dimanche 16 février 2025

Valentin et le désossé: Eros et Thanatos, l'amour et l'amor

 Pour la Saint Valentin, on pense à l'amour, et l'amour appelle les fleurs, alors, je vous offre quelques fleurs

Des clématites sauvages, clématites des haies ou vigne blanche, clematis vitalba pour vous:


Clematis Vitalba - Photo: Robert Becker


Sauvage comme l'amour, le premier, le primitif, celui dont on se souvient, qui nous marque. Vous, vous en souvenez-vous, vous a-t-il marqué ?

C'est le premier, ce n'est pas forcément le plus puissant - j'en connais pour qui c'est le seul - mais il y en a tant et ils peuvent être très forts, puissants, extraordinaires.


C'était la Saint Valentin, l'occasion de consommer ensemble, pas seulement au restaurant, ou pas...

D'ailleurs comme premier TVA en rapport avec cette fête, je vous ai trouvé ce trait d'humour:

"Si à la Saint Valentin tu n'es pas amoureux, ce n'est pas grave, à la Toussaint tu nes pas mort non plus."


Et je rebondis sur ce texte de Pierre Michon - dans Libération - qui parle de la mort et aussi curieusement de l'amour - et de l'écriture:

"J'ai eu une inhibition devant l'écriture toute ma vie, sauf dans les moments où ça se décoinçait. Et puis, coup sur coup, deux choses m'ont libéré. D'abord l'amour que j'éprouve depuis cinq ou six ans, avant que je ne tombe malade. Ensuite, j'ai fait l'expérience de celui qui va mourir d'ici très peu de temps. Depuis, je peux dire que je n'ai pas peur de la mort. C'est facile à dire, ça vous parait gratuit, mais c'est vrai.

Cette expérience de la mort et cet amour m'ont débarrassé de toute inhibition envers l'écriture. Je dirais presque de toute inhibition tout court. Je ressens un bonheur presque ininterrompu. C'est peut-être une forme bégnine de dégénérescence sénile, quand on dit "il retombe en enfance". Mais c'est une forme bégnine, je recommande à tout le monde de l'attraper."

 Pour revenir rapidement sur le "premier amour" et son "premier chagrin d'amour", le plus dur souvent, le psychothérapeute Nazyk Faugeras, nous explique dans un article dans Libération sur la Saint Valentin que "si le premier chagrin d’amour est aussi douloureux, c’est qu’il vient «raviver les souvenirs d’une relation très forte vécue antérieurement». Pas dans une autre vie, mais au tout début de celle-ci : «La relation entre la mère et le nourrisson». Resté «totalement inconscient, le conflit psychique lié à cette perte n’a pas été dénoué». Cette nouvelle séparation, ... fait exploser chez les protagonistes un méli-mélo d’émotions difficile à gérer : «attachement, amour, dépendance, haine, rancœur…»


Et avant de boucler sur la mort, non des fleurs mais des feuilles:


Feuilles pas fleurs - Photo: Robert Becker


Et donc, le mot de la fin dans la bouche - ou plutôt sous la plume - d'Olivier Cadiot dans son dernier livre Départs de feu:

"Au moment de mourir, on peut se dire que tout ce qu'on a fait contient aussi ce qu'on n'a pas fait. C'est formidable, non ?


Mais j'allais oublier, pour revenir à la Saint Valentin et pour le mettre en perspective avec les injonctions actuelles, en particulier la question du "consentement", je vous mets des extraits très éclairants sur ce sujet avec un point de vue original par une philosophe espagnole Clara Serra, à l'éclairage de l'expérience récente de leur pays. C'est un livre la Doctrine du consentement (la Fabrique, janvier 2025) dont Libération parle dans une article Le consentement, cet obscur objet du désir et je vous en offre quelques extraits:

"Le problème de cette vision «néolibérale» appliquée au désir, objecte Clara Serra, c’est qu’elle s’appuie sur une vision formelle et abstraite des libertés et des droits. Or, l’égalité face au consentement n’est que théorique, et gommer son inscription concrète et sociale, c’est gommer «la condition matérielle de la liberté de choisir» en réalité soumise à des rapports de domination et des inégalités que prendrait davantage en compte un projet d’émancipation réellement progressiste. Pour preuve, l’ancien acquiescement des femmes au mariage, qui était rarement «libre et éclairé».

...

Un paradoxe que pointe Clara Serra : «Penser la sexualité comme si nous étions sans cesse en situation de danger renforce l’image traditionnelle de fragilité, et finit par nous renvoyer au lieu que le patriarcat a toujours assigné aux femmes.»

...

"Pourtant, écrit l’universitaire anglaise Katherine Angel citée par Clara Serra, c’est dans l’interaction qu’émergent nos désirs ; nous ne savons pas toujours ce que nous voulons ; parfois, nous découvrons des choses que nous ignorions désirer ; parfois, nous ne découvrons ce que nous voulons qu’en le faisant. Cette réalité – nous ne savons pas toujours et nous ne pouvons pas toujours dire ce que nous voulons – doit être intégrée dans l’éthique du sexe, et non ignorée parce que gênante.» Position également partagée par Judith Butler qui écrit : «Ne pas savoir est inséparable de la sexualité même.»


Et pour clore en chanson, tout d'abord la chanson La Souterraine d'Emily Loizeau, vue il n'y a pas longtemps au PréO à Oberhausbergen:



Pour revenir aux amour adolescentes, au choix, soit pour quelques "jeunes", Grease avec John Travolta et Olivia Newton-Johns:


En remplacement: 



Pour un souvenir plus lointain, d'Yves Simon: Sur les bords d'la Moselle:

Attention surprise !


Sur les bords d'la Moselle

J'avais un amour
Qui m'faisait des quenelles
Des patates au four
J'avais quinze ans à peine et je brûlais
Les vieux navires de guerre qui coulaient

Bon, là c'est autrement:


Et là c'est encore différent, c'est le disque:



Et il faut bien que le premier amour parte... avec le Loup et Gérard Blanchard à Rock Amadour ?


Mon amour est parti avec le loup dans les grottes de Rock-Amadour
Je suis resté là comme deux ronds d'flipp enveloppé dans du papier hygiénique
Mon amour est parti avec le loup dans les grottes de Rock-Amadour
Moi je tricote des napperons avec le reste des nouilles grimpé sur le balcon

AMais il faut que mon amour pense à moi : Piensa en mi - de Luz Casal:




Bon Dimanche, bonne suite de Saint Valentin, jusqu'à la Toussaint...


La Fleur du Dimanche

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