mercredi 15 décembre 2021

Music all - Toute la musique (que j'aime): Le cas barré par Berrettini, Capdevielle et Marin..

 Music all créé et joué par Marco Berrettini, Jonathan Capdevielle et Jérôme Marin au T2G - Théâtre de Gennevilliers - dans le cadre du Festival d'Automne à Paris est, à l'image de  son décor un monument d'étrangeté, un spectacle transgenre, à la marge, la lisière. Une inquiétante étrangeté qui cependant nous ravit et nous transporte, nous emmènes dans des univers à la limite du rêve et du fantasme.


Music all - Marco Berrettini - Jonathan Capdevielle - Jérôme Marin - T2G - Festival d'Automne


Cela commence dans cet univers étrange, que l'on identifie comme une aire de jeu (au bord d'une autoroute) avec un tourniquet, une balançoire et une cabine téléphonique dans un coin, un haie qui nous isole du monde, de la circulation, dans une ambiance brumeuse. S'y meuvent, si peu au début, trois "personnages", car il s'agit bien de personnages, transformés en (très) "jeunes filles" qui se balancent lentement, d'abord l'une puis l'autre puis la troisième, en silence dans une fausse dans de pole dance. Il n'y a ici aucune volonté de vraisemblance, nous sommes dans la représentation (The show must go on) mais en même temps nous sommes confrontés à cette inquiétude et ce danger sourd qui pourrait rôder sur ce lieu étrange.

 

Music all - Marco Berrettini - Jonathan Capdevielle - Jérôme Marin - T2G - Festival d'Automne


Mais l'on bascule aussi vers le clinquant du show à paillettes et Lily Marleen qui nous chante "Wenn du Geburtstag hast.." ou le remake du cocnert de Whitney Houston et "I will Always Love You". La pièce navigue entre théâtre, danse et show, les frontières débordent, se gomment, cela se passe aussi à la marge, les trois protagonistes qui ont conçu le spectacle venant de ces différents univers. Marco Berrettini, arrivé à la danse par le disco puis passé chez Pina Bausch et Georges Apaix nous fait profiter de sa capacité à bouger comme un dieu, Jonathan Capdevielle passé par la marionnette et le théâtre de Gisèle Vienne apporte l'univers du théâtre et de la narration, Jérôme Marin qui s'est rapidement orienté vers le cabaret entre la chanson intime et Brecht nous engage dans une relation plus fragile entre salle et scène. Le spectacle joue aussi sur ces moments de fragilité, d'erreur, d'attente, d'hésitation ou de faux départs, installant un léger décalage, un soupçon d'inquiétude. Des moments où, étrangement le téléphone sonne, et les appels sont surprenants. Comme sont surprenantes, des apparitions semblables aux films de Méliès d'un personnage chenille puis papillon, interprété par le comédien "cascadeur" Franck Saurel qui apporte sa part de magie - et d'humour - dans le déroulement. N'oublions pas le personnage du musicien - la voix magnifique de Théo Harfoush - Ilel Elil - qui a fait la superbe musique de la pièce, et qu'il interprète à la voix et au violoncelle ou qu'il a adapté (avec Vanesa Court) pour les trois comédiens danseurs parmi quelques tubes revisités.


Music all - Berrettini - Capdevielle -  Marin - T2G - Festival d'Automne

Ces trois compères qui se permettent une pause philosophique et acrobatique sur le portique à quatre mètres du sol pour déguisés en Margueritte "Dureich", la caricaturer dans un délire comico-philosophique sur "Détruire,...", le communisme et agrémenté d'un "private joke" pour Mathieu Amalric, présent dans la salle en cette soirée de dernière.


Music all - Marco Berrettini - Jonathan Capdevielle - Jérôme Marin - T2G - Festival d'Automne
  

La pièce louvoie entre nostalgie, humour, critique un brin caustique, politique (le show "business"), spectaculaire, clinquant, nostalgie, fragilité, ou même risque, avec cette sourde impression de danger, d'agression envers les personnages que l'on peut quelquefois imaginer très jeunes. En tout cas nous nous sommes payés un très beau voyage immobile sur cette aire d'autoroute, à travers ces univers et ces chansons décalées vers des états d'esprits variés et des ambiances surprenantes pendant près de deux heures que nous n'avons pas vu passer.

La Fleur du Dimanche


Music all

MARCO BERRETTINI
JONATHAN CAPDEVIELLE
JÉRÔME MARIN
Music all
Conception et interprétation, Marco Berrettini, Jonathan Capdevielle, Jérôme Marin
Musique live, Théo Harfoush
Cascadeur, Franck Saurel
Assistant artistique, Louis Bonnard
Scénographie et lumières, Bruno Faucher
Costumes, Colombe Lauriot Prévost
Création sonore, Vanessa Court
Production déléguée Association Poppydog; *Melk Prod.
Coproduction L’Arsenic – Centre d’art scénique contemporain (Lausanne); ADC – Genève; CCN2 – Centre chorégraphique national
de Grenoble dans le cadre de l’accueil studio ; Manège, scène nationale – Reims; Le Théâtre des 13 vents – Centre dramatique national de Montpellier; Théâtre de Lorient – Centre dramatique national; Centre dramatique national Orléans Centre-Val de Loire; La Rose des vents, scène nationale Lille Métropole Villeneuve d’Asq; MC2:Grenoble; Lieu Unique – centre de culture contemporaine de Nantes; T2G – Théâtre de Gennevilliers, centre dramatique national; Festival d’Automne à Paris
Coréalisation T2G – Théâtre de Gennevilliers, centre dramatique
national; Festival d’Automne à Paris
Remerciements au Théâtre Nanterre-Amandiers, centre dramatique
national
Avec le soutien de la fondation Schweizerische Interpretenstiftung
et de la fondation Ernst Göhner

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