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vendredi 15 juillet 2022
Jazz à la Petite France, c'est parti, tout un festival en plein été, à l'est et gratuit
La toute jeune manifestation strasbourgeoise Jazz à la Petite France revient en deuxième année avec une énergie sans pareille. Conçue et pensée comme un moment de rassemblement, de réflexion et de partage - c'est la crise sanitaire qui a incité les organisateur, dont Séverine Cappiello, directrice artistique, à fonder l'association Sturm Production -le projet est bien sûr de rassembler de manière festive le public et les artistes autour de la musique et du jazz sous différentes formes.
De quoi s'aérer la tête sous les maronniers de l'été, et en musique:
Jazz à la Petite France - Pas de prise de tête - Photo: lfdd
Le premier soir a (re)vu la jeune Mélissa Weikart, lauréate du tremplin (artiste émergente) à Nancy Jazz Puslation en 2022 après avoir déjà été présente à la première édition. La jeune franco-américaine vivant à Strasbourg nous a offert un délicat concert piano-voix à l'image du disque qu'elle a déjà sorti. Voici son clip "Ocean Song":
Suit le trio Back to C avec Pierre Coq-Amann avec son antiquité de saxophone, le C-mélody (en ut) de 1935, pour lequel il a composé ces différentes pièces entre cool jazz, jazz mélodie d'amour et ballades en hommage à Eric Satie, redécouvert sur le tard. Un style qui rend hommage à Esbjörn Swenson et son trio E.S.T avec Dan Berglund (contrebasse) et Magnus Öström (batterie et percussions). C'est avec Pierre Brouant au piano et le luxembourgeois Niels Engels qu'il joue cette musique de jazz du monde, inspirée de la pop et du classique. Eux aussi ont remporté un tremplin NJP, en 2021.
Jazz à la Petite France - Back to C - Photo: lfdd
Pour répondre aux règles de parité que s'est fixé le festival, le trio suivant, Qonicho D ! est intégralement féminin: Morgane Carnet aux saxophones baryton et alto, Blanche Lafuente à la batterie et Fanny Lafargues à la basse. Leur jazz punk et électrique rend hommage à Nirvanana (oups ! Nirvana de Kurt). Ils, pardon! Elles balancent une rythmique lourde et lancinante, des répétitions et des accélérations de phrasés avec force coups de boutoir de batterie et de basse, un jazz bien charnel et physique, un bel engagement du trio.
Jazz à la Petite France - Qonicho D ! - Photo: lfdd
Jazz à la Petite France - Qonicho D ! - Photo: lfdd
Jazz à la Petite France - Qonicho D ! - Photo: lfdd
Jazz à la Petite France - Qonicho D ! - Photo: lfdd
Jazz à la Petite France - Qonicho D ! - Photo: lfdd
La suite du programme est alléchant avec samedi 16 juillet:
Hector Javier Ayala à 17:30 - Il n'était pas seul, avec lui Christophe Rieger:
Jazz à la Petite France - HJ Alaya et Christophe Rieger - Photo: lfdd
Puis Circles and the trees avec Christine Clément à la voix - chant et poèmes de Guillevic entre autres, de très beaux textes qui nous emportent et nous font rêver. Nous fait aussi rêver la musique, reposante et originale, jouée au tarhu par Nicolas Beck, au saxophone par Christophe Rieger qui est revenu au groupe et Kalevi Uibo à la guitare. Un moment de quiétude et de rêverie, engagée pour la nature.
Jazz à la Petite France - Cercle and the trees - Photo: lfdd
Le groupe East Aces qui suit à 19:30 a été réuni par Claire Chookie Jack qui entreîne tout le monde avec sa basse, les musiciens (hommes) qui l'entourent ne sont pas en reste en terme d'énergie, un vrai feu d'artifice. Nicolas Tuaillon aux saxophones, Léo Gross à la batterie et Tom Chaize aux claviers nous soulèvent de nos sièges et nous insufflent une belle énergie.
