Le théâtre est un lieu d'enchantement où les choses réelles peuvent advenir comme par magie. C'est aussi le lieu des contes épiques, des aventures extraordinaires; des destinées fabuleuses. La pièce Cosmos que Maëlle Poésy a conçue et mise en scène avec un texte de Kevin Keiss et qui nous parle de l'espace, du temps, de la vie et sa fragilité convoque tous ces ingrédients pour nous transporter et nous rendre attentif à ces sujets sans pesanteur.
Cosmos - Maëlle Poésy - Photo: Jean-Louis Fernandez |
Le récit qui n'arrête pas de bifurquer pour prendre de nouvelles pistes, toutes plus passionnantes les unes que les autres, la manière de transformer complètement l'espace de la scène, du plateau pour nous surprendre, titiller notre curiosité, ouvrir l'espace en nous faisant écarquiller les yeux, tout cela et bien plus encore nous emmène dans une saga digne des meilleures superproductions hollywoodiennes. Cela commence par une (Dominique Joannon), puis une deuxième (Elphège Kongombé Yamalé) astrophysiciennes qui nous expliquent leur passion, l'espace, les galaxies, l'univers quantique ou la vie sur Mars ou dans les environnements hostiles, les organismes extrêmophiles, qui arrivent à nous pointer du doigt les univers courbes et l'échelle temporelle de l'univers, une éternité par rapport à une pièce de théâtre.
Cosmos - Maëlle Poésy - Photo: Jean-Louis Fernandez |
Cela continue par un coup de théâtre où les murs s'ouvrent pour nous amener sur Mars - ou la Lune dans une double perspective par la magie de la scénographie. Le voyage dans le Cosmos est devant nous, sur le plateau, qui par la poésie de la mise en scène nous emporte en apesanteur à la conquête de tous les espaces qui s'ouvrent au fur et à mesure devant nous. Nous découvrons, comme dans un film d'aventure, cette folle course vers l'espace, la Lune et Mars le programme Mercury Seven - les sept Mercury (dont Alan Sheppard, le premier américain dans l'espace également celui qui a marché sur la Lune en 1971 ou John Glenn qui a effectue la première orbite autour de la terre et fut, après une carrière de sénateur, le plus vieil astronaute, à 77 ans en 1998 dans la navette Discovery.
Cosmos - Maëlle Poésy - Photo: Jean-Louis Fernandez |
Nous comprenons la course éperdue que se font Russes et Américains sur cet enjeu, également via des images d'archives qui nous montrent le président Kennedy. Mais nous allons surtout découvrir les aspects misogynes de ce programme américain via les personnages de trois femmes du programme Mercury 13 qui auraient été capables d'aller dans l'espace - elles ont passé les même tests que les hommes avec succès mais n'avaient pas le droit de s'entrainer.
Cosmos - Maëlle Poésy - Photo: Jean-Louis Fernandez |
Ce seront trois autres personnages Jane (Caroline Arrouas), Wally (Liza Lappert) et Jerrie (Mathilde-Edith Mennetrier) qui vont nous décrire dans le détail avec force péripéties les rebondissements de leur combat et da la reconnaissance du juste droit des femmes dans cet univers uniquement masculin (les Russes étaient, comme avec Gagarine, en avance). Là aussi, l'imagination, les changements de style de narration, le spectaculaire et l'humour vont nous embarquer avec bonheur dans les multiples péripéties de ce trio féministe dont le sommet sera littéralement atteint par Wally qui se verra offrir, à 82 ans un vol dans l'espace sur Blue-Origin - juste vengeance pour le groupe (ou coup de pub pour Jeff Bezos).
Cosmos - Maëlle Poésy - Photo: Jean-Louis Fernandez |
Les cinq actrices sont très convaincantes chacune dans leur rôle, et même les deux qui sont plutôt circassiennes (Liza Lappert et Dominique Joannon) et elles incarnent les personnages que ce soit en scaphandre ou en robe et également dans les séquences chorégraphiées par Leïla Ka. Et l'on remercie cette équipe majoritairement féminine d'avoir su nous rendre sensible à ces enjeux tout en nous faisant prendre conscience de la place que peuvent prendre les femmes dans la société (pas seulement à la cuisine et à l'éducation des enfants (comme le pensait, entre autres Lyndon B. Johnson) et à notre (petite) place dans l'Univers.
La Fleur du Dimanche
Au TNS du 3 au 7 avril 2024
Texte
Kevin Keiss
en collaboration avec
Maëlle Poésy
Conception et mise en scène
Maëlle Poésy
Avec
Caroline Arrouas - Jane
Dominique Joannon - Domi, astrophysicienne
Elphège Kongombé Yamalé - Elphège, astobiologiste
Liza Lapert - Wally
Mathilde-Édith Mennetrier - Jerrie
et la participation de
Kourou et Kevin Keiss
Dramaturgie
Kevin Keiss
Scénographie
Hélène Jourdan
Lumière
Mathilde Chamoux
Vidéo
Quentin Vigier
Costumes
Camille Vallat
Son
Samuel Favart-Mikcha
Chorégraphie
Leïla Ka
Conception costumes d’astronautes
Amélie Loisy, Julia Morlot
avec l’aide de Florence Jeunet, Zazie Passajou, Laurence Rossignol, Annabelle Santos, Mélody Gerbet (stagiaire)
Assistanat à la mise en scène
Joséphine Supe
Régie générale de création
Kourou
Régies générale et lumière
Julien Poupon en alternance avec Mathilde Chamoux
Régie son
Samuel Babouillard en alternance avec Samuel Favart Michka
Régie plateau
Geoffroy Cloix
Régie vidéo
Eve Liot
Construction du décor
Eclectik Scéno
La conception technique du décor a été réalisée dans une démarche de durabilité en favorisant le réemploi d’éléments structurels
Production Théâtre Dijon Bourgogne, Centre dramatique national
Coproduction Compagnie Crossroad, L’Azimut - Anthony, Châtenay Malabry - Pôle National Cirque en Ile-de-France, ThéâtredelaCité - Centre dramatique national de Toulouse, Le théâtre de Saint-Nazaire - Scène nationale
Avec le soutien du Théâtre Public de Montreuil - Centre dramatique national, Théâtre de la Tempête, Théâtre Gérard Philipe – Centre dramatique national, et du FONPEPS
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