Il y aura toujours certaines personnes qui vont pleurer parce qu'il n'y a pas assez de... (au choix).
Mais ce vendredi, par exemple, il y avait au moins 10 concerts et j'ai tranché pour trois:
Lovemusic
A 19 heures à la BNU, Lovemusic, le collectif formé autour d'Emilliano Gavito et d'Adam Starkie et qui travaille depuis quelques années maintenant avec comme centre l'auditorium de la BNU (Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg à faire connaître la musique d'aujourd'hui proposait son avant-dernier concert de la saison.
Leur parti-pris est dire que l'on n'a pas besoin d'un bagage historique et d'une lourde formation musicale classique pour écouter - ou jouer - la musique d'aujourd'hui. Et c'était le cas pour ce concert "Time Flies", à l'issue duquel le public (dont des spectateurs venant pour la première fois écouter la musique d'aujourd'hui) a pu échanger avec les interprètes et les compositeurs. Puisqu'il y avait pour ce concert deux créations: Une nouvelle version de la pièce "Le Malheur adoucit les pierres" de Samuel Andreyev (en référence au tableau éponyme d'Yves Tanguy, et "Trois Visages" de Nicolas Marty. La ligne directrice de cette soirée était de travailler sur l'infime, le silence, la tension, avec des pièces pour duos ou trios de vents (flute, clarinette, hautbois, cor). Le concert a d'ailleurs commencé avant l'heure laissant entrer le public lors de "Hotel Deutsches Haus 2" de Peter Ablinger lors duquel, sur des images du tram devant la BNU et du bruit de circulation, le trio (Emilliano Gavito et d'Adam Starkie auquel s'est joint Niamh Dell) ponctue de quelques phrases répétées en mémoire de cet hôtel de Berlin-Kreutzbeg. La vidéo (avec la participation de David Brunner et Noe-Christophe Nya) dialogue avec quelques pièces, dont "Fliegen Fliegen ?" où sur l'écran les mouches ne volent pas encore, puisqu'elle sont à l'état de larves, des asticots, mais les sons volent haut et créent des résonnances dissonances. Pour "Le Malheur adoucit les pierres", la vidéo nous fait "sentir" la matière de ces pierres. Pour clore ce concert d'une intense qualité d'écoute, un "presque classique", puisque "Triplum" de Franco Donatoni, écrit en 1955 et qui a donné au trio l'occasion d'un dialogue plus vif et "Muro d'orizonte" de Salvatore Sciarrino dont l'histoire du titre résume bien l'intitulé du concert: "Mur d'horizon" était une note-oxymoron de Franco Donatoni écrite en 1993 au-dessus d'une phrase de Michel Serre: "Sans autre protection que le ciel, sans autre mur que l'horizon". Le temps passe, s'envole, mais nous sommes là à partager la sensation que la musique est vivante dans l'instant, le présent.
Le prochain rendez-vous avec Lovemusic sera en juillet, le 12 à 19 heures, toujours à la BNU avec un programme intitulé "Oustside of you... including me"..... à partager
Jazzdor
A 20h30, après quelques échanges post-concert, direction le Centre Culturel du Fossé-des-Treize où a lieu le dernier concert de la saison de Jazzdor (pour le précédent du 10 mai voir mon billet "Concert Nord-Sud et Est-Ouest pour briser les frontières").
Le concert est placé sous le signe de l'Europe, avec la Belgique.
Ce sont deux formations flamandes qui se partagent le plateau.
Pour commencer, De Beren Gieren dont le pianiste Fulco Ottervanger a expliqué que le nom pouvait se traduire autant par "Les ours vautours" que par "les ours qui rient" ou "Les ours qui ont peur".
La poésie efficace, également dans les titres (leur traduction française sonne comme "la vie de l'eau", "Le poids de l'air", "la valse des promesses" ou "jour provisoire"), nous emmène dans un voyage harmonieux aux sonorités rêveuses.
