La chorégraphe canadienne Cristal Pyte, qui se réfère volontiers à William Forsythe arrive au Théâtre de la Ville - Sarah Bernard avec la nouvelle pièce Assembly Hall qu'elle a créée avec sa compagnie Kidd Pivot et Jonathon Young, un dramaturge en résidence dans sa compagnie avec qui elle avait déjà collaboré pour ses deux précédente pièces Betroffenheit et Revisor.
Krystal Pite - Jonathon Young -Assembly Hall - TDV Sarah Bernhardt - Photo: Michael Slobodian |
Le dispositif est surprenant, doublement décalé. Car au lever de rideau, nous nous trouvons dans un genre de gymnase vieillot, faisant aussi office de salle de fête ou de théâtre, un rideau rouge occultant une scène en hauteur, un incongru panier de basquet la surmontant. Une paire de portes encadre cette scène, portes battantes par lesquelles vont entrer les protagonistes, venus ici pour organiser leur réunion et débattre. Ils vont parler de leur rituelle Quest Fest et de l'éventuelle dissolution de leur groupe/association.
Krystal Pite - Jonathon Young -Assembly Hall - TDV Sarah Bernhardt - Photo: Michael Slobodian |
Et là, première faille: toutes les paroles - le texte a été écrit par Jonathon Young - sont enregistrées, les danseuses et les danseurs vont faire du play-back et surtout vont bouger-danser sur ces paroles. Leurs mouvements sont à la hauteur de ce qu'on attend d'une chorégraphie de Crystal Pite, de magnifiques gestes, déstructurés et décalés par rapport au sens (quelquefois au non-sense) et à l'action. Le texte étant en anglais, il est vrai que cela devient pour le spectateur non anglophone une gymnastique aussi de passer de la scène à l'écran sur le côté qui affiche les sous-titres.
Krystal Pite - Jonathon Young -Assembly Hall - TDV Sarah Bernhardt - Photo: Michael Slobodian |
Nous plongeons ainsi dans une tranche de sociologie de la province profonde avec toute la dimension éthique et humaniste que cela charrie. Et nous nous laissons emporter dans cette plongée qui se double - double faille - dans la reconstitution sur la scène - celle mise en abîme au fond de la salle, quand le rideau s'ouvre - de scènes moyenâgeuses, sorte de tableaux vivants historiques - un peu animés, qui pourraient être le sujet de leurs Fest Quest, gestes médiévaux.
Krystal Pite - Jonathon Young -Assembly Hall - TDV Sarah Bernhardt - Photo: Michael Slobodian |
Le résultat est à la fois esthétique et quelquefois un peu humoristique (on se met à penser à Monty Python) et on est fasciné par l'incarnation de ces personnages et de leurs aventures. Une autre scène de très originale étant sur la fin la création d'un fantôme de chevalier en pièces détachées.
Krystal Pite - Jonathon Young -Assembly Hall - TDV Sarah Bernhardt - Photo: Michael Slobodian |
On est séduit par toute cette virtuosité et tous ces mouvements totalement maîtrisée et on regrette un peu que la danse en tant que telle ne soit pas plus présente, à part deux ou trois mouvements d'ensemble. Mais au final c'est un spectacle qui a su trouver son ambiance et que l'on peut prendre comme une tranche de rêve, un double voyage dans le temps.
La Fleur du Dimanche
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