jeudi 17 février 2022

Même de Pierre Rigal au Rond-Point: C'est pas pareil à chaque fois, ça change, même si c'est la même chanson

En fait ce n'est pas une chanson, au départ, c'est un air dansé qui se répète, que les neuf moins un interprètes (alors qu'on nous en a annoncé neuf) répètent - ou font semblant de répéter dans une construction déconstruite qui se répète. D'ailleurs, l'air est aussi une boucle répétitive fabriquée en direct. On l'aura donc compris, Même de Pierre Rigal est une variation sur la répétition. Et nous en aurons des multiples, des répétitions, et des variations...  Poussant au comique, ou à ses limites ce processus, le comique de répétition ou la répétition comique du même avec ses variations. Au point de devoir recommencer du début. Ce qui arrive très vite, même avec la boucle musicale que, par inadvertance l'un des interprètes remet à zéro. L'occasion pour nous de comprendre sa construction, faite de quelques sons, de phrases apparemment - mais cette apparence est trompeuse - improvisées et de sons divers. 

Même - Pierre Rigal - Photo: Pierre Grosbois

Le spectacle va, à partir du moment où le retardataire est arrivé, nous proposer, en danse, en musique, en paroles et en chansons de multiples déclinaisons de ce que qui pourrait ressembler à une répétition: que ce soit, comme cela a commencé, la reprise et la répétition d'une même scène - ou phrase chorégraphique ou musicale - dans le même rythme, au ralenti ou en accéléré, ou à l'envers, même en effet larsen sonore ou vidéo (une belle invention chorégraphique et esthétique, - ou avec des variantes, par exemple pour des scènes déjà jouées, qui se rejouent avec un glissement des voix de l'un(e) à l'autre personnage, donnant à la scène un air un peu étrange, d'inquiétante étrangeté, de dissociation de soi. Un peu comme si je deviens un autre, tout en étant moi-même. Les moments d'échanges, entre le brûle-pourpoint et le bâton-rompu sont également des moments de bravoure. 

Même - Pierre Rigal - Photo: Pierre Grosbois


La pièce est également très souvent ponctuée par de la musique, le groupe Microréalité qui prend les mêmes comme musiciens, et de très beaux moment chantés, en particuliers avec Mélanie Chartreux. La musique est tout aussi déconcertante que la danse, entre le rock et le punk bruitiste. L'orchestre au grand complet avec guitare, basse, piano-synthétiseur, batterie et voix donnent l'élan et le rythme à cette folie délirante et ne laissent pas de répit dans ce rythme endiablé où l'on perds se repaires et où le même n'est jamais pareil. Au point  que quand on arrive à la fin, on se demande si cela ne ressemble pas à un début et que l'on a envie de rejouer la pièce au jeu des sept erreurs. 

Même - Pierre Rigal - Photo: Pierre Grosbois


Mais non, on va plutôt se la rejouer, plutôt qu'en blanc dans ce décor blanc et plat, en noir sur fond de montagne, dans une version "négative" mais toujours avec humour et en gardant la banane. Et en se remémorant quelques passages de franc délire et rire. 


La Fleur du Dimanche


Même


Création de Pierre Rigal pour le Festival Montpellier Danse les 6, 7 et 8 juillet 2016
Sur une musique en direct de Microréalité
Avec Pierre Cartonnet, Mélanie Chartreux, Antonin Chaumet, Gwenaël Drapeau, Julien Lepreux, Pierre Rigal, Denis Robert, Juliette Roudet, Crystal Shepherd-Cross
Collaboration artistique et costumes Roy Genty
Collaboration à l’écriture des textes Serge Kribus
Lumière Frédéric Stoll
Sonorisation George Dyson

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