Le chorégraphe qui s'est aussi déjà frotté aux arts plastiques nous présente ici une performance originale construite avec un choeur de chambre à voix mixtes, l'ensemble vocal a capella Campana.
Où comment se faire sonner les cloches en faisant de la polyphonie corse, ou plutôt en chantant une cantate de Bach. La BWV 384 "Nicht so traurig, nicht so sehr" qui dit en substance:
"Nicht so traurig, nicht so sehr,
Meine Seele, sei betrübt,
Dass dir Gott Glück, Gut und Ehr
Nicht so viel wie andern gibt.
Nim vorlieb mit deinem Gott:
Hastu Gott, so hats nicht Noth."
Et en résumé: "Ne sois pas trite si Dieu te donne moins qu'aux autres, si tu as Dieu, tu n'as pas de besoin..."
Mais ne vous inquiétez pas, il ne s'agit pas d'une messe, même si l'apothéose finale est une magnifique choeur polyphonique sous forme de prière et qui prend aux tripes.
Le spectacle interroge le corps et le coeur. Et concrétise la solidarité d'un groupe de chanteuses et de chanteurs, dans leur rapport les uns aux autres, et au public, ainsi qu'à la représentation, au spectacle, ses règles et ses rituels, qui vont être détournés, transgressés et pervertis.
Nous assistons à de multiples interprétations et variations de cette cantate sous toutes ses formes, en accéléré, au ralenti, en silence ou interprété en solo par une femme alors que l'on entend une voix d'homme ou l'inverse. Ou encore, avec des perturbations comme de n'entendre que, dans une procession chantée, la voix du chanteur qui passe dans un carré de lumière. Ou de voir - et d'entendre six solistes se faire triturer, bousculer, porter, par le reste du choeur et d'entendre les effets de ces manipulations physiques.
Une autre variation sera de faire bouger les vingt choristes et leur chef de choeur de multiples façons, dans une mise en espace ludique et quelquefois humoristique, tout en adaptant l'interprétation à ces mouvements. Dont par exemple des tableaux animés vivants et chantants, avec la musique qui se retrouve à l'unisson de cette mêlée.
Chorus - Mickaël Philippeau - Photo: Julie Lefèvre |
Les corps eux-mêmes sont très vivants et réels, chaque interprète ayant sa personnalité, son individualité marquée et ses caractéristiques morphologiques qui ne sont ni aseptisées ni noyées dans une masse homogène. Et c'est, au-delà de la musique et du mouvement qui fait spectacle, là où la pièce de Phelippeau nous parle. Et elle parle de nous, de notre fragilité, de nos individualités et nos différences, et du lien, du rapport à l'autre, de la communauté.
Et, avant de finir, après un ultime trait d'humour (le karaoké), le choeur nous rejoint, nous, public, pour nous inclure et nous intégrer dans une interprétation englobante dans le noir où nous sommes tous unis dans un cocon de musique. Et nous sommes tous en coeur et encore en corps...
Pour le reste des spectacles du festival Extradanse, le programme est sur le site de Pôle Sud ici:
http://www.pole-sud.fr/festival-extradanse/programme
Bon Spectacle
La Fleur du Dimanche
Chorus
Chorégraphie : Mickaël Phelippeau
Collaboration artistique : Marcela Santander Corvalán
Interprétation : Ensemble a capella Campana
Sopranos : Fiona Ait Bounou, Rapahële Andrieux, Marielle Khoury, Catherine Quillet, Nicole Tousten, Camille Vourc'h
Altos : Laure Gendron, Chantal Haon, Claudie Pabst, Françoise Poncet, Valentin Roulliat - Haute-contre, Corinne Scholtes
Ténors : Gilles Aumjaud, Thierry Denante, Jean-Paul Joly, Lionel Roux - Chef de Chœur, Renaud Mascret
Basses : Yvon Dumas, Alain Iltis, Fabrice Lebert, Raphaël Marbaud, Jean Ribault, Jacques Vachier
Création lumière : Alain Feunteun
Régie lumière : Abigail Fowler
Son & montage vidéo : Vivian Demard, Romain Cayla
Arrangement musical pour vidéo : Pascal Marius
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