Et votre premier "Oui"... ? Et votre première lettre d'amour?
Ah, vous êtes plutôt réseau?
Et vos premières fleurs? Myosotis? Rose? Tulipe? Strelitzia? Pensée?
Et la chasse aux papillons?
Ah, c'est encore aujourd'hui?
Ben voilà, chassez donc la Sylvaine sur la Marjolaine:
Oui, le temps passe trop vite, et je n'ai pas eu le temps, avant les vacances, de vous parler de tout ce que je voulais partager avec vous. Alors tant pis, cela vous prendra un peu de temps - mais c'est les vacances, vous pourrez revenir, je vais vous le découper en chapitre, tout cela vaut le coup d'oeil... et la lecture...
Prêts pour un petit voyage?
Etape 1: Susette: Le Lyrisme de Hölderlin après le Sturm und Drang de Goethe et Schiller
Hölderlin (1770-1843) qui a terminé sa vie dans la folie, rencontra Susette Gontard, l'épouse du banquier Jakob Gontard chez qui il était précepteur. Il en tomba amoureux, raison de son renvoi par le banquier, la prit comme modèle pour le personnage de Diotima dans ses poèmes et son roman Hypérion, et échangea une correspondance dont les lettres de Susette (les siennes ont disparu - bizarre) sont parues sous le tite: Susette Gontard, la Diotima de Hölderlin chez Verdier:
En voici un extrait:
Etape 2: Le Roman tchèque de Klima
Klima, Ladislav de son prénom est né en Bohême en 1878 et mène sa vie selon une règle personnelle, la "Suréthique", qui dit "Fais systématiquement ce qui est interdit"... Solopsiste, il pense que le monde est une "pure fiction de la pensée" et, vers 1910 il commence son premier roman Roman Tchèque en se donnant comme ligne directrice "La forme qu'on a jusqu'à présent donnée au roman est trop étroite. La création d'une forme nouvelle, libre, qui se permette tout et au-dessus de laquelle se fasse partout entendre le rire moqueur du scepticisme souverain et divin n'est qu'une question de temps." Le livre sera inachevé, n'en subsistaient que 163 pages, mais aujourd'hui en parait un livre de 464 pages à partir des notes et autres textes retrouvés, dont des notes en allemand, réalisé, traduit et annoté par Erika Abram. Je vous en livre ici un extrait:
Etape 3: Le Roman Quatre Amours de Comencini
Comencini, Christina de son prénom, née à Rome en 1956, cinéaste, est aussi romancière. Son dernier livre Quatre amours (Da soli) sort chez Stock alors que Etre en vie parait en Livre de poche. A propos de ce livre, elle dit que "L'intime ne m'intéresse que s'il a des résonnances avec ce qui se passe dans le monde. Aujourd'hui tout le monde se sépare, c'est un drame collectif, si on veut. D'ailleurs les quatre personnages ne savent pas exactement pourquoi ils en sont arrivés là. Ils vivent dans une société où l'on se sépare, c'est tout."
... "La question qui est au fond du livre me semble être la question du siècle: peut-on rester ensemble toute la vie sans se perdre soi-même? Par rapport à la génération de mes parents, tout a changé, c'est une vraie révolution. Et c'est encore en train de changer complètement pour la jeune génération, me semble-t-il, qui a encore plus de mal à construire une vie commune, et pour qui la vie de couple est vraiment très fragile."
Je vous offre un extrait de son livre:
Etape 4: Le Roman policier de Cornwell
Le nom de Patricia Cornwell ne doit pas vous être inconnu. Vous ne l'avez peut-être lue, donc n'avez pas acheté l'un des 130 millions de livres qu'elle a déjà vendu. Bon, moi je ne l'ai pas lue non plus, mais elle dit à propos de sa ligne directrice quand elle écrit: "D'abord, ne pas nuire. Je ressens une énorme responsabilité comme romancière. On peut heurter profondément les gens avec des mots que ce soit dans un journal, dans un roman, dans un tweet, ou à la télévision en pleine nuit (sic). Je refuse de causer des problèmes et de glorifier ce qui doit être condamné."
Je vous propose un extrait de son dernier livre Quantum
Un hasard malheureux met en relation Patricia Cornwell avec l'activité culturelle et des arts. La directrice de Paris-Musées qui vient de décéder brutalement à l'âge de 51 ans, Delphine Levy, avait organisé une exposition consacrée au peintre Walter Sickert et devait faire le co-commissariat de celle prévue au Petit Palais à Paris en 2023 avec la Tate Modern. Il se trouve que Patricia Cornwell a fait scandale en 2002 avec un livre sur Jack l'éventreur - Jack l'éventreur, affaire classée, dans lequel elle désigne ce peintre, Walter Sickert comme l'assassin de Whitechapel. Opinion dont elle n'a pas changé depuis. Pour aboutir à ce résultat, elle a acquis trente-quatre toiles du peintre pour en analyser l'ADN.... La science est d'ailleurs un de ses outils pour la création.
