Retour au bercail pour Alice Laloy (sortie de l'école du TNS en 2001 - 32ème promotion) avec son dernier spectacle Le Ring de Katharsy. Elle avait découvert la marionette durant ce parcours et avait était accueillie au TJP CDN de Strasbourg avec des spectacles qu'elle avait créé avec la Compagnie s'appelle reviens qu'elle avait fondée en 2002. Elle y a aussi effectué une résidence entre 2009 et 2011. Ensuite elle avait créé pour le centenaire du mouvement Dada une pièce hommage au mouvement, Ca Dada et ensuite réalisé tout un travail autour de Pinocchio, dont Pinocchio #2 que nous avons pu voir aux Giboulées de la Marionnette en 2022. Mais plus que la marionette, ce qui intéresse Alice Laloy, et on le voit dans ce spectacle, ce sont les images, les mécanismes, les jeux, les interactions, tout un univers global qu'elle crée.
Le Ring de Katharsy - Alice Laloy - Photo: Simon Gosselin |
Dès le départ, sur scène, il y a cette machinerie, comme un engin spatial qui décolle comme un LEM lunaire et qui va nous réserver plein de surprises. Il découvre un espace vierge et gris à construire et à habiter. Ou plutôt un vrai terrain de jeu, transposition dans un monde en trois dimensions d'un ring, d'une arène carrée qui va se retrouver surface de confrontation, de combat, dans un compétition en quatre matches de deux équipes de quatre joueurs qui s'affrontent dans un jeu virtuel, mais toutefois bien concret.
Le Ring de Katharsy - Alice Laloy - Photo: Simon Gosselin |
Car toute l'invention, et l'originalité de la proposition dramaturgique d'Alice Laloy, c'est de transformer les huit adversaires en véritables faux avatars. Et l'exploit et la performance sera de nous faire croire que ce que nous voyons, ce sont des personnages de jeu vidéo. Et ce sont donc des comédiens, au départ tout gris et légèrement vêtus, adoptant une démarche et des mouvements mécaniques, hésitants et saccadés qui nous plongent dans l'illusions d'un univers de jeu vidéo presqu'abstrait.
Le Ring de Katharsy - Alice Laloy - Photo: Simon Gosselin |
L'interprétation des comédiens, jouant sur une maîtrise totale de leurs corps - avec un très solide bagage circassien - réussissent l'exploit de nous faire changer de perception. Une formidable illusion. De chaque côté de ce carré se trouvent deux "humains", les joueurs de cette "partie" qui, par les ordres qu'il transmettent à leur équipe respective, vont faire avancer le jeu dont nous voyons les point gagnés sur les écrans vidéo accrochés au fond du plateau. Le réalisme et la transposition du jeu vidéo sont impeccables.
Le Ring de Katharsy - Alice Laloy - Photo: Simon Gosselin |
Ces comédiens, en plus de ce rôle de joueur, sont aussi les ventriloques qui sonorisent les avatars avec des borborygmes, interjections, cris et grondements. La tension entre cette triple situation, d'engagement total de joueur, avec ses réactions par rapport à l'avancée de la compétition et aux point gagnés ou perdus, aux situations qui progressent ou bloquent d'une part, à la conduite par la voix de ses équipes de quatre avatars d'autre part et aussi de la sonorisation de ces créatures amène une tension pas toujours consciente qui est transmise au spectateur qui est, dans cette situation totalement submergé, voire emporté dans un maelström émotionnel.
Le Ring de Katharsy - Alice Laloy - Photo: Simon Gosselin |
Deux autres personnages, tout aussi gris que les avatars ont une fonction qui se situe plutôt entre l'homme de main et le technicien de surface chargé de la bonne marche du plateau de jeu, des placements et déplacement de ces pions. Ils auront un rôle crucial dans le dénouement du jeu et de la pièce en étant porteurs de la couleur. Surplombant majestueusement tout cela dans une longue robe grise elle aussi, une chanteuse chef d'orchestre de toute cette agitation nous plonge encore plus dans un étrange univers sonore, complété par les bruitages du jeu conçus par Géraldine Foucault, la musique étant de Csaba Portai.
