mercredi 1 novembre 2023

Les expositions au Nord de Strasbourg - dialogues en tous sens

 Curieusement les expositions au Nord de Strasbourg sont toutes propices au dialogue. C'est peut-être un hasard, mais les quelques lieux ou villes qui proposent actuellement des expositions d'art présentent des rencontres entre des artistes qui traversent les frontières pour de fructueuses confrontations créatives. 

Que ce soit dans la toute nouvelle Biennale d'art contemporain axée sur la sculpture, "Quand les sculptures dansent",  à Bischwiller (dont je parlerai un peu plus tard) où deux artistes allemands - Armin Goehringer et Robert Schad - se retrouvent dans l'espace public avec deux artistes français - Sylvie de Meurville et François Weil. Ou encore à La Case à Preuschdorf où une collaboration transfrontalière voit le travail de la Berlinoise Anja Roth côtoyer celui de Françoise Maillet de Betschdorf, et la créatrice et animatrice de la Case, l'infatigable Miriam Schwamm, née en Allemagne et qui a passé près de trente ans en Nouvelle Calédonie collaborer à distance avec l'artiste néocalédonienne Véronique Menet. Ou, encore un peu plus au Nord, à la Villa EDA, où l'exposition a littéralement pour titre Dialog(u)e et convoque en plus d'Armin Goehringer qui est aussi ici, du côté allemand, Ursula Reichart, Anno Sieberts et Isolde Wawrin, et du côté français Eva Linder et Dominique Singer, les hôtes du lieu ainsi qu'Alain Ligier.



Le Pôle Culturel de Drusenheim


Autre dialogue, celui entre l'artiste du Sud-Ouest Michel Déjean et l'Alsacienne Catherine Gangloff qui se tisse depuis pas mal de temps (au moins) d'un côté à l'autre de leur ateliers contigus, étant donné que dans la vie ils sont un couple. Et c'est au Pôle Culturel de Drusenheim qu'ils exposent leur "Parcours croisé" sous le commissariat de Germain Roesz ensemble pour la première fois, sauf peut-être il y a très longtemps au CEAAC. Ils s'étaient rencontrés au sein du collectif d'artistes du Faisan, devenu le Faisant et se sont retrouvés dans des écritures proches, une travail sur les couleurs, les matières, le tissu, également l'exploration du médium gravure et les Livres d'Artiste (ils ont fondé le L.A.C. et les éditions Lire Objet). Ils ont également une réflexion sur l'espace et sur le cadre et ses limites. L'exposition qui présente un beau panorama historique montre également leurs affinités avec d'autres artistes que les nourrissent, de Claude Viallat à Robert Ryman, en passant par Kawamata ou Pierrette Bloch. Les deux ont interrogé le cadre et son dépassement, le support et la surface, la vibration de la couleur, la matière et la texture. 

Et si le travail de Michel Déjean s'est orienté vers un minimalisme répétitif mettant en oeuvre le geste tracé sur de grandes toiles, répété avec d'infinies variations zen en traits ou en ronds  - il aime particulièrement la musique de Phil Glass - Catherine Gangloff de son côté travaille sur les assemblages de petits riens dans des matériaux simples souvent récupérés, bois, tissus,.. qu'elle repeint en des suites qui deviennent des notes colorées dans l'espace où même l'ombre de l'objet fait partie intégrante de l'oeuvre.

Regards croisés - Pôle Culturel de Drusenheim - Michel Déjean - Photo: lfdd 

Regards croisés - Pôle Culturel de Drusenheim - Michel Déjean - Photo: lfdd

Regards croisés - Pôle Culturel de Drusenheim - Michel Déjean - Photo: lfdd

Regards croisés - Pôle Culturel de Drusenheim - Catherine Gangloff - Claude Viallat - Photo: lfdd

Regards croisés - Pôle Culturel de Drusenheim - Catherine Gangloff - Photo: lfdd

Regards croisés - Pôle Culturel de Drusenheim - Catherine Gangloff - Photo: lfdd

Regards croisés - Pôle Culturel de Drusenheim - Catherine Gangloff - Photo: lfdd

Regards croisés - Pôle Culturel de Drusenheim - Michel Déjean - Angeletti - Catherine Gangloff - Photo: lfdd

Regards croisés - Pôle Culturel de Drusenheim - Catherine Gangloff - Photo: lfdd

Regards croisés - Pôle Culturel de Drusenheim - Catherine Gangloff - Photo: lfdd

Regards croisés - Pôle Culturel de Drusenheim - Catherine Gangloff - Photo: lfdd


Les deux artistes seront présents à leur exposition le 5 novembre au Pôle Culturel de Drusenheim de 14h00 à 18h00 

Et si vous êtes arrivés à Drusenheim entre le 31 octobre et le 5 novembre, profitez de l'exposition dans la commune voisine de Sessenheim, patrie de Henri Loux connu pour les dessins du service "Obernai" dont on célèbre via une exposition les 150 ans de sa naissance. 



La Villa EDA


En allant plus au Nord, dans l'Outre-Forêt, dans le petit village de Climbach après le col du Pfaffenschlick à la Villa EDA l'exposition Dialog(u)e présente des artistes   peintres et sculpteurs allemands et français.

