Suite à la sortie de son quinzième album depuis ses débuts en 1991, Un monde réel, Dominique A effectue une tournée en France (et même à Bruxelles le 1er juillet et à Lausanne le 13 octobre). Donc après l'Olympia le 26 janvier, et de nombreux lieux en France et à l'étranger, et déjà de nombreuses dates passées fin 2022, le voilà qui arpente la France transversale. Ce qui lui fait dire qu'il découvre de nouveaux endroits, comme cette salle de la MAC - Maison des Arts et de la Culture - Relais Culturel à Bischwiller avec un couloir central qui, dit-il lui donne envie de descendre les marches et de s'immerger dans le public. Il ne le fera pas pendant le spectacle, mais ce sera, pour les saluts avec les musiciens, qu'il partagera la joie des spectateurs debout après un magnifique concert de deux heures et quart.
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Dominique A - Photo: lfdd |
Et c'est avec ses complices du dernier disque, qu'il apparaît, noir dans le noir sur la scène: Sébastien Boisseau à la contrebasse, Etienne Bonhomme à la batterie, Julien Noël aux claviers orgue Hammond et piano électrique, David Euverte au piano et Sylvaine Hélary aux flutes traversières. Une équipe restreinte mais qui amène quand même de la puissance et de la variété aux différentes chansons. On n'en est pas au solo guitare voix intimiste. D'ailleurs tout au long du concert, on passe d'un côté intime à des explosions d'énergie.
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Dominique A - Photo: lfdd |
Dominique A oscillant de chanson douces ou nostalgique à des montées en puissance où et lui et ses musiciens se donnent à fond, débordements d'énergie soulignés par les effets de lumière palpitants dans le stroboscopique fait main. Il faut saluer les éclairages bien pensés et variés et apportant une belle atmosphère, les carrés de lumières colorées changeant le décor selon les ambiances ou se transformant en croix inquiétantes.
Le concert commence avec des titres du nouvel album, en premier Le dernier appel de la forêt:
Dernier appel, dernier appel de la forêt
Les séismes et les avalanches
Les virus et les incendies
Ça ira, ça va non merci
C'est assez que la Terre penche
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Dominique A - Photo: lfdd |
Il enchaîne quelques titres de l'album et l'on peut apprécier la qualité de la sonorisation où l'on entend la voix claire et transparente du chanteur, les mots et les phrases arrivent distinctement, on peut en goûter toute la poésie. La voix monte dans les aigus en nous enroulant dans douceur. La contrebasse de Sébastien Boisseau pose le rythme, nous embarque sur son tapis de cordes, Etienne Bonhomme mène sa batterie avec doigté, sans brusquer ni en faire trop, soulignant la ligne mélodique, tenue aussi par les variations du piano joué avec virtuosité et invention par David Euverte et Julien Noël qui alterne entre le synthétiseur et le piano électrique, tandis que les notes jouées à la flûte par Sylvaine Hélary s'envolent et virevoltent. Dominique A, lui, est totalement immergé dans ses paroles et sa musique, soulignant d'ondulations de la main les paroles qui s'enroulent, puis incarnant au plus profond le rythme et la musique, poussant avec toute une énergie débordante les variations musicales comme un danseur chef d'orchestre.
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Dominique A - Photo: lfdd |
Il revient à ses anciens disques, et picore de-ci de-là des chansons, des airs connus et d'autres moins, interroge le public à l'occasion du morceau Bowling si la ville en était doté d'un tel lieu de convivialité - ou pas. Il nous chante avec ses talents de poète, l'attente, les bistrots, la mer et ses paysages, la campagne, nous offre des poèmes, à l'image d'une description de Flaubert, la nostalgie, ou la désillusion.
Ses textes sont tirés au cordeau, le regard aiguisé, et l'on sent à la fois une grande tendresse et une bonne dose de violence. Et cela fait du bien quand tous les musiciens avec lui montent en puissance et s'embarquent dans un rock dur, presque le punk qu'il a côtoyé à ses débuts.
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Dominique A - Photo: lfdd |
Et cela fait du bien aussi quand il nous rappelle de grands tubes, Antonia, l'Horizon, Le courage des oiseaux, et nous sommes très émus avec lui quand il nous chante, en hommage à Alain Bashung Immortels, la chanson qu'il avait écrite pour lui:
Je ne t'ai jamais dit
Mais nous sommes sommes immortels
Pourquoi es-tu parti avant que je te l'apprenne?
Le savais-tu déjà?
Avais-tu deviné?
Que des dieux se cachaient sous des faces avinées
Mortels, mortels, nous sommes immortels
Je ne t'ai jamais dit mais nous sommes immortels.
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Dominique A - Photo: lfdd |
Dominique A n'est pas seulement poète, il est aussi engagé et solidaire, et nous dit qu'il faut faire Avec les autres
Tout ce temps qu'il nous faut, pour y voir quelque chose
Mais nous avons saisi, que les saisons viraient
L'oracle est pris de court, ça n'est plus un secret
Que l'iceberg transpire et la dune apparaît
Nous n'irons bien qu'avec les autres
Nous n'irons loin qu'avec les autres
Après un très beau concert où nous avons pu apprécier autant les nouvelles chansons que las anciennes, lui et ses musiciens nous offrent encore un généreux rappel de presqu'une demi-heure et le bonheur est dans la salle et dans nos coeurs et nous le devons à la générosité de ce poète chanteur et musicien de talent.
La Fleur du Dimanche
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