Les pièces de Dorothée Munyaneza sont des voyages, des découvertes. Elle nous avait, avec Mailles, présentée à Pôle Sud en 2021 dans le cadre du Focus Carte Noire du Maillon, présenté les paroles, chants et danses de six femmes d'Afrique et au TNS elle avait fait le portrait poétique de Kae Tempest dans le récit Intemporelles.
Pour Umuko, elle convoque sur scène cinq danseurs dont trois musiciens dans une cérémonie mystérieuse, presque mystique qui nous fait plonger dans une culture, celle de son pays d'origine, culture très vivante incarnée et vécue pendant plus d'une heure par les protagonistes sur scène.
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Umoko - Dorothée Munyaneza - Photo: Patrick Berger |
Tout commence par une pénombre dans laquelle des percussion à la main sur le bois de l'inanga, cet instrument traditionnel du Rwanda creusé dans un tronc d'arbre sur lequel une seule corde se divise en six émergent de l'obscurité. Les percussions se font plus suivies, plus rythmées et le musicien commence à pincer les cordes puis à en jouer tout en soufflant et chantant. Un deuxième musicien apparait à côté de lui tout au fond de la scène, jouant du kalimba, cet instrument, sorte de piano à doigts, également très répandu en Afrique.
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Umoko - Dorothée Munyaneza - Photo: Patrick Berger |
Surgit un troisième personnage avec des clochettes accrochées aux mollets et qui va nous faire une série de percussions bien variées, d'abord assis sur une chaise, puis dansant. Nous entrons très doucement dans une ambiance intériorisée, presque méditative, marquée par des pauses, ponctuée de percussions podales. Ces rythmes, presqu'ancestraux, combinés à des chants, de la danse et la musique vont nous mener dans un voyage au long cours dans une culture de l'attention augmentée et de l'intériorité. Au plus près du corps et des sensations, presque dans un état mental arrangé. Les mouvements dansés, en lien avec le rythme et la musique, avec les gestes des mains enroulés et fascinants, nous englobent dans un univers surprenant et mystérieux, presqu'irréel.
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Umoko - Dorothée Munyaneza - Photo: Patrick Berger |
Les danses se font naturelles, dans la dynamique et l'agilité des corps. Les pulsations et les percussions et l'atmosphère tamisée nous projettent sur scène avec les danseurs. Leurs costumes, magnifique créations de Stéphanie Coudert, d'un orange qui brille sous les rayons ciblés des projecteurs combiné quelquefois d'un noir qui en accroit le contraste éclatent et accrochent le regard. Et pour finir, l'ensemble de la troupe, face à nous saute comme pour atteindre le ciel, suspendus dans un dernier noir. Fin d'un voyage hypnotique dans une culture, non pas oubliée mais tout à fait vivante.
La Fleur du Dimanche
A Strasbourg au Maillon du 26 au 28 février 2025
A Douai à Tandem Scène nationale le 6 et 7 mars 2025
A Lyon à la Maison de la danse le 18 et 19 mars 2025
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