Je vous avais annoncé que le Festival Musica avait décidé de se décaler, le spectacle de ce samedi au Fossé des Treize intitulé La Cosmologie fécale du wombat* a réussi à être sans musique du tout.
Musica - TJP - Jazz d'Or - La Cosmologie fécale du wombat - Vinciane Despret - Photo: lfdd |
Nous avons nagé en pleine uchronie avec une conférence scientifique censée se passer à la fin du XXIème siècle. C'est le directeur de Musica lui-même qui l'a annoncé en inaugurant un colloque se tenant dans les années 2080... Et cela traitait de... Enfin cela traitait à la fois d'éthologie, de biologie, de sociologie, de psychologie, de botanique et de science des religions... animales! En fait cela traitait surtout de thérolinguistique - la science de l' "écrit" des animaux", d'écologie, de poésie et d'humour. L'objectif étant à la fois de décaler notre regard sur notre environnement, de mettre en cause notre position que nous croyons dominante en terme d'intelligence, de savoir et de sociabilisassion et d'essayer de prendre conscience que nous ne sommes qu'un rouage infime dans l'ordre du Monde, dans notre ère que nous appelons très injustement "anthropocène" en nous disant que tout cela est grâce à nous et à notre progrès.
Musica - TJP - Jazz d'Or - La Cosmologie fécale du wombat - Vinciane Despret - Photo: lfdd |
Cette conférence nous prouve que, si nous posions les bonnes questions aux animaux, nous nous rendrions compte que les réponses ne sont pas si évidentes et qui si nous savions observer les - bons - faits, nous nous rendrions compte que, peut-être ce que nous appelons l'intelligence humaine a encore beaucoup à apprendre du règne dit "animal". Vinciane Despret, la philosophe belge qui prend ces questions à rebours, nous prouve, dans cette présentation structurée à la fois comme un roman policier et comme un grand poème pataphysique, que nous nous trompons en gratifiant les chimpanzés et autres primates qui nous singent ou les poulpes et les dauphins que nous sommes à mille lieux de comprendre toute la profondeur mystique de certaines "civilisations" animales, de même que le ciment d'entraide social qu'ils développent en se basant sur un mammifère marsupial d'Australie, le wombat, que nous commençons à peine à découvrir et qui produit par exemple des crottes carrées empilables.
Musica - TJP - Jazz d'Or - La Cosmologie fécale du wombat - Vinciane Despret - Photo: lfdd |
Cependant, cette démarche ontologique vis-à-vis du monde animal (au moins) est auto-dynamité de l'intérieur par son propre raisonnement et les interventions d'un universitaire (Alexis Zimmer) citant les philosophes grecs. Si cela ne suffisait pas, les trois protagonistes qui partagent la table de conférence, le couple Simona Denicolai et Ivo Provost, s'évertuant tout au long de la conférence à découper en cubes des légumes et les assembler en de mini tours de Babel dont on découvrira la version géante à la fin, et François Génot dont on connait le travail artistique et de dessin qui reste, de son côté tout aussi muet et dont la surprise finale est encore plus intéressante.
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C'est vrai que l'on aurait pu, dans un sorte de conférence "projetée" pu assister à l'illustration des thèses développées par la conférencière, mais l'aboutissement de la conférence n'en est que plus gratifiante et valorisée. Une performance en somme qui nous fait prendre des chemins de traverses pour notre plus grand bonheur.
La Fleur du Dimanche
Il faut rappeler que La Cosmologie fécale du wombat fait l'ouverture de saison du TJP - Centre Dramatique National et qu'il est co-présentés avec Musica, le Maillon et Jazz d'Or.
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