Samedi au Festival Musica ça balance. Déjà de bon matin cela oscille entre concert et conférence scientifique à la Pokop.
La Prédiction des oscillations
Le chercheur Daniele Schön, également violoncelliste joue deux rôle, celui de musicien chargé de cours, il interprète la musique composée par Benjamin Dupé également maitre de cérémonie qui joue également sa partie électronique et concepteur de ce moment, balançant entre concert et expérience scientifique .
Musica - Pokop - Daniele Schön - Benjamin Dupé - Prédiction des oscillations - Photo: Robert Becker |
Il y est question de recherche sur le son et les spectateurs, quelquefois seul, mais aussi à trois ou quatre et même la salle coupée en deux, se retrouvent acteurs expérimentateurs de l'événement.
Musica - Pokop - Daniele Schön - Benjamin Dupé - Prédiction des oscillations - Photo: Robert Becker |
Structuré en 5 chapitres qui décrivent des résultats de recherche via des exemples musicaux prouvant que le cerveau n'est pas une machine à calculer, et n'est donc pas qu'un ordinateur, mais un objet encore inconnu.
Musica - Pokop - Daniele Schön - Benjamin Dupé - Prédiction des oscillations - Photo: Robert Becker |
Les objets musicaux non plus - par exemple un métronome ne calcule pas la fréquence lorsqu'il se cale, au bout d'un certain temps sur la même fréquence qu'un autre - phénomène qu'on appelle "sympathie" et qu'Huyghens a découvert en 1665 sans en connaître la raison et qui n'a été expliqué qu'en 2015 fait appel à la théorie du chaos.
Musica - Pokop - Daniele Schön - Benjamin Dupé - Prédiction des oscillations - Photo: Robert Becker |
Musica - Pokop - Daniele Schön - Benjamin Dupé - Prédiction des oscillations - Photo: Robert Becker |
On y découvre aussi la tâche de Stroop que trois percussionnistes démontrent en direct ou encore la transmission générationnelle (une genre de téléphone arabe musical), le neurone miroir (qui nous pousse à mimétiser notre vis-à-vis) ou la théorie des avalanches, tout cela en musique et avec humour et où pour une fois nous n'étions pas des rats de laboratoire. Un concert qui nous rend plus intelligent !
Sirius, le concert intergalactique de Karlheinz
Le trajet musical de Karlheinz Stockhausen, qui avait démarré par des oeuvres vocales, va de la musique sérielle suite à sa découverte de Messian à la musique concrète puis électronique après et son séjour à Paris et sa collaboration ave Pierre Schaeffer, puis de la musique aléatoire. Il compose par exemple les Hymnen puis verse dans la philosophie indoue et compose Mantra qui revient vers la notation classique. Son gros chantier sera Licht son chantier de 1977 à 2004 et dont Sirius porte l'esprit.
Musica - Palais des Fêtes - Sirius - Karlheinz Stockhausen - Photo: Robert Becker |
La pièce Sirius (1975-1977) est constituée de musique électronique - des bruits d'atterrissage de vaisseaux spatiaux au début - et qui repartent à la fin - et de deux chanteurs - la soprano Sophia Körber et la basse Damien Pass et une clarinettiste basse Johanna Stephens-Janning et Paul Hubner à la trompette. Les interprètes sont placés au Nord, la basse, à l'Est, la trompette, au Sud, la soprano et à l'Ouest, la clarinettiste.
Musica - Palais des Fêtes - Sirius - Karlheinz Stockhausen - Photo: Robert Becker |
Le dispositif est exactement la conception de cette pièce, Space Opéra de chambre qui commence par la présentation par la basse du dispositif, symbolisant à la fois les points cardinaux, les instruments, les quatre éléments, les saisons, sexes ('homme, l'adolescent, la femme et l'ami ou l'aimée), le moments de la journée et les étapes de la croissance.
