Annoncé au Printemps - mais le Festival, lui est là - pour nous réchauffer un peu dans notre soif de mouvement, pendant une grosse semaine, vous pouvez faire votre choix dans la diversité des propositions qui naviguent entre Danse et performance.
L'enjeu est fixé par Joëlle Smadja, directrice de Pôle Sud, à l'origine du Festival et qui supervise le programme, dans son texte introductif:
"Comment réinventer le monde en tenant compte de ce qui nous constitue sans se renier ni s’immobiliser ?
Comment rendre compte finalement de ce passage du temps sur les choses et en proposer un lendemain ?"
Et les débuts, depuis mardi 21 mai, laissent augurer d'un programme qui devrait vous satisfaire, voire vous décoiffer.
Pour les premières pièces, le rapport entre les mots, les sons, la parole, le mouvement et le silence semblent filer comme un enjeu d'une pièce à l'autre.
Dans le spectacle de Benoît Lachambre, "JJ'S VOICES", un des panneaux, haut placé annonce "Listen" - écoute... écoute la/les voix de Janis Joplin et son mouvement de déstabilisation des danseurs, déstabilisation du spectateur également, qui peut-être attend soit un ballet, soit un concert.
Mais rien de tout cela: des plages de silence entre les morceaux chantés de Janis Joplin, silences lors desquels on peut s'interroger sur l’identité et l'individualité, avec la vision de ces jeunes danseurs, habillés semblablement dans leur veste-sweat à capuche-cagoule. Un univers hanté, virtuel, comme dans les jeux vidéo, sans âme? Mais l'âme vient avec la voix tonique et fragile à la fois de Janis Joplin, qui emporte les danseurs dans des transes électriques.
Le spectacle est encore joué ce vendredi au Maillon - qui est coproducteur de ce spectacle et de celui de Mathilde Monnier "Twin Paradox", le 29 et 30 mai - au Wacken à 20h30.
Pôle Sud cultive d'ailleurs les partenariats, en particulier avec le FRAC Alsace qui accueille ce dimanche le début d'une "Journée Particulière", avec Clédat et Petitpierre avec "Comme un Gant" et Guillaume Desange avec "Signs and Wonder", puis migre au Musée de la Folie Marco avec "Micro-événement N°43/Mariages" de Tsuneko Taniuchi, puis au Château du Spesbourg avec les Blanche-Neige" de Catherine Bay et "Corps Nature" de Androa Mindre Kolo.
Le spectacle "Les Etonnistes #2" avec Yan Duywendak, Julie Nioche, Michel Schweitzer (que l'on reverra vendredi dans le spectacle "Fauves") et Chloé Moglia, dans une conception de Stéphanie Aubin, présenté ce jeudi était d'ailleurs en plein dans le fil de la parole et de la sensation, avec une salle coupée en quatre, par le biais de casques qui attachaient le spectateur à l'un des quatre interprètes, puis à un deuxième, tentant d'expliquer par ses moyens propres l'objet de l'art et son utilité. L'art pouvant être la danse mais aussi la poésie - telle Chloé Moglia citant Bernard Noël: "Nous n'aurons jamais assez de peau pour toucher le monde et être touchable", ou Jan Duwendack, via les chansons de Nicole Rieu ou Léo Ferré - le poème de Verlaine "Art Poétique" - texte et chanson plus bas ou encore "Cézanne peint" que chantait France Gall.
La chanson - et le récit d'une vie professionnelle - étaient également le fil du spectacle pleinement assuré, à tous les sens du terme, par Andréa Sitter dans "La 5ème position, une chronique dansée", pleine d'émotion, de charme et d'humour.
Femmes Couvertes de Fleurs regardant Andrea Sitter - Nouvelles - Pôle Sud Strasbourg - Photo: lfdd |
L'humour s'est d'ailleurs invité dès l'ouverture du festival avec la pièce "JINX103" de Josef Trefeli, superbe duo enlevé et tournoyant de Josef Trefeli et Gabor Varga, qui, prenant la mesure de leur corps, jouent sur le déséquilibre et la proximité du spectateur en revisitant les règles des danses folkloriques et en les dépoussiérant d'une manière explosive.
Les danses folkloriques que la compagnie "le Grand Jeu", emmené par le toujours dynamique Louis Ziegler, avec la troupe de danse folkloriques "D'Kochloeffel" propose aussi de faire se mélanger avec l'improvisation de la danse contemporaine et que le festival va confronter à un public non captif, vu que cela se passera devant la Médiathèque André Malraux ce samedi 25 mai à 17h00, pour tout un chacun qui aura la curiosité de venir, de passer et de s'arrêter.
Alors, faites votre choix et entrez dans la danse!
Bons spectacles
La Fleur du Dimanche
P.S. Je vous avais promis Verlaine et Ferré, les voilà, accompagnés de Nicole Rieu, avec la chanson du Prix Eurovision de la chanson de 1975 "Et bonjour à toi l'artiste"
Art Poétique"
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.
C'est des beaux yeux derrière des voiles
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est par un ciel d'automne attiédi
Le bleu fouillis des claires étoiles!
Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance!
Oh! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !
...
Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature."
Paul Verlaine
Et Nicole Rieu - Eurovision 1975:
NICOLE RIEU ET BONJOUR A TOI L'ARTISTE par MADAGASCAR56
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