Etape 4: Le voyage dans le temps et le corps - miroir - de Faye
Si l'on sait quand l'univers a commencé à exister, on ne sait pas ce qu'il y avait avant. Jean-Pierre Faye, dans son dernier livre Le Corps miroir, essaye de voir ce qu'il y a comme relation entre le temps, les corps, la pensée, les langues dans une vaste exploration. Roger-Pol Droit dans l'article qu'il lui - leur - consacre dans le Monde des livres du 3 juillet (les autres livres dont j'ai déjà parlé plus haut y sont également traités) y dit:
"Nous sommes habitués à ne pas mêler les registres. Parce que nous aimons bien pouvoir dire si nous lisons un poème, un essai, un roman ou un livre d'histoire. Or, avec ce volume, on se trouve bien embarrassé pour trancher... Il se meut ailleurs, dans un jeu incessant de métamorphoses qui traversent époques, langues et disciplines.
La première surprise passée, l'expérience se révèle fort intéressante. Car elle aborde, mine de rien des questions vertigineuses. Par exemple, si le corps et la conscience font, en un sens exister l'Univers, avaient-ils déjà une place dans le processus avant leur apparition? Par quel hasard, ou quelle volonté, et pourquoi?
Je ne vous offre pas d'extrait de ce livre, mais la conclusion de Roger-Pol Droit:
"Jean-Pierre Faye fêtera - dans quelques jours, le 19 juillet - ses 95 ans, qui s'ajoutent aux milliards de ceux de l'Univers. Ou qui s'en retranchent? Ou qui s'y entrecroisent? C'est la question de ce livre qui fait figure, en un sens, de texte de vraie jeunesse... Et quand il s'agit d'un récit qui a pour horizon de devenir une narration sans narrateur, une sortie du temps et de la subjectivité, c'est unique."
Etape 5: La musique et les rencontres dans le temps et les corps
La musique aussi fait faire des rencontres, par exemple, le slow était, en son temps un formidable instrument de rencontre et de fantasmes. Un de ses héros méconnus, mais qui a marqué des générations dont les souvenirs s'estompent, c'est un chanteur luxembourgeois, Camillo Felgen, dont deux tubes ont traversé les chaudes nuits des années 60 (moins chaudes qu'aujourd'hui cependant). Le premier, qui, même s'il était en Allemand, a bercé une génération, c'est Sag Warum, (Dis pourquoi) qui fut même la chanson représentant le Luxembourg au concours Eurovision de la chanson en 1960. La mélodie composée par Phil Spector himself ne l'a pas empêché de finir lanterne rouge, mais ce classement ne fut jamais un handicap pour briller dans les nuits - non pas fauves - mais sous la boule à facettes.
La voilà:
Si vous souhaitez goûter la poésie romantique du texte, je vous mets la version sous-titrée:
Et en bonus, certain la connaissent, la version de Au Bonheur des Dames bien iconoclaste:
On ne va pas s'arrêter en si bon chemin avec Camillo qui a le don de faire un deuxième tube planétaire dont les âmes sensibles se souviennent - avec un texte encore plus puissant. Bon, il faut attendre un peu pour qu'il émerge de la magie de la trompette: Il silencio - Le silence:
Je dédie cette chanson, un brin iconoclaste aussi en son genre, même involontairement, à l'amie Ana Receveur que j'ai trop peu connue, mais que j'ai croisée avec un chapeau pointu sur la tête, ce qui est bon signe, turlututu! Elle est partie dans le silence éternel cette semaine, une pensée pour elle.
Je parlais aussi de rencontre, je vous en ai réservées deux que vous pourrez apprécier, en l'occurrence celle de Henri Salvador et Ray Charles en bilingue sur le Blues du Dentiste:
Et le deuxième couple, dans une émission vintage, la rencontre, non pas d'une machine à coudre et d'un parapluie, mais de Charles Trenet avec Georges Brassens, et ce n'est pas Trenet qui connait le mieux ses chansons!
Autre couple, celui des Vieux amants que chante Jacques Brel qui nous ramène à Comencini. Je vous mets un bout de texte et vous laisse écouter cette merveilleuse interprétation
Bien sûr, nous eûmes des orages
Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol
Mille fois tu pris ton bagage
Mille fois je pris mon envol
Et chaque meuble se souvient
Dans cette chambre sans berceau
Des éclats des vieilles tempêtes
Plus rien ne ressemblait à rien
Tu avais perdu le goût de l'eau
Et moi celui de la conquête
Mais mon amour
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime
Et pour en venir à aujourd'hui tout en se souvenant du passé, la version de Nara Noïan de la chanson du grand Charles - Aznavour: Hier Encore
Hier encore j'avais vingt ans
Je caressais le temps
Et jouais de la vie
Comme on joue de l'amour
Et je vivais la nuit
Sans compter sur mes jours
Qui fuyaient dans le temps
J'ai fait tant de projets qui sont restés en l'air
J'ai fondé tant d'espoirs qui se sont envolés
Que je reste perdu ne sachant où aller
Les yeux cherchant le ciel, mais le coeur mis en terre
Hier encore j'avais vingt ans
Je gaspillais le temps
En croyant l'arrêter
Et pour le retenir même le devancer
Je n'ai fait que courir
Et me suis essoufflé
Ignorant le passé conjuguant au futur
Je précédais de moi, toutes conversations
Et donnais mon avis que je voulais le bon
...
Bon dimanche
La Fleur du dimanche