mardi 30 avril 2019

Amala Dianor adore les rencontres, le Trait d'Union, mais Pas Seulement

Nous l'avions vu à Pôle Sud dans un dialogue à 3 lors du festival Extradanse en 2017 (Dialogue à deux plus un à Extradanse), nous l'avons retrouvé dans un face à face avec la danse classique et 9 danseurs qui se frottaient à la poussière des étoiles du Lac des Cygnes en janvier 2019 (The Falling Stardust), le revoilà déjà avec deux autres créations "Trait d'union" (créé en janvier 2018 à Chémillé) et "Pas seulement" créé avec quatre danseurs de la Région  dans la veine du hip-hop revisité. Amala Dianor adore se frotter à ce qu'il ne connait pas (encore).

Et il nous fait découvrir des univers inattendus. Et il emmène d'autres artistes sur des chemins inconnus.


Amala Dianor - Traint d'union- Photo: Jeff Rabillon

Par exemple pour Trait d'union, il va illuminer la danse de Sarah Cerneaux avec la graphie lumineuse de Julien Breton. Ces moments de magie où l'on assiste à la mise en espace de l'écriture de lumière et la création graphique de Kaalam dans une belle dialectique du langage du corps de de la calligraphie du geste gardent une sourde tension de séduction et d'affrontement. Le geste de l'homme trace et délimite l'espace, entoure la femme d'un cercle, non de feu mais de lumière. Mais, elle, fauve et lionne se rebelle et joue de son corps séducteur et souple dans une maitrise totale des geste et des mouvements. Dans cette gestuelle de la danse, on se demande qui, de la femme avec sa calligraphie du corps souple et enroulant ou de l'homme dans son écriture du geste d'enlumineur qui littéralement illumine la beauté de la femme  et par là-même l'enferme dans la prison de la page blanche de l'écran va prendre le dessus. Le chorégraphe, lui choisit la réunion...


Amala Dianor - Traint d'union- Photo: Laurent Philippe


Avec Pas seulement, changement de registre, même s'il y est toujours question d'affrontement, de lutte, de clan, de trouver sa place.
Après une introduction, où les quatre danseurs arrivent sur scène, hésitent, se soupèsent, se jaugent, s'évaluent et essaient de trouver leur place, leur rôle, la proposition se transforme, la lumière change, le spectacle surgit. La lumière crue devient plus chaude, le grattement se fait rythme, la musique émerge et le mouvement nait. Sur une composition d'Eric Aldéa et Ivan Chiossone qui nous rappelle un doux Pink Ployd de la période More ou Zabriskie Point, les danseurs se heurtent, essaient de communiquer et transmettre aux autres, d'abord une parodie de danse ethnique qui rapidement se civilise et mélange les duos, trios et quatuors de danse contemporaine d'où sourdent des fulgurances de hip-hop. On sent une grande aisance chez les quatre danseurs (Marino Vanna, Alexandre Mellado, Lory Laurac et Joël Osafo Brown) et une belle virtuosité autant dans les solos que dans les dialogues à plusieurs. Les changments de lumière, passage aux lumières latérales subliment encore plus la chorégraphie et la symbolisation de cette histoire de tribu et de territoire avec cette alternance de vie de groupe et d'expression personnelle jusqu'à la querelle finale symbolique qui met un danseur hors-jeu.


Amala Dianor - Pas seulement - Pôle Sud


La soirée avec ses deux volets nous aura ainsi éclairés dans une diversité des corps dansants et de ce qui les meut! Et nous émeut....




La Fleur du Dimanche    


AMALA DIANOR

Trait d'union
Pas seulement

Mercredi 24 et Jeudi 25 avril à la Maison des Arts de Lingolsheim
Lundi 30 et mardi 31 avril  à  Pôle Sud

Vendredi 03 Mai à la MAC, relais culturel de Bischwiller

Pas seulement
Chorégraphie : Amala Dianor
Avec Marino Vanna, Alexandre Mellado, Lory Laurac, Joël Osafo Brown
Musique : Eric Aldéa et Ivan Chiossone
Coproduction : POLE-SUD, CDCN Strasbourg 