De Beren Gieren - Jazzdor 2019 - Photo: lfdd |
Avec le pianiste Fulco qui jour plus vite que son ombre et, en plus se dédouble, avec ses boucles électroniques et ses triturations sonore, le bassiste rieur Lieven van Pee qui pose son tapis sonore bien tempéré, et le batteur, Simon Segers, messie maître du rythme, nous sommes bercés au gré d'un voyage romantique au long cours, entre valse enjouée et rêveries hypnotiques avec un film où défilent des forêts baignées dans des bancs de brumes. La musique hypnotique très bien maîtrisée de ce trio belge uni et complice nous captive et nous emporte au pays du Jazz. Ils sont fous, ces Belges, mais qu'est-ce qu'ils jazzent bien...
Comme vous avez sûrement raté le concert, je vous en offre un extrait (pour ceux qui y étaient cela sera un souvenir):
Pour la deuxième partie de la soirée, le grand ensemble Imaginary Band de et avec Lynn Cassiers est aussi fou, surtout elle, bidouilleuse multitâche, entre borborygmes, chuchotis et mélopées triturées par l'électronique et mélangés avec des bruitages qui ponctuent des chansons romantiques et bien rythmées. Elle nous propose une série de pièces et de chansons très bien écrites, qui permettent à tous les membres de son big band bien dialoguer et d'avoir quelques espaces de liberté pour des solos virtuoses. Ses chansons, se posant le plus souvent vers la douceur et les mélopées, nous propose aussi un morceau de style comédie musicale ou dessin animé américain avec des pointes d'humour. Elle nous fait aussi penser à une Nico du Jazz. Son grand ensemble rassemble autour d'elle en plus de ses compères habituels, Erik Vermeulen au piano, Manolo Cabras à la contrebasse et Marek Patrman à la batterie, Sylvain Bebaisieux au saxophone, Nieles van Heertum à l'euphonium et Ananta Roosens au violon.
Lynn Cassiers - Jazzdor 2019 - Photo: lfdd |
Cette dernière soirée de la saison de Jazzdor fut donc l'occasion de découvrir un jazz proche de nous géographiquement mais qui n'aura pas encore traversé les frontières... C'est chose faite et nous en sommes heureux.
CAFE DE LA BIENNALE
Après ce concert bien décoiffant, direction le "Café de la Biennale" dans la cour de l'ancienne Poste centrale avenue de la Marseillaise dans lequel se tenait la Biennale internationale d'Art de Strasbourg et à laquelle le café a survécu quelques mois (au moins 3, et jusqu'à quand ?).
En tout cas, c'est là que Don Nino présente son dernier album, The Keyboard Songs, un recueil de morceaux composés aux claviers, aux textures inédites, aériennes et intimes, complété avant et après par les mixes de Panimix (Till, Mickael Dard et Emmanuel Dsd) qui passent des vrais disques.
MUSICA
La veille, ce même lieu a accueilli à midi la présentation du programme du festival Musica (du 20 septembre au 5 octobre) et le soir la fête pour annoncer le virage de la programmation sous la nouvelle direction de Stéphane Roth, avec une soirée festive et des extraits de trois spectacles:
- "Musique de tables" de Thierry de Mey interprété par trois musiciens des Percussions de Strasbourg, pour la "Journée Thierry de Mey" au Point d'Eau à Ostwald le 22 septembre
- Le guitariste Julien Desprez qui donnera un concert dans les jardins du Palais Universitaire le 1er octobre
- François Chaignaux, chorégraphe, chanteur et danseur qui, pour la pièce "Symphonia Harmoniae Caelestium Revelationum" interprètera la Symphonie des harmonies célestes de la bénédictine mystique Hildegarde von Bingen, le jeudi 3 octobre dans la salle de la Bourse.
Musica 2019 - Percussions de Strasbourg - Musique de table - Thierry de Mey - Photo: lfdd |
Pour vous donner un avant-goût de Julien Desprez, voici l'extrait d'un précédent concert.
La Fleur du Dimanche
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