Armin Goehringer dont j'ai parlé et qui a installé de très grandes sculpture en bois enserrés dans du métal dans les rue de Bischwiller montre ici des sculptures plus petites et qui continuent ce travail qui touche à la fragilité. En l'occurrence, ici, les pièces sont constitués de blocs de bois soutenus par de fins supports, à la limite de la rupture, ce qui reste d'un tronc dont il a ôté au maximum le matériau en le creusant. L'effet est impressionnant dans ce grand écart d'équilibre et de délicatesse. Une carte blanche dans une salle à Ursula Reichart montre son talent de peintre coloriste qui sait construire l'espace de sa toile. Le sculpteur Anno Sieberts qui utilise différentes sortes de pierres de celle de Comblanchien à du granit est un virtuose de la forme. Et les animaux très expressionnistes et colorés d'Isolde Wawrin transmettent une énergie presque primitive à les regarder. L'hôtesse des lieux Eva Linder, nous présente la diversité de son travail toujours renouvelé, qui peut être très discret avec des mélanges de matériaux ou passer par de puissants rouges profonds. Dominique Singer, présente ses sculptures toujours très expressives, dont des ailes qui semblent s'envoler, tandis que la grande sculpture taillée d'un bloc dans un tronc et qui semble danser dans un coin d'Alain Ligier a la grâce d'un geste très touchant.


La Villa EDA - Anno Sieberts - Eva Linder - Photo:lfdd 

La Villa EDA - Arno Goehringer - Photo:lfdd

La Villa EDA - Arno Goehringer - Photo:lfdd

La Villa EDA - Anno Sieberts - Eva Linder - Photo:lfdd

La Villa EDA - Eva Linder - Dominique Singer - Photo:lfdd

La Villa EDA - Ursula Reichart - Photo:lfdd


La Villa EDA - Isolde Wawrin - Photo:lfdd

La Villa EDA - Dominique Singer - Photo:lfdd

La Villa EDA - Alain Ligier - Photo:lfdd



La Case à Preuschdorf


Autre étape au Nord de Strasbourg, la Case à Preuschdorf où les dessins de Jean-Pierre Brazs et Dominique Haettel vous accueillent toujours sur la façade de cette belle maison alsacienne que Miriam Schwamm a rénovée pour la transformer à la fois en atelier, lieu de résidence et (très) grand espace d'exposition. 


La Case à Preuschdorf - Jean-Pierre Brazs - Dominique Haettel - Photo: lfdd

La Case à Preuschdorf - Dominique Haettel - Photo: lfdd

La Case à Preuschdorf - Miriam Schwamm - Dominique Haettel - Photo: lfdd


Les expositions se déplient à la fois sous l'énorme toiture du hangar en face de cette belle maison à colombages qu'à l'intérieur, dans le couloir et les deux pièces donnant sur la rue, mais aussi quelquefois dans la cave avec un puit souvent "habité" par des oeuvres. Sous le hangar était d'ailleurs déployé un grand patchwork fruit d'une résidence d'étudiants de la HEAR et une peinture de Pierre Gangloff dont une installation des oeuvres occupe en permanence jusqu'au 31 décembre, un lieu tout proche, également rénové par Miriam Schwamm et ses équipes, la galerie Puit 1 et cela tous les jours de 15h00 à 22h00. Dans la cour, se trouvent également plein d'oeuvres dans des meubles et une installation-mémoire de Miriam Schwamm ainsi que le travail en cours de Françoise Maillet, les Quatre Saison en mémoire d'un Ziginer.


La Case à Preuschdorf - Pierre Gangloff - Etudiants de la HEAR - Photo: lfdd

La Case à Preuschdorf - Françoise Maillet - Photo: lfdd


Et l'atelier, bien grand et chauffé où se trouve la presse regorge de trésors et d'oeuvres diverses, avec souvent les artiste qui continuent à y travailler, ce qui permet d'échanger avec eux, comme c'était le cas pour la dernière exposition avec Françoise Maillet et Anja Roth. Anja Roth qui montre aussi montre la diversité de son travail dynamique, coloré et engagé dans un dernier lieu, la grange traversant jusqu'au jardin et qui offre une belle surface.


La Case à Preuschdorf - Anja Roth - Photo: lfdd

La Case à Preuschdorf - Anja Roth - Photo: lfdd

La Case à Preuschdorf - Anja Roth - Photo: lfdd

La Case à Preuschdorf - Anja Roth - Photo: lfdd


Dans la maison, nous avons d'une part le travail de Miriam Schwamm, ses très beaux "dessins de musée" et l'installations qu'elle a réalisé à distance avec Véronique Menet. Et dans la Kleens Stub, un espace intime propice à la réflexion et au repos, Isabelle Thelen déploie une installation entre nostalgies et mémoire, une ouvre pleine de poésie qui interroge aussi la place de la femme dans l'art, question qui traverse d'ailleurs, vous l'aurez remarqué tout le lieu.


La Case à Preuschdorf - Miriam Schwamm - Photo: lfdd

La Case à Preuschdorf - Miriam Schwamm - Véronique Menet - Photo: lfdd

La Case à Preuschdorf - Isabelle Thelen - Photo: lfdd


Ces expositions sont terminées mais il vous reste jusqu'au 31 décembre pour aller voir le travail de Pierre Gangloff (ce n'est pas le frère de Catherine) à la Galerie du Puit 1:


Galerie du Puit 1 - Pierre Gangloff - Photo: lfdd

Galerie du Puit 1 - Pierre Gangloff - Photo: lfdd

Galerie du Puit 1 - Pierre Gangloff - Photo: lfdd



A suivre....


La Fleur du Dimanche

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