Trait d’union
Chorégraphe : Amala Dianor
Avec Sarah Cerneaux, danseuse / Julien Breton aka Kaalam, calligraphe
Lumières : Guillaume Février
Musique : Awir Léon
Régie générale : Nicolas Tallec
Création le 26 janvier 2018 à Chemillé (49) 
Coproduction : POLE-SUD CDCN Strasbourg / Scènes de Pays dans les Mauges / Théâtre de
Suresnes Jean Vilar
Avec le soutien du Conseil Départemental du Maine-et-Loire, de la Région Pays de la Loire et de la SPEDIDAM
Amala Dianor, association Kaplan, est artiste associé à POLE-SUD, CDCN (2016-2019) dans le cadre du dispositif soutenu par le ministère de la Culture et de la Communication
Et artiste compagnon de la scène conventionnée Scènes de Pays dans Mauges (49).

samedi 27 avril 2019

Courneloup à Jazzdor, c'est la Révolution des générations

Jazzdor ce n'est pas qu'un Festival à Strasbourg (voir le lancement des 33 ans le 9 novembre 2018)  ou à Berlin, c'est aussi une saison et des fidèles spectateurs tout au long de l'année dans une salle qui rappelle le club de Jazz historique de Copenhague (en un peu plus petit), une salle bien sympathique au Centre Culturel du Fossé des Treize.

C'est là que François Corneloup avec sa nouvelle formation qu'il vient de monter grâce à Europajazz au Mans, aux rencontres de l'Erdre et bien sûr à Jazzdor présente un nouveau programme Révolut!on - il est même question d'un disque à venir...


Jazzdor - Sophia Domancich - François Corneloup - Chritophe Girard -Vincent Tortiller - Joachim Florent - Photo: Patrick Lambin


Altier et sobre, François Corneloup au saxophone baryton démarre pile à l'heure - Les musiciens sont ponctuels ! - dans une belle mélodie lancinante et grave, rejoint par le tromboniste Christophe Girard puis par le reste de la troupe, Joachim Florent à la basse électrique, Vincent Tortiller à la batterie et Sophia Domancich au piano et au Fender Rhodes... dans un morceau calme qui va, dans une variation à la batterie et à la basse trépidante que le reste de la troupe reprend. Dans les différentes composition de François Corneloup, au fur et à mesure, chacun des membres du quintet aura son moment d'expression, son solo. Le dynamique Christophe Girard, très en vigueur et osant même un cri qui surprend et fait rire François Corneloup. Joachim Florent bien électrique et virtuose sur sa basse. Vincent Tortiller maîtrise et domine sa batterie avec des frappes vives et claires, avec un très beau solo multi-instruments. 


Jazzdor -  François Corneloup quintett - Sophia Domancich - Photo: Patrick Lambin


Sophia Domancich qui a aussi connu Bernard Lubat comme François Corneloup, mais également Steve Lacy ou les musiciens du Soft Machine, apporte une belle touche pianistique dans cet ensemble et nous sert en apéritif un solo qui est presqu'une berceuse.
Le concert s'achève sur un rappel devinette avec l'annonce du disque et la reprise d'un morceau qui sera sur le disque annoncé et que les spectateurs doivent deviner... Je vous donne un indice, c'est un morceau des Beatles...


Jazzdor -  Sophia Domancich -Vincent Tortiller - François Corneloup - Photo: Patrick Lambin


Mais le Jazz se savoure surtout en "vrai" et merci à Jazzdor de nous permettre de vivre ces belles expériences. Et merci à Patrick Lambin pour ses photos...






La Fleur du Dimanche 


vendredi 26 avril 2019

Ça Dada: Retrouver son âme d'enfant à Dada

Il y a trois ans c'était le centième anniversaire de Dada, mais il n'y a pas de raison de ne pas continuer à fêter l'esprit débridé d'Arp, de Tauber, de Tzara et d'Eming et de Ball.

