Il reste quelques rencontres littéraires (dont le 13 mai un hommmage aux éditions Métaillié et le 17 mai au Conservatoire National de Région à Strasbourg un Concert-Lecture avec Stanislas Nordey et L'ensemble Accroche Note avec des textes de Jorge Luis Borges et quatre Traces de Martin Mattalon.
Pour ceux qui ne l'auraient pas encore vue, dépêchez-vous d'aller voir, à la Galerie Aedaen, l'exposition "Perro Callejero" (chien errant) des dessins de Fantine Andres qu'elle a réalisés lors d'une résidence à Buenos Aires.
Et surtout, allez voir "Maria de Buenos Aires" (jusqu'au 10 mai à Strasbourg, le 16 et 17 à Colmar), l'Opéra-Tango d'Astor Piazziolla et d'Horacio Ferrer.
Maria de Buenos Aires - Ballet de l'Opéra National du Rhin - Photo: Agathe Poupenay |
Cet "Operita en deux parties" dont la création date de 1968, d'avant l'arrivée à la célébrité du "Roi du tango" du XXème siècle Astor Piazzola est une pièce triple, mêlant musique, danse et théâtre. A l'occasion du festival Arsmondo, elle a été créée dans une chorégraphie de Mathias Tripodi avec le Ballet de l'Opéra National du Rhin sous la direction de Bruno Bouché et l'Orchestre La Grossa - Orchestre Tipica de la Maison Argentina, l'un des orchestres de tango les plus importants de France sous la direction de Nicolas Agullo. Ana Karina Rossi interprète Maria face au ténor Stefan Sbonnik et à Alejandro Guoyot, le récitant El Duende.
Maria de Buenos Aires - Ballet de l'Opéra National du Rhin - Photo: Agathe Poupenay |
La partition de Piazzolla mêle savamment des airs dansants et des chansons avec une partition naviguant entre orchestre de chambre à la limite du baroque et la musique populaire inscrite dans une tradition du pays, de la ville de Buenos Aires même et une élévation plus savante dans la virtuosité du compositeur qui réinvente et rehausse le genre. Car la pièce est ce savant mélange de cette histoire d'amour et de mort - et de renaissance continuelle - de Maria qui personnifie à la fois le Tango et la ville de Buenos Aires.
Autant la musique que le décor et l'ambiance procèdent de cet univers plus ou moins souterrain, sombre et pluvieux - il pleut des feuilles noires, des corbeaux - triste. Le décor, avec ses chaises abandonnées dans un coin, et les lumières, plutôt du clair-obscur, les costumes - vêtements et robes noires ou bleu nuit, ainsi que les projections des images du décor de Claudio Larrea, images de la ville, où, à part un passage un peu "art déco", l'architecture massive écrase la foule des danseuses et des danseurs et les acteur sur scène.
Maria de Buenos Aires - Ballet de l'Opéra National du Rhin - Photo: Agathe Poupenay |
Sur scène, les mouvements d'ensemble rendent bien le grouillement de vie de la ville et la chorégraphie de Mathias Tripodi apporte une variété des figures du tango dans des déclinaisons en groupe de danseurs solitaires ou des magnifiques mouvements des bras des solistes. Le texte d'Horacio Ferrer nous conte en mode rêve éveillé, limite cauchemar, la sombre traversée de la vie de la ville de Maria en pôles opposés, de la poésie aérienne et surréaliste à du langage argotique et vulgaire (lunfardia) plein de verve. Ce serait plutôt là que se cache le côté humoristique, presque grotesque de la pièce et ses éclats de rires outrés qui joue sur les aspects subconscients et psychanalytiques de l'histoire et sa transgression de la religion. De la naissance, renaissance, vie, ratée, et mort, vie fantôme et spectre, la pièce est une longue traversée d'un monde souterrain que vient de temps en temps éclairer un air de tango ou une comptine enfantine. Car même la lumière du soleil est une blessure.
Mais la musique et la danse transcendent cette atmosphère et la rendent supportable et même agréable.
Maria de Buenos Aires - Ballet de l'Opéra National du Rhin - Photo: Agathe Poupenay |
La Fleur du Dimanche
Maria de Buenos Aires - Ballet de l'Opéra National du Rhin
Strasbourg du 6 au 10 mai
Colmar le 16 et 17 mai
Distribution
Chorégraphie, décors : Matias Tripodi
Direction musicale : Nicolas Agullo
Assistante à la chorégraphie : Xinqi Huang
Costumes : Xavier Ronze
Lumières : Romain de Lagarde
Projections scéniques (photographies) : Claudio Larrea
Les Artistes
Maria : Ana Karina Rossi
Ténor : Stefan Sbonnik
El Duende : Alejandro Guyot
Ballet de l'Opéra national du Rhin, La Grossa - Orchestre Tipica de la Maison Argentine
Violon solo : Federico Sanz
Bandonéon solo : Carmela Delgado
Merci pour ce très beau texte. . Je suis pleinement d'accord avec vous. C'était un spectacle envoûtant.
RépondreSupprimerMerci Piero1809..
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