L’ensemble de musique contemporaine à dimension variable
l’Accroche-Note est bien connu à Strasbourg – ailleurs également. Le concert
qu’ils ont donné à la salle de la Bourse a encore montré l’étendue de leur
talent et la variété de leur répertoire.
Bien que très cohérent dans son
ensemble, le concert a rassemblé un solo de clarinette d’Alberto Posadas, un
poème chanté d’Ahmed Essyad, une pièce avec piano très forte du compositeur
strasbourgeois Christophe Bertrand et une miniature très fantaisiste de Martin
Matalon.
Pour la première Pièce, Armand Angster, pendant les douze
minutes sans répit que dure "Sinolon" d’Alberto Posadas, "habitait" la musique
avec ses variations de timbres, ses micro-intervales, ses multiphoniques, ses
glissandis, ses trémolos de gammes bi-chromatiques, et toutes ses variations
avec une concentration et une virtuosité parfaite en réalisant "l’unité
de la diversité". Un grand moment.
La deuxième pièce, d’Ahmed Essyad donne la part belle à la
voix, et celle, magnifique de Françoise Kubler va nous conter l’histoire du
diable, qui va écrire sa "Lettre d’amour" à Dieu. Elle est harmonieusement
soutenue et accompagnée par l’orchestration mêlant des sonorités
arabo-andalouses à la composition contemporaine. Et l’on se surprend à essayer
de savoir si, quand le diable est franc quand il dit :
"Dis-toi que,
si je suis dans le blasphème, ou si je
suis dans la foi, tout est tissé par toi, tout est à toi. Je n’ai agi que par
amour."
Musica 2016 - Accroche-Note - Christophe Bertrand - Photo: lfdd |
Pour la troisième pièce, "La chute du rouge", de
Christophe Bertrand, très sobre et forte en même temps, intense et qui s’achève
en de calmes accords, nous nous prenons à regretter que le jeune compositeur ne
puisse plus nous présenter de nouvelles œuvres.
Le concert s’achève avec une pièce de Martin Matalon, "la carta", petite
miniature pleine d’humour de dix-sept minutes, composée de neuf mouvements qui
s’enchaînent et où les trois instrumentistes se passent le relais à tisser une
oeuvre délicate et hétéroclite en soutenant la "chanteuse" qui va
explorer la totalité du registre de ce qui peut sortir de la bouche comme
sons:
mots, borborygmes, onomatopées, souffles, vocalises, claquements de
bouche ou de langue, plops, incantations, soupirs, rires, râles, sifflements,
crachotement, sons tenus, rires chantés,
expirations, sifflements, lamentations,
mélopées,… tout cela en sons
réels et retravaillés avec des effets, roulements, échos, et de l’électronique
qui donnent à la pièce une atmosphère surréaliste et presque comique.
Musica 2016 - Accroche-Note - Martin Matalon - Photo: lfdd |
Bon Musica
La Fleur du Dimanche
La géométrie variable de l'Accroche Note ce soir-là fut composé de:
Armand Angster (Clarinette), Françoise Kubler (Soprano), Emmanuel Séjourné (Direction pour Lettre d'amour et Percussion), Hélène Breschand (Harpe), Marie-Andrée Jeorger (Accordéon), Fabio Codoi (Piano), Christophe Beau (Violoncelle), Jean-Daniel Hégé (Contrebasse)
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