Pour ouvrir le bal de "Ça Dada", spectacle-hommage à cet esprit frondeur qui a traversé le XXème siècle, Alice Laloy et ses complices musiciens, comédiens-chanteurs-danseurs nous accueillent en rythme et en musique, dans une danse déclamative qui fait penser à une manifestation de gilets jaunes dans cette salle du Théâtre de Hautepierre qui a vu passer le cirque.
Le spectacle présenté conjointement par le Maillon et le TJP CDN s'adresse à un public jeune* mais les adultes qui veulent garder leur âme d'enfant sont vivement invités à participer à la fête débridée que nous propose cette belle équipe.
On va de surprises en surprise en gardant la philosophie du Cabaret Voltaire entre poésie, déclamation, déconstruction, chansons et danses enjouées.


Ça Dada - Alice Laloy - Photo: Elisabeth Carecchio


Le spectacle ne manque ni de rythme, ni de dynamique et au fur et à mesure des différents "chapitres" ("Le Hasard", "la Guerre", "le Musées",...) qui sont autant d'espaces qui s'ouvrent et de propositions innovantes autant en terme de situations comiques ou surréalistes que d'inventions scéniques ou sonores faites de bric et de broc, nous partons d'un monde et d'événements "vécus" qui se disloquent en même temps que l'espace se creuse et devient mou.
Quelques scène difficilement supportables comme l'opération du cerveau d'un mannequin (je rigole...) sont contrebalancées par les interventions des spectateurs invités à intervenir sur le hasard ou dans une joute poétique Dada où l'on apprend que Dana est né dans une grotte (?!).


Ça Dada - Alice Laloy - Photo: Elisabeth Carecchio


La scénographie de Jane Joyet est inventive, la dramaturgie d'Emmanuelle Destremau nous tien en haleine avec les trois interprètes Stéphanie Farison, Marion Verstraeten et Eric Caruso qui font des pieds et des mains (et quelquefois de plusieurs paires de pieds et de mains et nous proposent textes d'origine, adaptations d'Alice Laloy et traduction de certains textes Dada en langue française et langage enfant, et s'activent en musique et bruitages en complément des musiciens.


Le spectacle entre éclats (explosions) de couleurs, partitions bruitistes et danses endiablées amène un souffle frais et vivifiant qui aère nos pensées et nous fais rire et sourire de bonne grâce pour le bonheur de tous.
Et bien sûr, il y a bien un cheval dans le spectacle !

Ça Dada - Alice Laloy - Photo: lfdd


Teaser ÇA DADA de Alice Laloy from théâtre amstramgram


La Fleur de Dimanche

Ça Dada

* représentations scolaires jeudi 25 (14h15, vendredi 26, lundi 29 et mardi 30 avril à 10h00
Représentation du 26 avril 20h00 
Autres représentations Dimanche 28 avril 10h00 et 17h00  

Écriture et mise en scène : Alice Laloy
Dramaturgie et collaboration à l’écriture : Emmanuelle Destremau
Musique : Éric Recordier
Scénographie : Jane Joyet
Lumière : Rémi Furrer
Costumes : Marion Schmid
Chorégraphie : Cécile Laloy
Accessoires : Benjamin Hautin, Alice Laloy, Anaïs Guenot
Conception et construction machinerie : Davide Cornil, François-Xavier Thien
Construction du décor : Ateliers de la Ville de Genève
Régie générale et lumière : Julienne Rochereau
Régie son : Alice Morillon
Régie plateau : Léonard Martin
Régie plateau et accessoires : Benjamin Hautin
Administration de production et de tournée : Sotira Dhima
Distribution : Éric Caruso, Stéphanie Farison, Marion Verstraeten
Voix : Valérie Schwarcz
Production : Théâtre Am Stram Gram
Coproduction : La Compagnie S’Appelle Reviens en conventionnement avec la DRAC Grand Est et avec le soutien du Nouveau Théâtre de Montreuil, Centre dramatique national et la Région Grand Est pour l’aide à la reprise et la diffusion

Le texte Ça Dada est : lauréat de la commission nationale d’Aide à la création de textes dramatiques – ARTCENA

jeudi 25 avril 2019

Le recours aux forêts de Robin Hunzinger: un fantôme prends corps

Céline ou Sollers ou Godard disai(en)t "Il y a des fantômes plein l'écran" et c'est vrai que le cinéma est peuplé de fantômes, de silhouettes fugitives et irréelles qui se projettent sur la toile ou sur un écran de télévision.
Robin Hunzinger, avec son dernier film "Le recours aux forêts - The forest passage" nous donne a voir un fantôme qui s'incarne magnifiquement dans un film poétique et sensible.
Nous suivons pendant six mois la vie d'Erik Versantvoort qui a décidé de communier avec la nature, dans un coin perdu des Vosges, découvert par hasard et où il va trouver son bonheur entre Thoreau,  Jack London et Gaston Bachelard.
Un bonheur sommaire mais essentiel...


