Pole Danse... à l'Ouest, le cirque !
A l'ouest de Strasbourg, il y a le Théâtre de Hautepierre, dans le quartier homonyme, qui était la résidence partagée des Migrateurs (la structure de résidence et de diffusion des arts du cirque - mais ils ont décidé de mettre la clé sous la porte le 4 mai 2017) et des Percussions de Strasbourg (attention prochain concert "Precustra" -gratuit - le 17 mai 2017)...
Le spectacle du duo Boris Gibé & Florent Hamon, (compagnie Les Choses de rien) "Bienheureux sont ceux qui rêvent debout sans marcher sur leurs vies" s'inscrit dans l'inspiration "arts du cirque", bien qu'ils se revendiquent "faiseurs d'images et créateurs d'installations plastiques en mouvement". C'est là que nous sommes le plus en phase avec le duo. Le spectacle démarrant par une série de tableaux "vivants" et surprenants où les choses et la scène sont habités et nous racontent des histoires sans "humains" mais poignantes sur nous, notre environnement, la technique, la solitude, la communication. Et cela en n'usant que de peu de choses, très sensibles et qui nous immergent dans un univers que l'on aurait aimé voir exploré plus. Cela aurait pu continuer sur cette lancée. Quand les circassiens apparaissent sur la scène, même si l'on sent qu'il y a du travail derrière le reste du spectacle qui dure une heure, que les deux compères sont de bons acrobates, qu'ils ont quelques bonnes idées qu'il vont déployer devant nous et qu'il ont bénéficié de multiples collaborations et regard extérieurs, la tension baisse.
Extradanse Strasbourg - Boris Gibé & Florent Hamon - Bienheureux sont ceux qui rêvent... - Photo: Gérald Lucas |
Ce n'est peut-être qu'une question de réglage, de concentration, de niveau. Les bruitages et les musiques proposées sont excellents, mais pas toujours au bon niveau, à la bonne balance. Cela donne du bruit et de la fureur au lieu ne nous construire cet univers sonore qui nous emmènerait avec eux dans leur voyage et leur délire. Au niveau du mouvement, c'est le cas aussi - le diable se niche dans les détails - une plus grande concentration et une incarnation des personnages nous rendrait plus crédible les péripéties qui se succèdent sur scène. Ici, cela ressemble un peu trop à un terrain de jeu alors que l'enjeu est plus haut, plus fort. Des spectateurs se prennent au jeu mais est-ce cela qui est visé? On se le demande, surtout quand certaines "ruptures" nous laissent carrément en plan ("à cause des stagiaires"). Nous voudrions bien rêver avec les bienheureux, mais nous aurions besoin d'un peu plus de conviction pour marcher dans leurs pas, et qu'ils nous emmènent carrément "A l'Ouest !"...
Bienheureux sont ceux qui rêvent debout sans marcher sur leurs vies - Mouvinsitu
Pôle Danse... au Sud la Boxe
Extradanse Strasbourg - Pôle Sud - Rocco - Emio Greco et Pieter C. Scholten - Ballet national de Marseille - Photo: lfdd |
Le deuxième spectacle de ce deuxième set d'Extradanse prend place au Sud, à Pôle Sud avec "Rocco" d'Emio Greco et Pieter C. Scholten avec le Ballet national de Marseille. Et comme le laisse deviner le titre, il va s'agir de Boxe. En l'occurrence de deux duos essentiellement, deux "souris" rat d'opéra qui dansent la boxe et de deux boxeurs qui vont bouger la danse comme des boxeurs sans vraiment boxer. Le dispositif de la boxe est totalement reconstitué, avec le ring, la cloche, les rounds, les rythmes et les techniques de la boxe - le combat, le combat rapproché, l'accrochage, la couverture, l'esquive, le K.O., toute un vocabulaire et une grammaire que les deux duo transposent et incarnent à merveille dans leur art chorégraphique, dans leurs corps totalement impliqués, dans leurs mouvement, summum du mariage de la danse et du sport viril, physique, corporel et esthétiquement parfait sur scène.
Extradanse Strasbourg - Rocco - Emio Greco et Pieter C. Scholten - Ballet national de Marseille - Photo: Thierry Hauswald |
La scénographie et les lumières nous baignent, nous immergent et nous happent dans ce spectacle total, au plus près des corps (certains spectateurs se retrouvent d'ailleurs sur scène au pied du ring à la merci des éclaboussures du combat qui se déroule sous leurs yeux, non feint. Il faut féliciter la précision de la chorégraphie - car c'en est une - et des mouvements des quatre danseurs Alejandro Alvarez-Longines, Denis Bruno, Vito Giotta et Angel Martinez-Hernandez). Ce n'est pas un combat de boxe mais bien un spectacle réglé au millimètre - qui ne faiblit pas pendant une heure dix de combat qui finit en apothéose par un quatuor sans merci auquel nous assistons. Et le public ne se trompe pas en leur faisant une longue standing ovation. Ils l'ont bien mérité et nous, nous avons vibré avec eux au plus intime de nos muscles.
ROCCO - Ballet National de Marseille
Bon spectacle
La Fleur du Dimanche
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