Le Ring de Katharsy - Alice Laloy - Photo: Simon Gosselin |
Les danseurs acrobates sont vraiment impeccable et incroyables tout au long de la pièce, chacun(e) avec leur style et leur personnalité propre. Et il faut saluer l'inventivité et les prouesses techniques de l'équipe de conception des accessoires de décor qui nous surprennent à chaque coup. Et l'équipe de construction du TNS qui les a réalisés. Alice Laloy est une vraie créatrice d'univers et avec cette nouvelle direction qu'elle a creusée avec cette dystopie inquiétante qui brouille nos perception, elle a frappé un grand coup.
La Fleur du Dimanche
Alice Laloy
[Écriture et chorégraphie]
Alice Laloy en complicité avec l’ensemble de l’équipe artistique
[Avec les chanteur·ses, acrobates et danseur·ses]
Coralie Arnoult, Lucille Chalopin, Alberto Diaz, Camille Guillaume, Dominique Joannon, Antoine Maitrias, Léonard Martin, Nilda Martinez, Antoine Mermet, Maxime Steffan et Marion Tassou
[Assistanat et collaboration artistique ] Stéphanie Farison
[Collaboration chorégraphique] Stéphanie Chêne
[Scénographie] Jane Joyet
[Lumière] César Godefroy
[Musique] Csaba Palotaï
[Écriture sonique] Géraldine Foucault
[Recherche et développement des accessoires et objets] Antonin Bouvret
[Recherche, dessin et développement des systèmes de lâchés] Antonin Bouvret, Christian Hugel
[Renfort construction] Julien Aillet, Julien Joubert
[Costumes] Alice Laloy, Maya-Lune Thiéblemont, Anne Yarmola
[Renfort costumes] Angélique Legrand
[Graphisme et Vidéo] Maud Guerche
[Typographie] MisterPixel, Christophe Badani
[Regard cascades] Anis Messabis
[Coordination des projets artistiques] Joanna Cochet
[Assistanat à la vidéo] Félix Farjas
[Stagiaire en assistanat à la mise en scène] Salomé Baumgartner
[Stagiaire costumes] Esther Le Bellec
[Régie générale Sylvain Liagre, en alternance avec Baptiste Douaud | Régie plateau Léonard Martin | Régie lumière en tournée Elisa Millot | Régie son en tournée Géraldine Foucault, en alternance avec Arthur Legouhy]
Les décors sont réalisés par les ateliers du TnS.
[Coordination des projets artistiques] Gabrielle Dupas
[Production et diffusion] Gabrielle Dupas
[Administration] Céline Amadis
[Communication] Manon Rouquet
Production La Compagnie s'Appelle Reviens
Coproduction T2G – CDN de Gennevilliers, Théâtre de L’Union – CDN du Limousin, Théâtre National populaire – CDN de Villeurbanne, Festival d’Automne à Paris, Théâtre National de Strasbourg, La Comédie de Clermont-Ferrand Scène Nationale, ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie, Marionnettissimo, Théâtre d’Orléans – Scène Nationale, Le Bateau Feu – Scène nationale Dunkerque, Théâtre Nouvelle Génération – CDN de Lyon, La Rose des Vents – Scène nationale Lille Métropole Villeneuve d’Ascq, Théâtre Olympia – CDN Tours, Malakoff Scène nationale
Avec l’aide du Ministère de la culture.
Avec le soutien du Fonds SACD / Ministère de la culture Grandes Formes Théâtre et la SPEDIDAM.
La compagnie est subventionnée par la Direction régionale des affaires culturelles [DRAC] Hauts-de-France, la Région Hauts-de-France et la Communauté Urbaine de Dunkerque.
Création du spectacle le 9 octobre 2024 au Théâtre National Populaire (TNP) à Villeurbanne
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