Le recours aux forêts - Robin Hunzinger - Ana Films


Et le film de Robin Hunzinger va nous montrer les quatre saisons de cette symphonie pour un homme (pas si) seul.

Le printemps sera justement l'apprentissage et la communion avec la nature "Apprendre à faire un feu", le rapport intense et physique d'Erik avec son rêve d'extraordinaire et son union avec la simplicité d'une vie isolée, avec les animaux, les oiseaux, la pluie et le soleil. Cela donne des images poétiques et rêvées d'une vie hors temps où nous prenons, avec Eric le temps de vivre pleinement la beauté des choses simples et de la nature.
Le deuxième mouvement sera la relation aux soins, à la maladie, à la ville, car Eric doit se soigner d'un cancer et gérer la distance entre la nature et la médecine et les traitements. Cette saison sera l'occasion de montrer le corps et la sensualité qui n'est pas rejetée, mais dans laquelle le spectateur est totalement invité.
Le troisième mouvement, un moment de crise nous met face à la peur, à la maladie, l'occasion aussi de retisser les liens familiaux, de rassembler les proches qui viennent de loin (Pays-Bas et Canada), d'échanger avec toutes les générations en toute simplicité et de se rappeler de la justesse du parcours d'une vie et de penser à l'avenir.  
Le dernier mouvement le plus tendre et le plus intime sera l'occasion de portraits proches et sincères de "belles personnes" qui entourent Eric ou qui vont se dévouer pour lui avec enthousiasme et passion - il faut saluer l'engagement d'une infirmière libérale qui s'implique à fond pour réaliser le rêve de bonheur d'Eric dans sa cabane et les liens que toutes les personnes qui le fréquentent, en particulier son "amie" de la vie ont gagné à son contact et qui le cultivent avec ardeur.

Les superbes images* nous font toucher l'âme des choses et de la nature, la forêt, les troncs moussus, les nuits étoilées, la pluie qui tombe, une tempête de neige, le feu qui se contruit, la bouilloire perdue dans la fumée, les animaux, biches et cerfs, le pan de montagne au loin, accrochant la brûme dans les saisons qui changent, mais aussi le corps, proche, aimé tendrement, qui dort, souffre ou se repose.
Le film est une belle leçon de bonheur et prouve que l'on peut vivre ses rêves, si on le veut vraiment.

La Fleur du Dimanche

  Le film, a été projeté en avant-première par le producteur Ana Films le 25 avril au Cinéma Star à Strasbourg, en présence de la famille d'Eric Versantvoort. Il a été coproduit par les télévisions locales du Grand Est et sera visible sur les écrans de ces réseaux.

Le recours aux forêts
de Robin Hunzinger
92 min/ 52 min (HD)
Une production Ana Films / Vosges Télévisions / RTGE
Avec la participation du CNC, de la Région Grand Est, de l'Eurométropole de Strasbourg, et de la Procirep-Angoa

* Images de Robin Hunzinger avec la complicité de Julien Picot, (le cerf), Gregory Rodriguez ( les nuits étoilées)
montage image avec Quinon Benoit, 
prise de son et montage son Marc Namblard, 
étalonnage de Gautier Gumpper, 
partition musicale Siegfried Canto, et une très belle chanson interprétée par Roddolhe Burger 
mixage Franck Rivolet
Production pour Ana Film (gérant Jean-Marie Fawer) Milana Kristich
     

lundi 22 avril 2019

Parfois je ris tout seul, parfois je lis, parfois ...