Jazz à la Petite France - East Aces - Photo: lfdd
Jazz à la Petite France - East Aces - Photo: lfdd
Jazz à la Petite France - East Aces - Photo: lfdd
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Jazz à la Petite France - East Aces - Photo: lfdd
Pour clore cette superbe soirée, Julie Campiche et son quartet électro-acoustique monte encore d'un cran. La harpiste hélvète joue du jazz, en acoustique et en électronique, rajoutant de temps en temps quelques samples "engagés", par exemple des extraits du discours de Greta Thunberg en hommage à ses "vendredis" ou le morceau Aquarius en mémoire du bateau de sauvetage des migrants de SOS Méditerranée. Comme quoi la quadrature du cercle peut être trouvée avec un instrument original, un quatuor de jazz et un engagement citoyen. Aux saxophones, Léo Fumarelli nous berce de son son enveloppant, repris en écho, Clemens Kuratle et sa rythmique sans faille soutient le quatuor tandis que Manu Hagmann et sa contrebasse amène une belle pulsation. Julie Campiche, elle nous surprend en nous faisant découvrir un harpe jazz, avec toute une variété de jeu, de l'acoustique pur (jazz) à des effets électronique ou passant par des effets de sourdine, un jeu surprenant et magnifique. Le concert, engagé, l'est aussià l'image de ce festival en cohérence avec ses objectifs, de proximité de parité et d'accès pour tous. Et le public ne peut qu'être ravi du niveau de cette programmation.
Jazz à la Petite France - Julie Camapiche 4tet - Photo: lfdd
Jazz à la Petite France - Julie Camapiche 4tet - Photo: lfdd
Jazz à la Petite France - Julie Camapiche 4tet - Photo: lfdd
Et ce n'est pas fini, car, le programme de dimanche 17 juillet nous attend:
Lily Jung à 16:00: Son concert est un récital de chant du voyage, dans les steppes de Sibérie, de Mongolie et d'ailleurs. Sa voix, puissante, qui passe de l'aigu au grave nous enchanté et nous ensorcelle. Ses chants de chamanes accompagnés au tambour ou ses chants mongols diphoniques et avec sune voix de gorge nous emmènent dans des contrées mystérieuses. Ons sent son envie de partager ses culture et elle propose à ceux et celles qui peuvent être intéressé(e)s le 23 juillet à Poutay - encore sous l'égide du Festival, une Masterclass l'après-midi pour celles et ceux qui auraient envie d'expérimenter cette approche, et le soir à 20:30 un concert pour clore cette découverte.
Jazz à la Petite France - Lily Jung - Photo: lfdd
Ispolin à 16:30 indisponible pour cause de Covid est remplacé par une carte blanche à Michael Alizon aux saxophones, accompagné par Jean-Yves Jung à l'orgue Hammond et Jean-Marc Robin à la batterie. Le trio de vieux routards du jazz a monté à l'arrache un beau programme de jazz chantant et dansant et s'en sort allègrement. On sent qu'ils maîtrisent parfaitement le sujet et nous transportent dans un groove d'enfer.
Jazz à la Petite France - Michael Alizon - Photo: lfdd
Retour à la voix avec Alltag à 18:00. Jeanne Barbieri à la voix et aux sythés et Grégory Dargent entament un dialogue voix guitare complice, dialogue initié pendant la période de confinement. Des textes poétiques, dits et chantés subliment l'ordinaire et nous emmènent dans les hautes sphères de la sérénité. Avec Altag le quotidien est sublimé par la magnifique voix de Jeanne Barbieri et le phrasé souple de la guitare de Grégory Dargent. Leur mantra "Il faudrait que l'avenir fut là sans cesser d'être l'avenir" devient un refrain quantique que l'on prend et que l'on garde comme philosophie du quotidien.
Jazz à la Petite France - Alltag - Photo: lfdd
Pour clore le festival - et cette journée dédiée à la voix - qui de mieux qu'Inui, un groupe vocal original puisque le duo des chanteuses Clémence Reigal et l'italienne Valeria Vitrano, accompagnées par Maya Cros aux synthés et Dimitri Kogane à la batterie "dépotent". Leur dialogue décalé, en écho ou en contrepoint l'une de l'autre, nourris d'effets spéciaux, nous déstabilisent dans notre perception et les mots et les phrases rebondissent et tournoient à nous donner le vertige et nous faire perdre les repères. Leurs voix sont magnifiques et l'accord entre elles est parfait. La batterie et le synthé ne sont pas en reste et sont partie prenante à leur niveau de l'ensemble et se payent même le luxe de faire un duo endiablé et puissant. Inui c'est la musique des chamanes des temps modernes. Et le public ne s'y est pas trompé en leur réclamant un bis, qu'elles offrent avec leur poétique "Murmuration". Si vous les avez loupées, rendez-vous à Crest le 3 août où elles sont finalistes du tremplin international de jazz vocal du Crest Jazz Festival.
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