Avec Silvia Gribaudi, il n'y a pas que le spectacle, il y a aussi l'avant-spectacle et l'après-spectacle. A Pôle Sud, il y a eu un après-midi convivial autour de café et de gâteaux italiens (hhmmm le Panettone) et la projection d'un film, reportage où l'on suit son travail de sensibilisation auprès de femmes d'un certain âge. Et après le spectacle, tout ce beau monde (les spectateurs et les artistes) s'est retrouvé autour d'un délicieux apéritif italien offert par l'Institut Culturel Italien. Cela va droit dans la philosophie de la chorégraphe qui met le corps au coeur de sa réflexion sociale en plaçant le dialogue avec le spectateur au centre de son travail.
La pièce Monjour commence par un échauffement du public, dirigé par la chorégraphe invisible (au premier rang du public) alors que la scène est vide. Pendant presque toute la pièce, elle restera là, discrète par la présence mais n'arrêtant pas de demander au public d'être actif dans ce spectacle "participatif" où les applaudissements comme les chants en choeur du public font partie du déroulement de la pièce. La participation dansée du public se résume à un tour de valse d'une seule volontaire - participation limitée sûrement attendue, tout comme les applaudissements qui n'en finissent pas, qui s'étirent et renaissent, comme soutirés de force, peut-être justement pour permettre au spectateur une prise de conscience de son statut de badaud - baron à claque.
Sur scène, cela démarre par un défilé un peu grotesque de cinq hommes, nus comme des vers qui arrivent cependant à cacher leur sexe tout en traversant la scène de droite à gauche et de gauche à droite au rythme (1,2,3,4,5,6,7,(8)) lancé par la chorégraphe avec le public. On lui annonce la magie, l'illusion, le théâtre et à la fois la danse et la musique, le cirque, tout en définitive. Et pour le public! "It's for you!" C'est pour vous - cadeau... Les danseurs sont effectivement très agiles et passent de mouvement de danse classique à de la danse de rue, des acrobaties et des tours d'agilité. On balance entre d'enjoués mouvements d'ensemble sur des morceaux de musique classique (Rossini entre autres), et des épisodes qui ressemblent à des tours de clowns ratés.
Et on navigue effectivement d'éclats d'énergie, comme dans un manège qui tourne à pleine vitesse, grâce aussi à toutes les superbes animations en fond de scène, dans un style très commic's américain crées par Francesca Ghermandi. On y voit un danseur s'envoler presque pour de vrai, un panoramique où l'on passe dans une course effrénée à travers de multiples scènes variées (de théâtre, de cirque, de plein air) et vides, avec quelques personnages (dont des trapézistes). Les danseurs, acrobates et comédiens varient entre un engagement forcené et des attitudes désabusées, soufflant le chaud et le froid sur scène, cassant le lien magique et fascinant qui les lie aux spectateurs, tout en sachant rattraper l'attention et l'empathie et sauvegarder l'addiction et le plaisir du spectateur au spectacle.
Car en définitive, Silvia Gribaudi joue avec nous à nous titiller et nous faire rentrer dans son jeu tout en nous mettant en garde face aux mécanismes de la publicité et du spectacle en général qui nous envoûte et nous transporte pour nous tromper d'une certaine manière. Elle cherche à nous rendre attentif, chacun et chacune à nos propres fonctionnements "en état de marche", pour nous faire avancer tout en restant sur un versant ludique et divertissant. Une ré-jouissance en quelque sorte...
La Fleur du Dimanche
Pôle Sud du 25 au 27 novembre 2022
Avec Silvia Gribaudi, Salvatore Cappello, Nicola Simone Cisternino, Riccardo Guratti, Fabio Magnani et Timothée-Aïna Meiffren
Conseil dramaturgique : Matteo Maffesanti
Dessins : Francesca Ghermandi
Création lumières et direction technique : Leonardo Benetollo
Musiques : Nicola Ratti
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Production : Zebra
Coproduction : Torinodanza Festival – Teatro Stabile di Torino – Teatro Nazionale / Teatro Stabile del Veneto Carlo Goldoni / Les Halles de Schaerbeek, Bruxelles
Avec le soutien de MIC
Projet réalisé dans le cadre du projet « Corpo Links Cluster » réalisé par Torinodanza Festival – Teatro Stabile di Torino – Teatro Nazionale / Malraux scène nationale Chambéry et Savoie / Associazione Dislivelli / Université Savoie Mont-Blanc, soutenu par le Programme de Coopération PC INTERREG V A – Italie-France (ALCOTRA 2014-2020)
Avec le soutien de Centro di Residenza Emilia-Romagna (L’arboreto Teatro Dimora | La Corte Ospitale) / ARTEFICI. Residenze Creative Fvg Artisti Associati / AMAT, Comune di Pesaro, Residenze Marche Spettacolo / ARMUNIA, Festival Inequilibrio / Lavanderia a Vapore – Centro di residenza per la danza / ATER Fondazione, Teatro Comunale Laura Betti di Casalecchio di Reno / IntercettAzioni – Centro di Residenza Artistica della Lombardia – progetto di Circuito CLAPS e Industria Scenica / Milano Musica / Teatro delle Moire / Zona
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