Musica - Palais des Fêtes - Sirius - Karlheinz Stockhausen - Photo: Robert Becker |
La conception du livret, un peu mystique, suit ces catégories puis continue avec la roue des mois, les douze de l'année , les heures et les signes du Zodiaque pour arriver à l'Annonciation ou il est dit: "Je Me suis choisi, dans le Grand Homme de la Création, ce cocon cosmique, et à l'intérieur de ce cocon, la région de l'univers don Sirius est le soleil central." Rappelons que Stockhausen a affirm": "Tout le monde trouve cela tellement stupide que je dois insister pour que l'on me croie. Je me suis formé sur Sirius et je veux y retourner bien que je vive actuellement à Kürten, près de Cologne."
Musica - Palais des Fêtes - Sirius - Karlheinz Stockhausen - Photo: Robert Becker |
Par contre ce que l'on peut dire c'est que musicalement cette pièce est magnifique et que la Basse, Damien Pass est fantastique et sa voix est exceptionnelle, tout comme la soprano, Sophia Körber qui a une tessiture exceptionnelle et une très belle voix. Les instrumentistes ne sont pas en reste, la clarinettiste Johanna Stephens-Janning est impeccable et Paul Hubner a un puissance exceptionnel et sait tenir en souffle continu une durée incroyable de ses airs de trompette.
Musica - Palais des Fêtes - Sirius - Karlheinz Stockhausen - Photo: Robert Becker |
La partie électronique, même si elle n'a pas la sophistication des composition actuelles, fonctionne très bien avec les voix et le concert est d'une exceptionnel qualité. Si ce n'est le message sous-jacent, le spectacle est totalement réussi et il ne faut pas oublier les costumes des interprètes, à la fois très simples avec de belles couleurs primaires, gris, rouge, bleu, jaune et de très beaux tissus plissés, valorisés par un éclairage en contre plongée qui projettent leur ombre en double sur les fonds noirs. Un très beau moment.
Moor Mother avec Havre de Grace to Le Havre
Musica - Saint Paul - Moor Mother - Photo: Robert Becker |
La soirée continue à l’église Saint Paul, lieu central du Festival Musica cette année. C’est Moor Mother l’artiste etasunienne engagée qui nous propose Havre De Grace to Le Havre, une performance qu’elle parle, performe et chante accompagnée par Simon Sieger aux percussions, à la flûte et à l’orgue et par Aquiles Navarro à la trompette.
Musica - Saint Paul - Moor Mother - Photo: Robert Becker |
Le Chœur LGBT+ alsacien Pelicanto arrive sur scène en chantonnant, les membres habillés en noir. Iels l’accompagnent en sourdine, les musiciens avec leurs instruments et moultes cloches et crotales. S’élèvent des chants d’église puis des cris de joie suivi d’un superbe solo de trompette d’Aquiles Navarro. Moor Mother continue dans un magnifique solo où il est question de religion. Simon Sieger fait une escapade à l’orgue et Moor Mother continue ses chants, parlant de « disaster », en Anglais (une traduction de ses textes sûrement très poétiques et intéressants aurait été bienvenu.
Musica - Saint Paul - Moor Mother - Photo: Robert Becker |
Sur son orgue, Simon Sieger nous offre une belle série de variations dans les aigus suivi d’une séquence grave tout aussi appréciée pour aller encore plus haut dans presque l’indiscernable pour finir. Aquiles Navarro s’empare d’une conque dans laquelle il souffle, Simon revient pour une improvisation débridée de cris et d’éructations et de râles pas forcément réussis tandis que Moor Mother se lâche en improvisations stridentes en sons électroniques nerveux. Cela se conclut par « The sound of us… ».
Musica - Saint Paul - Moor Mother - Photo: Robert Becker |
Un bel accompagnement, un belle voix, un texte qui semble bien écrit de cette poète engagée dont on aurait aimé toucher de plus près la beauté. Mais le son et la musique nous ont touché, c’est l’essentiel. Et la soirée, programmée par des spectateurs de Musica a eu un très beau succès de fréquentation.
Musica - Saint Paul - Moor Mother - Photo: Robert Becker |
La Fleur du Dimanche
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire