L'Art dans les Musées, même si quelquefois il appelle la "Réaction", est en quelque sorte protégé par les murs de l'institution. Quand il se trouve confronté - ou plutôt quand le quidam - est confronté à une expression artistique, le résultat peut être tout autre.
Mais dernièrement, nous avons été confrontés, dans le domaine de l'expression artistique, à un autre type de situation:
La fragilité, la discrétion, la prise de risque du retrait, du non spectaculaire.
C'est peut-être un hasard, mais deux spectacles de danse et une exposition jouent de ce registre qui peut désarçonner le "regardeur".
C'était le cas pour le spectacle "Bach/Passion/Johannes" de Laurent Chétouane qui a semé une certaine stupeur sinon un désarroi auprès des spectateurs, clivant la salle en deux - on n'en est pas venu à l'affrontement, mais quelques spectateurs qui s'attendaient à une "Passion Pascale" - surtout pour des aficionados de Saint Guillaume à Strasbourg, n'ont pas apprécié la ligne directrice du metteur en scène qui s'est expliqué lors d'un débat à la Librairie Kléber à Strasbourg: "J'ai volontairement joué sur une équipe réduite et fait chanter des musiciens dont ce n'était pas le rôle principal pour montrer cette fragilité de l'histoire. De même, j'ai commencé la pièce par la fin, parce qu'ainsi nous savons où nous allons..."
Nous avons eu la même surprise avec Anne Teresa de Kersmaeker au Théâtre de la Ville (et au Festival Montpellier Danse) avec "Golden Hours (As you like it)", adaptation de la comédie de Shakespeare "Comme il vous plaira" et sur l'album "Another Green World" de Brian Eno. Elle pousse ses danseur à "Danser comme on parle, comme on marche, comme on respire...".
Et pour ceux qui s'attendaient à de magnifiques chorégraphies, envolées et tableaux d'ensemble, ont pu être surpris - le début sur la chanson augurait pourtant de belles idées.
en ce qui concerne l'Art, la nouvelle exposition à la Halle Verrière de Meisenthal travaille le même registre: discrétion, interrogation, surprise et décalage fin.
L'exposition "Glassworks" d'Ayse Erkmen - artiste d'origine turque et habitant Berlin, qui a déjà participé à de nombreuses manifestaions internationales (Venise, Istanbul, Shanghai, et Skulptur Projekte Münster 97) est faite pour surprendre et interroger. Dans cette ancienne verrerie, le visiteur devra bien regarder pour voir l’installation.
Les "Glassworks" ne sont que des plaques de différentes couleur et découpées de différentes manières qui couvrent les lumières qui ont été abaissées à l’échelle humaine, leur donnant un sens nouveau.
Et en journée, il faut se concentrer.
Il faudra revenir le soir, la lumière tombée, pour en voir un deuxième aspect.
Des nocturnes sont annoncées cet été, il faudra en profiter.
Je vous en donne un aperçu - diurne - pour commencer.
Glassworks - Ayse Erkmen - Meisenthal - Photo: lfdd |
Glassworks - Ayse Erkmen - Meisenthal - Photo: lfdd |
Glassworks - Ayse Erkmen - Meisenthal - Photo: lfdd |
Glassworks - Ayse Erkmen - Meisenthal - Photo: lfdd |
Glassworks - Ayse Erkmen - Meisenthal - Photo: lfdd |
Glassworks - Ayse Erkmen - Meisenthal - Photo: lfdd |
Glassworks - Ayse Erkmen - Meisenthal - Photo: lfdd |
Juste à côté, vous avez un superbe travail plein d'humour d'Oliver Leroi "La ligne de Départ" sans les locaux d'Artopie
Pour finir sur le thème de l'art mettant en danger - ou de l'Art en danger, je vous propose le texte de Jean Pierre Raynaud, dont une oeuvre "Dialogue avec L'hitoire", cadeau de la Ville de Paris (à l'époque de Jacques Chirac) à la Ville de Quebec vient d'être démolie à la pelleuteuse !
«Les oeuvres d'art ne sont pas faites pour être aimées mais pour exister. Je sais depuis toujours que devenir artiste était, contrairement à ce que l'on pense, une situation inconfortable, et même dans certains cas, à haut risque. C'est peut être aussi cela le projet artistique: rencontrer l'autre dans sa totale liberté ou dans la totale confusion de sa pensée.
Les oeuvres, que vous les aimiez ou pas, peuvent se réveiller et ont la capacité de faire surgir de chaque individu, des instants éblouissants, ou des réactions d'un appauvrissement affligeant. Toutes les œuvres d'un artiste sont des autoportraits et la stèle de Québec n'échappe pas à cela.
Il faudrait réfléchir... Pourquoi un dérisoire bloc de ciment et de marbre suscite malgré le silence qu'il cultive, une telle violence? Comment une jetée en pâture a-t-elle pu se produire en place publique, accompagnée d'une dramaturgie, par pelleteuse interposée en action? Ici le voyeurisme n'est pas innocent.
Dans nos sociétés, la destruction mériterait une analyse plus approfondie, car l'ayant pratiquée volontairement sur mon oeuvre «LA MAISON 1969-1993», j'en avais toute légitimité.
Si Daesh fracassant des statues antiques nous choque autant, c'est à travers la scénographie de mise à mort de ma stèle que s'est joué mon procès. En dehors du débat “j'aime ou je n'aime pas”, la destruction ici a une portée politique et sociale. Le constat que j'en fais est: le monde actuel dans son intolérance est incapable d'accepter la différence et l'on se retrouve l'étranger, l'autre, l'indésirable.
La responsabilité vous appartient maintenant, élus ou particuliers, de faire apparaître ou disparaître ce dérisoire moment d'histoire." Jean Pierre RAYNAUD
A méditer
Jean-Pierre Raynaud - Dialogue avec l'histoire - Québec |
Rappel des expositions dans le Nord de l'Alsace et les Vosges du Nord:
A Brumath au Jardin de l'Escalier
"Que des Bols" avec des Bols d'Artistes
Et l'exposition de l'été
"Nouveaux Territoires, les peintures de Michèle Schneider
A Haguenau à l'Espace Saint-Martin"Métamorphoses" dialogue entre patrimoine et création"
A Uttenhoffen au Jardin de la Ferme Bleue"Danse" de Béatrice Botegger
A Meisenthal, à la Halle Verrière Glasworks d'Ayse Erkmen
et juste à côté Artopie: Olivier Leroi "La ligne de Départ"
Bonnes Visites
La Fleur du Dimanche
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