, pendant les douze minutes sans répit  que dure "Sinolon" d’Alberto Posadas, "habitait" la musique avec ses variations de timbres, ses micro-intervales, ses multiphoniques, ses glissandis, ses trémolos de gammes bi-chromatiques, et toutes ses variations avec une concentration et une virtuosité parfaite en réalisant "l’unité de la diversité". Un grand moment.

La deuxième pièce, d’Ahmed Essyad donne la part belle à la voix, et celle, magnifique de Françoise Kubler va nous conter l’histoire du diable, qui va écrire sa "Lettre d’amour" à Dieu. Elle est harmonieusement soutenue et accompagnée par l’orchestration mêlant des sonorités arabo-andalouses à la composition contemporaine. Et l’on se surprend à essayer de savoir si, quand le diable est franc quand il dit : 
"Dis-toi que, si je suis dans le blasphème, ou si je suis dans la foi, tout est tissé par toi, tout est à toi. Je n’ai agi que par amour."

Musica 2016 - Accroche-Note - Christophe Bertrand - Photo: lfdd


Pour la troisième pièce, "La chute du rouge", de Christophe Bertrand, très sobre et forte en même temps, intense et qui s’achève en de calmes accords, nous nous prenons à regretter que le jeune compositeur ne puisse plus nous présenter de nouvelles œuvres.

Le concert s’achève avec une pièce de Martin Matalon, "la carta", petite miniature pleine d’humour de dix-sept minutes, composée de neuf mouvements qui s’enchaînent et où les trois instrumentistes se passent le relais à tisser une oeuvre délicate et hétéroclite en soutenant la "chanteuse" qui va explorer la totalité du registre de ce qui peut sortir de la bouche comme sons:
mots, borborygmes, onomatopées, souffles, vocalises, claquements de bouche ou de langue, plops, incantations, soupirs, rires, râles, sifflements, crachotement, sons tenus, rires chantés,  expirations, sifflements, lamentations,  mélopées,…  tout cela en sons réels et retravaillés avec des effets, roulements, échos, et de l’électronique qui donnent à la pièce une atmosphère surréaliste et presque comique.

Musica 2016 - Accroche-Note  - Martin Matalon - Photo: lfdd

Bon Musica

La Fleur du Dimanche

La géométrie variable de l'Accroche Note ce soir-là fut composé de:
Armand Angster (Clarinette), Françoise Kubler (Soprano), Emmanuel Séjourné (Direction pour Lettre d'amour et Percussion), Hélène Breschand (Harpe), Marie-Andrée Jeorger (Accordéon), Fabio Codoi (Piano), Christophe Beau (Violoncelle), Jean-Daniel Hégé (Contrebasse)

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