jeudi 17 février 2022

Le jour se rêve de Gallotta au Rond-Point : "Tribute" à Merce Cunnnigham d'une Tribu des Mammames revisitée

Cela commence comme une déambulation d'une tribu de Mammames qui occupent le plateau en balançant leur démarche un peu animale et saugrenue et l'on se dit que Jean-Claude Gallotta n'a pas changé. Mais à y regarder de près, si, même si la démarche est là, même s'il y a ici et là un short qui traîne, celui-ci à une certaine classe et le reste des costumes ont fière allure, justaucorps et vestes noires et même cagoules avec masques associé qui donnent à ces dix danseurs un air inquiétant et étrange. 

Le jour se rêve - Jean-Claude Gallotta - Théâtre du Rond-Point - Photo: Joseph Caprio


C'est Dominique Gonzales-Foerster qui signe les "textiles et les couleurs", un bel arc-en-ciel qui remplit la scène d'un éblouissement et d'un foisonnement de coloris. L'artiste plasticienne créatrice d'ambiance et d'univers joue avec la palette que le chorégraphe met en mouvement, alternant des chorégraphies d'ensemble et des duos simples ou multiples, des solos, tour à tour virtuoses et emportés ou alors tendres et délicats. Une belle harmonie s'en dégage et l'on sent la volonté de Jean-Claude Gallotta de rendre hommage au grand maître Merce Cunningham, qui aurait cent ans et qui lui a fait découvrir "l'esprit de la danse" à la fin des années 70 à New York, dans le foisonnement créatif et le creuset de rencontres de l'époque. Gallotta raconte, et rejoue d'ailleurs cet épisode dans le premier des interludes qu'il nous offre et où il danse aussi, avec son style singulier, un hommage au poète Dada Kurt Schwitters. 

Le jour se rêve - Jean-Claude Gallotta - Théâtre du Rond-Point - Photo: Joseph Caprio


Le jour se rêve - Jean-Claude Gallotta - Théâtre du Rond-Point - Photo: Joseph Caprio


Dans le deuxième "event" où les danseurs changent de costumes, toujours aussi colorés, mais où les corps et les visages, l'on arrive à mieux appréhender la diversité des interprète qui viennent de tous les continent et jouent de leurs différences corporelles. Après l'élévation un peu mystérieuse et mystique du premier "event", nous entrons dans un univers plus social, contemporain avec des échanges plus sensuels et enlevés. Le dernier "event" sera, lui, encore plus près du corps; les danseuses et les danseurs, en sous-vêtements, emportés dans une série de duos virevoltant jusqu'à l'ivresse et l'apothéose finale. Entre temps, Jean-Claude Gallotta aura encore fait un petit interlude sur la scène, toujours de noir vêtu et dansant sa gestuelle saccadée sur des compositions nostalgiques de Rodolphe Burger - dont deux en Allemand, Eisbär - Ich möchte ein Eisbaer sein - je voudrais être un ours blanc) chansons du groupe cold wave-punk suisse Grauzone dans lequel oeuvrait Martin Eicher, et Holde Lilli, poème d'amour romantique de Goethe.

Le jour se rêve - Jean-Claude Gallotta - Théâtre du Rond-Point - Photo: Joseph Caprio


Ce sont d'ailleurs les compositions de Rodolphe Burger, guitarre, synthétiseur et voix,  qui parcourent et donnent une très belle unité d'ensemble à ce spectacle. Et tout comme Dominique Gonzales-Foerster pour la partie visuelle, l'univers sonore particulier de ce musicien un peu hors du temps habille nos rêves de danse de ses rythmes envoûtants et de sa voix grave et reposante. Les judicieux choix des collaborations artistiques de Jean-Claude Gallotta permettent à cette danse presqu'intemporelle mais néanmoins ancrée dans notre présent de trouver leur pleine expression et nous toucher au coeur et aux sens.


Le Fleur du Dimanche



Chorégraphie : Jean-Claude Gallotta
Musique : Rodolphe Burger
Avec : Axelle André, Naïs Arlaud, Ximena Figueroa, Ibrahim Guétissi, Georgia Ives, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger, Jean-Claude Gallotta
Assistanat à la chorégraphie : Mathilde Altaraz
Dramaturgie : Claude-Henri Buffard
Textiles et couleurs : Dominique Gonzalez-Foerster
Assisté de : Chiraz Sedouga, Anne Jonathan
Lumière : Manuel Bernard

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