La violence faite aux femmes ne date pas d'aujourd'hui, elle peut venir de très loin, dans l'enfance déjà et elle s'inscrit dans le corps. Aujourd'hui, en ces temps de #metoo, la parole se libère, jaillit. Pour Chiara Marchese, ce qui la rend forte, dans son spectacle Wonderwoman, c'est le masque, le travestissement, le clown, mais aussi le combat et le travail sur la mémoire, la construction d'une carapace et la levée d'une armée d'enfance pour se préparer à la violence du monde et de s'armer pour l'avenir.
Chiara Marchese - Wonderwoman - Photo: Sébastien Rousseau |
Tout commence par ce maquillage exagéré, passage au personnage grotesque, coloré, qui va lui permettre d'exprimer un vécu douloureux au temps de ses vingt ans et des copains, en la projetant ailleurs et en se protégeant derrière ce masque. Parce que cette image, de même qu'une beauté académique, comparable à une Olympia de toute beauté, ne tient pas la route. La figure est fragile, cassée, la super nana a besoin de se réparer. Elle va ainsi faire ce voyage vers l'enfance via un boyau noir, noir comme ses vêtements et l'atmosphère de clair-obscur sur la scène. Et, se faisant littéralement avaler par ce boyau, elle va se retrouver petite fille de cinq ans protégée par ses jouets, une armée de perroquets multicolores qui l'entourent et lui permettent d'avancer dans la vie.
Chiara Marchese - Wonderwoman - Photo: Lilia Zanetti |
Et elle avance, forte de cette armée pour se retrouver à se recomposer sur des balançoires symboliques. Ces pièces de métal suspendues, à la fois symbole de l'enfance mais cependant aussi faites de métal contondant, vont lui permettre de rassembler à nouveau les différents morceaux de son corps, et de la faire flotter dans un espace hors de la pesanteur, la balancer, la bercer. On ne peut être superwoman que si on prend des risques.
Chiara Marchese - Wonderwoman |
Le spectacle, plein de poésie et de mystère révèle tout en le transmutant un vécu et construit une démarche qui aide à grandir et à se surpasser, à surpasser ses peurs. A se retrouver, entier et serein dans le monde. Saluons, en plus des lumières de Bernard Revel, la création sonore de Geoffrey Dugas - bruitages et musique - qui accompagne et souligne les différentes atmosphères. Et souhaitons à toutes les femmes, à l'image de Wonderwoman, de vaincre leurs démons d'enfance ou de grandes personnes pour devenir des femmes libres à défaut de femme merveilleuse.
La Fleur du Dimanche.
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