jeudi 12 janvier 2012

Danse ou théâtre : "Gina" la Diva ou "Observer" l'invisible

En terme de sortie à Strasbourg et environs, je vous propose une alternative franco-allemande ... Ou plutôt la Franco-Suisse.


A Strasbourg, au TNS vous avez jusqu'au 22 janvier pour aller voir la pièce de Bruno Meyssat "Observer" qui vous offre un vrai voyage dans la mémoire d'Hiroshima comme vous ne l'avez jamais vu.
Vous en aviez un peu (ou beaucoup) oublié l'histoire, la troupe de Théâtres du Shaman, partie en exploration sur le site va vous faire revivre cette catastrophe arrivée par la volonté de l'homme.     
Laissez-vous emmener dans ce voyage vers l'indicible et documentez-vous pour ne pas - plus- oublier. Pour vous y aider, voici quelques textes - morceaux choisis...


Tout d'abord, un témoignage d'un habitant d'Hiroshima, Keiji Nakazawa: "Des gamins de mon âge avaient fait l’école buissonnière le 6 août. Trouvant la canicule trop insupportable, pour s'enfermer dans une classe, ils étaient allés se promener au bord de la rivière qui se déverse dans le fleuve Ota. Ils se baignaient, chahutaient lorsque survint leur maître. En le voyant, ils plongèrent et restèrent au fond le plus longtemps possible. Quand ils remontèrent à la surface, le paysage était transformé, le maître était calciné,tout noir au bord du chemin." Ce texte, extrait de "J'avais 6 ans à Hiroshima" rend compte de ce que peu ont vu, certains en ont eu les yeux brûlés, et l'équipe de Bruno Meyssat est retourné à Hiroshima pour en retrouver les traces. 
Bruno Meyssat raconte:
"J'ai parcouru la ville en tramway et à pied. j'ai expérimenté combien on est étonné d'être là, d'arpenter une ville si normale construite au-dessus d'une ville absente. Le sol, en dessous est celui de 1945, les pierres sur lesquelles sont posés les rails du tramway actuel sont les mêmes. Le temps a résorbé un invisible qui atteint là des proportions gigantesques, mais il y a eu contact. On ressent physiquement la disparition. D'autant plus que le Musée nous emporte dans un temps aboli. Des objets et des matières inertes ont vu ce que nous ne pouvons concevoir ou nous représenter."
Pour en faire l'expérience, le spectacle "Observer" vous permettra de vous approcher de cette sensation et l'expositions d'objets rapportés d'Hiroshima vous montrera les objets qui ont "vu" ce "saut dans le vide de l'humanité". vous avez jusque'au 22 janvier, au TNS.


Gina - Eugénie Rebetez
En face, à Offenbourg, une coproduction du Maillon et du Külturbüro d'Offenbourg à la Reithalle à Offenbourg - oui, le spectacle a lieu à 40 minutes de Strasbourg, voyage en bus gratuit à réserver au Maillon - jusqu'au vendredi 13 janvier - Gina d'Eugénie Rebetez.


Le spectacle oscille entre le cabaret, tour de chant, spectacle comique et même danse classique. C'est un one woman show de presque un heure où Eugénie Rebetez que l'on a vus dans des spectacles de Zimmermann et de Perrot nous présente, sans presque une parole, sa réflexion de femme face à son corps un peu imposant. Elle interpelle le spectateur avec ces mots qui sont sur son programme: " Regardez-moi sinon je n'existe pas. Je danse pour me sentir vivante... Je ne sais pas si j'ai le corps que je devrais avoir mais j'ai appris à travailler avec ce coprs...".
En tout cas elle nous interroge face à la ce qu'on a l'habitude de voir  - normalité - sur scène et c'est drôle et émouvant à la fois.


Bons spectacles


Le Fleur du Dimanche

1 commentaire:

  1. J'ai revu Observer, je me suis rendu compte que j'avais bien fait mes projections sur mes idées et connaissances sur cet évènement.
    C'est d'ailleurs ce que Bruno Meyssat se donne comme tâche dans ses mises en scène.
    J'ai assisté lundi dernier au débat intitulé "Penser la catastrophe"
    Il y eut d'abord de longues explication sur le travail des acteurs et sur la façon de Meyssat de mettre en scène..
    Et après ces échanges, je me suis permis d'évoquer mon parcours où enfant j'étais en admiration face à nos "libérateurs américains" qui nous prenaient dans leurs bras, nous donnaient du chocolat et shwing gum, mon premier désenchantement quand j'ai revu en 46 revenir l'oncle Albert qui avait un hôtel restaurant quatre étoiles à Dresde... J'étais au collège contre la guerre en Corée (nous y étions à deux à y être opposés... par la suite ma "haine contre les U.S.A" n'a fait que s'amplifier.. et la question qui me taraude depuis ce temps là (donc depuis une soixantaine d'années)
    Comment a-t-il pu se faire, et comment peut-il se faire que les crimes contre l'humanité des U.S.A ne soient non seulement pas dénoncés avec vigueur mais souvent "sanctifiés" par l'immense majorité
    Mon questionnement semblait incongru, suis parti trop remonté pour engager une conversation avec les acteurs et surtout Meyssat.

    Pour ce qui est de la trottinette c'est d'abord, d'après ce que j'ai pu comprendre une allusion à une photo du musée où l'on voit les restes de ce jouet d'enfant.
    Attachée entre deux chaises elle signifie dans un premier temps l'arrêt de la vie "normale" et quand à la fin on la voit circuler, c'est que la vie a repris son cours
    Salut à toi
    Francis

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