J'avais mis de côté, reporté, quelques "extraits" qui m'avaient bien plu et que je voulais partager avec vous.
J'avais aussi prévu de parler de mon ami Albert et vous donner rendez-vous avec lui et j'attendais, et la date (je vous l'avais annoncée le 24 mars), et un extrait de son nouveau "Journal", et le temps est passé....

Mais place à la Fleur du jour:


Primevères - Photo: lfdd

Pour l'extrait, j'en ai deux, du livre de nouvelles de Jean-Paul Dubois: "Parfois je ris tout seul".

Le premier me plait bien parce qu'il me rappelle la blague juive de Delphine Horvilleur que j'ai citée le 3 mars dans le billet "Ne passez pas votre chemin, mais voyagez pour rencontrer l'autre... même à côté de chez vous":


Extrait - Jean-Paul Dubois - Paquets

Et le deuxième, je voulais en parler, à cause d'Albert, pour reparler de la présentation de son livre:


Extrait - Jean-Paul Dubois - Albert

Concernant Albert, c'est une fréquentation inhabituelle (plus de 160 visites sur une page de juin 2018 "La Forme et le Fond: Figure, Love et des briques" qui m'a alertée. Il se trouve qu'il y est question d'Albert et de son précédent livre et que je cite une phrase que je venais aussi de citer à des amis cette fin de semaine":
"Ne demande jamais ton chemin à quelqu'un qui le connait, tu risques de ne pas te perdre".

Curieusement il y a aussi cette phrase de Paul Eluard: "Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous" que j'avais rappelée lors de notre dernière rencontre "Il n'y a pas de hasard et la fleur continue son chemin".

Pour vous donner envie de rencontrer Albert Strickler ce 4 mai à 15h00 à la Librairie Kléber pour présenter son livre "Le Coeur à tue-tête - Journal 2018", à défaut du nouveau cru, je vous  sers un extrait de son journal 2017 - le 23 avril, à propos d'un autre proverbe "Trop bien connaître son chemin risque de nous priver de la chance de nous perdre" et d'un ami, Philibert que a fait la France en stop avec comme inscription sur son "carton": "N'importe où"

" "N'importe où", Philibert 
reste la plus belle des directions
Elle met la perle à l'huitre autant
qu'elle ouvre l'horizon de la poitrine

Elle t'offre le luxe de la rencontre
avec le risque sublime de te prerdre
Elle est un fanal en plein jour
le diapason d'une canne d'aveugle

"N'importe où" pourvu qu'en dehors
des tristes sentiers battus à mort
par l'abrutissant fléau de la routine

Une fois étalée sur la table
la carte finit toujours par se déchirer
aux mêmes pliures"

Primevères - Photo: lfdd

Pour finir en chanson (douces) voici, pour rappeler le cerisier d'hier (que vous n'avez peut-être pas vu) et l'échelle du jour, une chanson de Francis Cabrel - La robe et l'échelle:

"T'avais mis ta robe légère, moi, l'échelle contre un cerisier
T'as voulu monter la première et après
Y'a tant de façons, de manières de dire les choses sans parler
Et comme tu savais bien le faire, tu l'as fait
Un sourire, une main tendue et par le jeu des transparences
Ces fruits dans les plis du tissu qui balancent
Il ne s'agissait pas de monter bien haut
Mais les pieds sur les premiers barreaux
J'ai senti glisser le manteau de l'enfance"





Et pour la tendresse, Bourvil:





Pour les ronds dans l'eau, Frida Boccara - Les Moulins de Mon Coeur




Et pour finir Moriarty - Jimmy



Bon lundi

La Fleur du Dimanche

P.S. J'ai failli oublier, Albert Strickler n'est pas que poète et écrivain, il est aussi éditeur et publie beaucoup - voir le catalogue des éditions "Tourneciel" - et il a édité en particulier le texte de la pièce de théâtre en version bilingue "Ich bin a beesi Frau - Je suis une mécahnte femme" de Pierre Kretz, si vous avez raté la pièce ces derniers temps (voir mon billet "Une femme qui fait du théâtre ne peut pas être méchante - Ich ben a beesi Frau") 

dimanche 21 avril 2019

Rompre, la peine... Se retrouver, soi et passer au-dessus, vers la joie

Pâques, Pessah, passer au-dessus, mais au-dessus de quoi ? 
Peut-être au-dessus de la "rupture". 
Rupture du jeûne, du carême, de l'hiver, ou ruptures en tous genres, comme je vous en parlerai dans le TVA avec Claire Marin:
"Il ne suffit pas de partir d’un lieu pour qu’il cesse de nous habiter. Il ne suffit pas de quitter un homme pour oublier sa peau."

