mardi 4 février 2025

Emily Loizeau au PréO pour son nouvel album La souterraine - Une voix haut debout et engagée

 Dix-huit ans après son premier album L'Autre Bout du Monde, son premier disque qui l'a fait connaitre, Emily Loizeau sort un nouvel album La Souterraine qui confirme son virage vers une musique plus électrique, avec un trio guitare, basse et batterie. Et c'est avec cette formation qu'elle donne un concert très généreux au PréO à Oberhausbergen. 


Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker

Sur la gauche de la scène, un grand piano sur une caisse à roulette, drôle d'engin que l'on croirait encore en fabrication, à part la structure et la partie musicale, il n'y a pas d'habillage, mais au final quand elle en joue, la musique qui en sort est magnifique. Pour commencer, ses musiciens arrivent avec des lampes de poche et se positionnent sur la scène - Tomas Poli à la guitare et quelques synthétiseurs, côté gauche, Boris Boublil  à la basse et aux claviers au fond à droite et du côté droit à la batterie, Sacha Toorop - et mettent une ambiance pour annoncer l'arrivée de l'oiseau blanc, Emily, en robe blanche brodée et un haut doré qui se positionne derrière un clavier au milieu sur l'avant de la scène.


Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker

Elle démarre avec la première chanson Eclaire-moi qui nous éclaircit sur la mise en scène à laquelle nous venons d'assister. Cela commence cool comme la chanson suivante, toujours sur un rythme lent Je vois dans tes yeux, qu'elle interprète sur son "grand" piano. La troisième, presqu'un tube déjà, La route de Vénus la voit siffler la mélodie et nous permet de retrouver les belles caractéristiques de sa voix particulière qui peut aller autant dans les aigus bien soutenus et des sonorités qui vont chercher dans les graves qu'elle porte au fond de sa voix. La mélodie nous berce et les ritournelles s'immiscent insidieusement dans notre cerveau alors que nous nous laissons bercer par l'étoile du Berger.


Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker

Changement de rythme et de style avec Strong Enough, une chanson en anglais où elle est bien à l'aise, étant bilingue et binationale et où le groupe se laisse aller à des riffs de guitare et quelques éclats. Elle continue avec un mégaphone dans lequel elle chante des slogans en précisant s'adressant à la salle qu'il faut rester vigilant et sauvegarder la culture qui nous élève et nous relie.


Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker

Sur ce elle dresse elle-même deux tentes couvertes d'ombres de fleurs, et après un morceau instrumental, elle nous offre la chanson qui a donné son titre au disque La souterraine et qu'elle nous chante au piano, une très belle chanson qui parle de fête et de feu, sombre et lumineuse à la fois, qui nous entraine dans son élan.

"il semble que rien en nous arrête 
il semble que rien ne puisse  troubler la fête"

Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker

Tout change avec I want to turn the volume down, chanson pour laquelle elle va se mettre à danser avec force et frénésie sur la scène, dans une chorégraphie habitée et sous des éclat de lumière stroboscopiques. La suite est également bien martelée, elle-même battant tambour, bien soutenue par Sacha Toorop et la guitare et la basse se faisant très électrique pour Stuck inside où elle martèle qu'elle entend des voix à l'intérieur d'elle.... 


Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker

Le chanson suivante, plus calme, toujours en anglais est en hommage à Elaha, une jeune réfugiée afghane de 14 ans pleine d'énergie, assez pour soutenir tout l'espoir de toute la famille qui migre et essaie de venir en Europe. C'est une chanson qu'elle a composé pour le film La vie devant elle que sa soeur Manon Loizeau a réalisé sur Elaha, avec des images que la jeune fille a également tournées et qui respirent le bonheur et l'espoir dans le malheur et les difficultés de leur vie.


Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker

Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker

Le tour de chant s'achève, comme le disque, avec la nostalgique chanson, cependant pleine d'espoir et de résilience, Ici commence la mer:

Laissons nos larmes
Irriguer les champs
Et nos yeux sécher dans le vent

Laissons nos rages
Tonner dans la nuit
De nos mains recueillons la pluie

Ici commence la mer
Le paradis sur terre
Nous avons la vie pour le faire

Laissons nos cœurs
Serrés et distants
Nos corps abîmés, chancelants

Laissons nos peaux
Comme le font les serpents
De nos yeux regardons devant

Ici commence la mer
Ici finit l'enfer
Nos peines seront passagères

Ici commence la mer
Le paradis sur terre
Nous avons la vie
Pour le faire.

Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker

Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker

Emily Loizeau descend de scène et vient s'immerger dans le public, comme pour prendre un bain de mer, cette mer qui est une ligne d'horizon de ses chansons, tout comme le bout du monde, les frontières, les autres, le vent, la nuit, les orages et les vagues. Les nuages, les rivières et les bouts du Monde... Elle est très consciente - et engagée - dans les actions pour sauvegarder la nature, les arbres, le climat, les animaux, les autres. 


Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker

Elle a d'ailleurs invité des associations à tenir un stand, dont SOS Méditerranée, et pour le rappel, après une belle interprétation de Sur la route; elle chante s'accompagnant seule au piano une chanson pour les Sioux, Danser sur un volcan où elle dit: "La vie tient du miracle, Il en faudrait si peu pour l'abattre". Elle nous offre bien sûr en très beau cadeau - et sûrement beaucoup sont venus pour communier avec cette chanson - "L'autre bout du monde" avec sa voix inimitable qui nous emporte loin, très loin. 


Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker

Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker

Et pour revenir sur terre et nous rappeler que celle-ci est à défendre et que nous aussi nous devons nous lever, elle nous y invite avec son orchestre et Rise, la musique qu'elle a fait pour le film La fabrique des pandémies qui pose un regard positif sur ce genre d'engagement. 


Emily Loizeau - Le PréO - Photo: Robert Becker


Ainsi s'achève un très beau concert plein d'énergie, de sentiments et d'émotions, plein de découvertes aussi, avec une chanteuse qui fait son chemin depuis plus de quinze ans sans perdre sa foi et en se renouvelant, et dont l'énergie d'aujourd'hui s'exprime avec force et électricité.


La Fleur du Dimanche


Chant, piano : Emily Loizeau 
Basse, claviers : Boris Boublil 
Guitare : Thomas Poli 
Batterie : Sacha Toorop 
Régie générale : Nicolas Legendre 
Régie son/façade/retours : Sébastien Bureau 
Régie lumières : Laura Sueur / Lucas Delachaux 
Mise en scène : Julie-Anne Roth 
Scénographie : Salma Bordes Chorégraphie : Juliette Roudet 
Création lumières : Samaële Steiner

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