One Song de Miet Warlop présenté avec Pôle Sud au Maillon intrigue forcément par la présentation qui en est donnée: "Une longue chanson,... avant tout un morceau de bravoure athlétique et musical". Et l'on s'étonne du nombreux public - et de sa curiosité et de son goût de découverte - qui se presse à l'entrée de la grande salle du Maillon (spectacle complet). Il faut croire qu'à Strasbourg en particulier, l'on est téméraire et prêt aux expériences.
One Song - Miet Warlot - Photo: Andreas Simopoulos |
Parce qu'il s'agit d'une véritable expérience qui déborde bien sûr du plateau, non seulement au niveau sonore mais également par l'effet "miroir" que le spectacle induit chez le spectateur. Parce que nous sommes dès le début "inclus" dans l'ambiance de stade par la "chauffeuse de salle" qui nous introduit dans une dynamique de spectateur actif, de spectateur assis bien sûr mais qu'il faut quand même gérer. Et dont il faut aussi gérer l'attente et l'arrivée des autres spectateurs - acteurs-supporters - chargés de tenir la tension qui va être mise sur les performeurs-acteurs, à la fois gymnastes, sportifs et musiciens.
One Song - Miet Warlot - Photo: Andreas Simopoulos |
Ceux-ci vont pendant une heure durant, après une courte "mise en jambe", performer et tenir la durée sur leur double profil. A savoir une violoniste - gymnaste en équilibre sur une poutre (Elisabeth Klinck), qui a le rôle le plus "risqué", un bassiste qui joue couché sous sa basse et qui fait des abdo pour toucher les cordes, un batteur qui court d'une caisse et d'une cymbale à l'autre, un pianiste qui doit sauter en l'air pour arriver à son clavier et un chanteur qui chante en courant sur son tapis roulant qui ne fait qu'accélérer au tempo d'un métronome qui, lui aussi, accélère au fur et à mesure.
One Song - Miet Warlot - Photo: Andreas Simopoulos |
C'est dire ce qu'il faut d'énergie et d'endurance pour chanter et jouer de plus en plus vite et de plus en plus fort - ce que révèle le titre: "Une chanson" sans fin qui dit:
Till you die
Till I die
Till we all die"
Une course sans fin ... à bout de souffle.
One Song - Miet Warlot - Photo: Andreas Simopoulos |
Et le rythme ne faiblit jamais. Même avec les quelques essais de ralentissements ou de blocage du métronome, la course du temps continue et le Pom Pom Boy y rajoute son énergie et sa folle déambulation de lapin en cage, tournoyant et agitant ses boules de spaghettis argentés (et noirs sur la tête).
One Song - Miet Warlot - Photo: Andreas Simopoulos |
Le spectacle est une expérience cathartique pour le public, renforcée par les supporters face à nous sur la scène, sur des gradins, à côté de cette animatrice dotée d'une troisième jambe - membre fantôme ou signe de puissance ? Autre élément perturbant, ce drapeau planté sur cette jambe, réplique identique du grand qui flotte sur la hampe. Il est bleu et rouge, deux couleurs contradictoires que l'on trouve seulement sur trois autres drapeaux de pays, dont le Liechtenstein, mais à l'horizontale et avec des blasons.
One Song - Miet Warlot - Photo: Andreas Simopoulos |
La tension sur le plateau et qui est bien sûr transmise à la salle depuis le début, à la fois par le son, bien fort et pulsé et l'agitation moléculaire qui s'y passe, monte encore d'un cran avec des éléments externes perturbateurs que je vous laisse découvrir lorsque vous irez voir le spectacle.
One Song - Miet Warlot - Photo: Andreas Simopoulos |
Tout comme le final de style "arrivée du marathonien" en bout de course, si "If".
Si l'on peut dire que l'on devine - ou que l'on peut deviner - l'issue du spectacle et que la surprise serait dans les détails, ce qui est montré et vécu est en soi une expérience, douloureuse peut-être, une performance, à coup sûr et j'imagine que les épreuves que l'on aura passées nous serviront dans le futur, dans l'une ou l'autre des situations auxquelles nous pourrions être confrontées. Ou peut-être pas...
La Fleur du Dimanche
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