Le titre ressemble et rend hommage à un livre d'Annie Ernaux: Les Années. Une citation de ce livre qui parle de deux axes (l'un horizontal: ce qui est arrivé et l'autre vertical: juste quelques images) positionne à la fois le spectacle et la danse, elle aussi qui se joue des axes et des directions.
Quand nous entrons dans la salle, le studio de danse de Pôle Sud, nous voyons Marta Ciappina, en chemise blanche brodée et pantalon bleu marine qui semble répéter ou construire son spectacle sans s'inquiéter de nous. Elle prend des notes sur un cahier qu'elle tient dans la main. Au mur un tableau, presque romantique, paysage avec forêt et clairière qui se transforme en écran vidéo sur lequel apparaissent des textes, référence à une oeuvre en cours de production.
Gli Anni - Marco D'Agostin - Marta Ciappina - Photo: Michelle Davis |
Nous allons, tout au long du spectacle participer à construire, en nous aussi, le spectacle en nous mettant en empathie avec la danseuse qui ravive notre mémoire en passant des chansons, italiennes et françaises empreintes de nostalgie. Puis, elle nous plonge complètement dans le passé avec un jeu enfantin: compter les citrons: "Un limone, due limoni, tre limoni,..". Ce virelangue qu'elle mène jusqu'à épuisement (mille), en passant quand même quelques étapes ous silence avant de faire marche arrière et de rembobiner le décompte.
Gli Anni - Marco D'Agostin - Marta Ciappina - Photo: Michelle Davis |
Mais rassurez-vous, les chiffres vont faire sens et elle sort de son sac (à dos) au fur et à mesure des objets (indices et témoins silencieux) qui vont parsemer la scène du crime et se retrouvant affublé d'un de ces numéros jaunes (2, 8, 16, 18, 20, 24): la statuette en céramique d'un "schnauzer", un téléphone à cadran (jaune), une bouteille en verre, un casque audio (jaune), le sac à dos, une carte du Parti Communiste Italien (Numéro 2016) et un pistolet jouet qui fait "Bang".
Gli Anni - Marco D'Agostin - Marta Ciappina - Photo: Michelle Davis |
Elle parsème aussi la scène de pièces (lettres) de scrabble, à nous d'en tirer des mots ou de lire la lettre d'adieu de son amoureux qui l'a quittée. Tout cela bien sûr en dansant, d'une danse souvent disloquée et toute en cassure, brisure, faisant ressurgir des mouvements et passages chorégraphiés ou exercices passés (par exemple une pronosupitation ou divers exercices d'articulations, bras, coude, omoplate,...).
Gli Anni - Marco D'Agostin - Marta Ciappina - Photo: Michelle Davis |
En une petite heure, elle va ainsi nous mener à travers cette enquête d'une enfance rêvée à un univers plus clinique, scientifique puis politique pour arriver à des moments plus intimes puis une explosion de danse exubérante et explosive passée à toute vitesse, pour revenir au souvenirs d'enfance qui s'inscrivent sur l'écran sous forme de film de famille. Un juste balancement entre les années qui passent, s'inscrivant dans le corps et les images qui émergent tel le "Rosebud" du Citizen Kane. A vous de résoudre l'énigme.
La Fleur du Dimanche
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