Après plus de 20 ans de carrière et 25 pièces chorégraphiques ou performances, Mette Ingwartsen n'a pas mis son passé en quarantaine. Au contraire elle a fait appel à sa complice des débuts - et même d'une plus longue période - Manon Santkin pour les parcourir et nous faire revivre quelques moments marquants de sa création en la mettant d'actualité dans cette création Rush.
Rush - Mette Ingvartsen - Manon Santkin - Photo: Bea Borgers |
Manon Santkin va même partager avec nous ses souvenirs. Alors que le grand plateau avec un fond un écran blanc fait fond de scène, qu'un cube noir est posé au centre de cette scène en longueur où sont éparpillées quelques couvertures de survie, qu'un table blanche est disposée vers le milieu à droite et qu'on découvre deux aspirateurs à gauche et à droite vers le fond, une voix nous chuchote à l'oreille l'état d'esprit du moment et les souvenirs des débuts où encore étudiante, Manon avec deux autre interprètes attendaient nues dans les coulisses avant d'entrer en scène. L'intimité, ce n'est pas juste la nudité, c'est aussi entrer dans la pensée de l'interprète et avoir une proximité d'esprit, de sensations. Car le travail de Mette Ingvartsen interroge, et on va le voir, à la fois le désir, la sexualité, l'intimité, la nudité, l'identité pour une part importante de sa création. Cette création dont Manon Santkin va avoir la lourde charge à la fois de réactualiser, de résumer et de représenter parce qu'il faut que les quelques sélections de ces 25 pièces rentrent dans une durée respectable (une heure et demie).
Rush - Mette Ingvartsen - Manon Santkin - Photo: Bea Borgers |
Et, comme la plupart de ces pièces avaient plusieurs interprètes, elle aussi va devoir se multiplier sur scène (ce qui n'est pas toujours du meilleurs effet). Globalement, elle a suffisamment d'énergie pour à la fois danser, raconter et quelquefois passer d'un personnage à l'autre pour faire passer le sentiment de foule (au moins trois ou quatre interprètes sur scène). Pour la première pièce en tout cas, Manual Focus de 2003, le dispositif de ce corps de dos avec un masque à l'arrière de la tête fonctionne parfaitement. Pour to come (2005) on imagine même plus de danseurs que la pièce d'origine n'en avait. Et, pour faire une pause, elle sollicite quatre spectateurs pour rejouer le "choeur de l'orgasme" de cette pièce, tout comme elle essaie de faire du participatif avec des mouvements de yoga ou de relaxation avec un résultat pas toujours garanti. Pour 7 pleasure (2015), même si elle n'arrive pas à se couper en douze, elle rend bien l'idée de la pièce, tout comme pour les pièces "sans danseurs" où Mette Ingvartsen interroge la matière et la nature, avec en particuliers les deux variations avec les couvertures de survie où l'on comprend pourquoi il y avait des aspirateurs sur scène.
Rush - Mette Ingvartsen - Manon Santkin - Photo: Bea Borgers |
C'est une vraie performance que tous ces rôles dans toutes ces pièces, ces changements de situation instantanées et également ces changements d'état d'esprit, une vraie gageure. Sans oublier le fait qu'elle doit être à la fois dedans et en dehors de la pièce pour la décrire et la commenter. Une travail formidable que Manon Santkin assume à merveille et une sensibilité qu'elle arrive à faire passer en toutes circonstances. Chapeau!
La Fleur du Dimanche
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