En ce jour anniversaire du mariage pour tous - dix ans - on se rend compte que les mentalités ont (un peu) changé. Mais il y a toujours le doute. D'ailleurs le doute est bénéfique et nécessaire. Mais c'est bien aussi d'arrêter de douter de temps en temps...
Et puis célébrons le printemps et la nature qui revit et fructifie :
La Fleur du dimanche 23 avril 2023 - Photo: lfdd |
Je ne vais pas dire que j'ai les boules, ni que je n'aime pas les gens qui doutent, puisque pour Noël 2020 je vous offrais la chanson d'Anne Sylvestre qui nous avais quitté "J'aime les gens qui doutent" interprétée par Loulou, alors que je me battais contre les douteurs professionnels conséquence de l'agnotologie*.
Bon à propos du titre et de Kafka (dont on célèbrera sûrement les cent ans de sa mort l'année prochaine - je prends un peu d'avance) je fais référence à un article de Philippe Lançon dans le supplément Littérature de Libération intitulé "Sur les pas d’un admirable bon à rien, Franz Kafka" et qui commence comme cela:
"On n’en finit pas avec Kafka, puisque lui-même n’en finit jamais avec rien. Sa manière de ne pas en finir, c’est d’écrire. Bon qu’à ça, comme dira Beckett, mais «ça», c’est justement ce qui lui rappelle sans cesse à quel point bon, il trouve qu’il ne l’est pas. Kafka est tout de même celui qui, présenté à un éditeur de Leipzig en 1912 par son ami Max Brod pour qu’il édite ses premiers textes, dit, rappelle son biographe Reiner Stach, «cette phrase que nul éditeur n’a jamais entendue ni n’entendra jamais de la bouche d’aucun auteur : Je vous serai toujours plus reconnaissant […] si vous me renvoyez mes manuscrits que si vous les publiez.»"
Fin du 1er TVA !
La Fleur du dimanche 23 avril 2023 - Photo: lfdd |
Pour le deuxième, j'en réfère à Tal Madesta, qui, dans la Newslettter L de Libération dit:
“L'amitié n'est pas rentable d'un point de vue économique. Elle ne produit rien d'autre qu'elle-même. Mais c'est aussi ce qui en fait sa beauté.”
Bon je vais quand même expliciter un tout petit peu. Tal Madesta est un écrivain et journaliste qui, semble-t-il, il y a trois ans s'appelait Océan et un peu plus tôt - en 2018 - s'appelait Océannerosemarie. Iel était venu.e à Strasbourg au cinéma Star pour présenter un film - en fait une série de reportages où l'on assistait à son changement de sexe, de genre. Maintenant, sous le nom de Tal Madesta, il a écrit un livre La Fin des monstres. Récit d’une trajectoire trans qui rend compte de son parcours et il dit, dans un article dans le supplément L de Libération qu'il a beaucoup douté:
"Je ne me suis pas levé un matin en me disant «OK, on y va !». Je sentais que quelque chose bloquait dans ma vie, j’ai tenté autre chose. Le doute est indissociable de la transition. C’est un parcours de doute, mais qui s’apaise avec le temps. Les conséquences sont tellement lourdes (poids médical, regard des autres, perte d’un emploi, rejet familial…) que forcément, on se dit qu’on est en train de faire un truc horrible, on intériorise le discours de nos opposants.
avril J’ai beaucoup hésité à décrire dans mon livre ces moments d’hésitation tant j’avais peur qu’ils se retournent contre nous. Nous sommes déjà tellement vus comme des individus instables ! Je pense au contraire qu’il est important d’arrêter cette uniformisation des discours («tout petit déjà, je me sentais autre…») qui est dommageable pour nous et pour la compréhension de nous-mêmes par les autres."
Comme il l'avoue à Cécile Daumas qui l'interroge:
"Tal Madesta a mis vingt-sept ans à accepter qu’il n’était pas une femme. Devenir un garçon ne faisait pas partie de son imaginaire tant la masculinité le renvoyait à ce père qui les brutalisait, sa mère et lui. «Petit, j’étais terriblement conscient d’être une fille», écrit-il intentionnellement au début de son récit."
Sur le rapport à la masculinité et à la féminité il dit:
Le féminin a toujours été très inféodé chez moi à la figure paternelle. J’ai grandi dans un milieu familial tellement violent que je n’avais pas le temps de me demander quel rapport j’entretenais avec la féminité ou la masculinité. Tous les jours, je me disais qu’on allait mourir. C’était une violence abominable. J’étais dans un mode de survie pur qui n’admet pas de questionnements existentiels.
Je pensais que la féminité était mon destin et ma prison. Ma mère est très féminine. L’apprentissage du féminin avec elle a été le socle de notre lien. Elle a voulu me donner les clés pour m’en sortir en tant que femme. J’ai appris tous ces codes, je les ai embrassés à 100 % comme la seule façon de m’en sortir, jusqu’au moment où j’ai eu l’impression d’étouffer
Je ne rêvais pas d’être un homme, parce que j’étais entouré d’hommes malfaisants et violents. C’est pour cela que j’ai mis tant de temps à comprendre que j’étais un homme. Je souhaitais un autre rapport à mon corps."
Et concernant la "transition", il témoigne:
"Quand les parents apprennent la transition de leur enfant, ils disent souvent : «Mon enfant est mort, j’ai perdu mon enfant». Ils coupent souvent les ponts pour la seule raison que cet enfant a une présentation sociale différente. Mais nous sommes pourtant les mêmes personnes : nous avons simplement une autre trajectoire de vie, différente de la projection parentale. Les parents voient une mort à l’endroit où nous ressentons un soulagement énorme. Le décalage est violent.
Le deuil, c’est aussi la perte de son autonomie corporelle. Durant un long moment, des années parfois, notre vie est inféodée aux décisions d’autres personnes qui ne nous connaissent pas : les juges, les médecins, les psychiatres."
Pour finir en chanson on va commencer par Antoine - Petite fille ne croit pas:
Continuer avec Higelin - Dans mon lit :
On rajoute Isabelle Adjani - Je ne peux plus dire je t'aime:
On revient à Nicole Croisille : Une femme avec toi.
Et l'on termine avec Pomme avec Pierre Lapointe: Tel un seul homme:
Bon Dimanche
La Fleur du Dimanche
* si vous ne savez plus ce qu'est l'agnotologie, cliquez sur le lien de Noël 2020
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