Mais place à la résurrection des papillons:


Cerisier et papillon - Photo: lfdd

Cerisier et papillon - Photo: lfdd

Cerisier et papillon - Photo: lfdd

Dans l'interview qu'elle donne dans Libération du 11 avril à Noémie Rousseau à l'occasion de l sortie de son livre "Rupture(s)", elle explique qu'aujourd'hui nous sommes dans une société de "ruptures":
"Les ruptures sont maintenant sur tous les plans: avant, si on perdait son travail, on pouvait se raccrocher à sa famille. C’est comme si tout était devenu instable, incertain, précaire, sans refuge. Professionnellement, amoureusement, même politiquement… Tout s’est accéléré, les relations sont plus éphémères, les ruptures plus rapides, voire, parfois, elles n’existent pas: la personne disparaît simplement."





"Prendre le temps de la séparation n’est parfois même plus une réalité. Et tous ces termes autour des séparations par consentement sont dans la négation de la réalité. Une grande majorité de séparations sont au minimum d’une grande violence psychique, au moins pour un des deux membres de l’ancien couple. Puis on sent une sorte de froideur dans la société. C’est devenu tellement généralisé, banal, qu’on est dans le déni de la souffrance qu’une rupture provoque. Ainsi, dans les divorces, la souffrance des enfants est une question vite évacuée désormais, on dit qu’ils s’adaptent… Et on se concentre sur des questions pratiques."

Mais elle n'est pas pessimiste (ou si peu) pour autant:
"C’est très révélateur de l’engagement, des attentes dans la relation amoureuse, le travail. Chez les générations plus jeunes, la flexibilité professionnelle attendue est tellement intégrée que l’investissement est moins fort. L’anticipation de ces ruptures façonne même l’idée du parcours professionnel: il faut changer, montrer qu’on n’est pas frileux, qu’on sait s’adapter. La capacité à changer est valorisée, parfois au détriment de l’engagement."

Et conclut presque dans la joie:
"Une forme d’innocence, oui. La rupture ne nous rend pas forcément amers, aigris, paranos. L’écrivain Philippe Forest le dit très bien en parlant de la mort de sa fille : il y a une traversée de l’épreuve qui ne permet pas de retrouver une vraie insouciance. Car on sait des choses que d’autres ne savent pas. Cependant, on fait le pari qu’il y aura d’autres joies possibles."


Et il faut revivre !

Et finir en chansons avec Baptiste W Hamon et "Je Brûle"




Le même Baptiste W. Hamon avec Alma Forrer - Peut-être que nous serions heureux




Et pour continuer à brûler, voici Pomme et "On brûlera"




"On brûlera toutes les deux
En enfer mon ange
J'ai prévu nos adieux
À la terre mon ange
Et je veux partir avec toi
Je veux mourir dans tes bras
Que la mer nous mange le corps, ah
Que le sol nous lave le cœur, ah
Je t'aimerai encore"

Et pour finir et éteindre l'incendie, Facteur Chevaux avec les Dames de Pluie :




"Les fleurs ne se coupent pas
Car leur coeur, sinon, flétrit…
Elles flanchent, comme les soldats,
Sous les franges d’une longue pluie…
Et même si on l’oublie
Leurs ombres dansent sur le chemin des Dames de pluie
Et toi, qui ne dors pas
Tu hantes une longue nuit…"


Bon Dimanche et bonnes fêtes de Pâques...

La Fleur du Dimanche 

jeudi 11 avril 2019

Une femme qui fait du théâtre ne peut pas être méchante - Ich ben a beesi Frau

L'Alsace a une tradition de théâtre populaire de qualité bien ancrée dans sa culture. De Stosskopf à Germain Muller, le succès populaire n'a pas faibli et aujourd'hui encore, les troupes amateur qui jouent en alsacien mais également les nombreuses formations actives en français prouvent la vitalité de ce secteur.
Le théâtre institutionnel est bien vivant, les lieux sont nombreux et des tournées soutenues par la région, via l'ACA ou encore le succès des "revues" (les Scouts ou à la Choucrouterie) et l'ouverture de nouveau lieux (comme l'antenne du Théâtre parisien avec la "Scène de Strasbourg")  témoignent de la rencontre de ces propositions avec le public (même si on peut regretter la fin du Cabaret Onirique après un an d'accostage aux Docks Malraux).

Du côté du la création dialectale contemporaine, le Théâtre du Lichtenberg ou du Kochersberg pour le Bas-Rhin donnent des rendez-vous réguliers. Et un des initiateurs du renouveau de l'engagement théâtral dialectal dans les années 1975 avec "D'Jung Elsaesser Buehn" dont les trois protagonistes sont encore actifs, Pierre Kretz, ayant quitté son précédent métiers pour devenir écrivain, propose régulièrement des textes pour le théâtre.
Après le magnifique "Gardien des âmes" en 2011, voici "Ich ben a beesi Frau" - "Je suis une méchante femme" qui a été créé en octobre au TAPS à Strasbourg et a fait une tournée entre Haut-Rhin et Bas-Rhin qui s'achève - provisoirement espérons-le - à Vendenheim au Pôle Culturel Le Diapason.




La pièce, récit de Thérèse Ulmer, formidablement interprétée par Francis Freyburger, nous conte (en Alsacien surtitré en Français) les déboires d'une femme à la deuxième moitié du XXème siècle, qui, ayant acquis un certaine "éducation" - elle était chez les soeurs - se trouve décalée en revenant dans son village avec un hiatus de communication ("Les imbéciles ne peuvent pas se rendre compte de leur état") et une vie contrainte par les traditions, et pire, l'agression dont elle devra se défendre au départ de sa vie de femme puis au quotidien.
Le théâtre, justement, lui servira d'échappatoire et de reconnaissance sociale, mais son rêve de concrétiser "La Visite de la Vieille Dame" de Friedrich Dürrenmatt, autant sur scène que dans la vie, sera la limite entre le spectacle et la vie.
Le thème est intelligemment traité, à la fois sur l'aspect théâtral - avec une scénographie et un décor sobre mais fort de Gérard Puel - mais également sur le plan des sentiments, de la critique sociale et de la narration qui oscille entre poésie et suspense.
Les questions sociétales (machisme, violence, poids des traditions et même homophobie latente) coulent de source dans un récit qui navigue entre confession intime, émotion et humour.
Il faut particulièrement saluer l'interprétation de Francis Freyburger qui incarne totalement cette langue alsacienne qui permet de d'exprimer des choses qui sont innommable dans une autre langue que celle vécue - et revécue sur scène - par ce personnage qui a l'étoffe d'une martyre, presque.

Courrez-y vite

La Fleur du Dimanche
   
"Ich ben a beesi Frau" - "Je suis une méchante femme"


Vendenheim au Pôle Culturel Le Diapason.
11 et 12 avril 2019

Distribution
Avec : Françis Freybuger (jeu) et Daniel Muringer (musicien)
Mise en scène : Francis Freyburger
Collaboration à la mise en scène : Olivier Chapelet
Scénographie : Gérard Puel
Costumes : Mechthild Freyburger
Lumières : Stéphane Wolffer
Musiques : Daniel Muringer
Régisseur son : Olivier Songy
Chargée de production : Estelle Coupey
Visuel  : Dan Stefan

Production Théâtre de la Cruelle, coproduction TAPS – Théâtre Actuel et Public de Strasbourg, avec le soutien de la DRAC Grand Est, de la Région Grand Est – Langues en Scène, le Conseil Départemental du Bas-Rhin, la Ville de Strasbourg

Le livre ""Ich ben a beesi Frau" - "Je suis une méchante femme" a été édité par les éditions Tourneciel