La composition d'une musique par Philip Glass pour le ballet chanté Alice est une création mondiale par le Ballet de l'Opéra National du Rhin, d'abord à la Filature, à Mulhouse où il est installé, puis à Strasbourg dans le théâtre historique.
Alice - Philip Glass - Hosseinpour et Lunn - Ballet de l'ONR - Photo: Agathe Poupeney |
Basé sur une partition qui joue l'alternance d'un piano intimiste et vivifiant et des parties orchestrales plus répétitives ou puissantes, les chorégraphes Amir Hosseinpour (dont on a déjà pu voir, entre autres la chorégraphie de Maghagonny en 2018) et Jonathan Lunn revisitent l'héroïne créé par Lewis Caroll dans un voyage de rêve qui assemble à la fois les livres de ce dernier mais aussi la référence à la supposée inspiratrice du personnage Alice Liddel dans une scène inaugurale qui lui fait rêver les épisodes qui vont se dérouler et à laquelle Lewis Carrol s'adresse également dans une lettre finale.
Alice - Philip Glass - Amir Hosseinpour et Jonathan Lunn - Ballet de l'ONR - Photo: Agathe Poupeney |
Ce personnage, interprétée avec bienveillance par l'actrice suisse Sunnyi Melles va revenir de temps en temps pour relancer l'histoire ou réciter des poèmes jaberwokyeskes avec ses mots-valises, tout comme Lewis Carrol (Marwik Schmitt) se retrouvera dans une scène loufoque de salle de classe surréaliste et bégayante. Les décors (la maison, l'appareil photo géant, les portes multiples,...) et les costumes inventés et crées par Anne Marie Legenstein sont à mignons à croquer. Et les créations vidéo de David Haneke sont enchanteuses, et bien pensés, de l'oeil voyeur qui surveille la scène aux effets de chute du début ou des images sous-marines à l'univers de la forêt, tout participe à la féérie d'ensemble de la pièce.
Alice - Philip Glass - Amir Hosseinpour et Jonathan Lunn - Ballet de l'ONR - Photo: Agathe Poupeney |
Les différents personnages, des trois "Alice" (Susie Buisson, Monica Barbotte et Noémi Coin), sans compter la "petite" Alice (Juilette Michel), le Lapin Blanc (Pierre-Emile Lemieux-Vienn), le Chat du Cheshire (Ryo Shimizu) ou le Chapelier Fou (Cauê Frias, également magnifique en Drag-queen Alice qui sème de l'or) mais encore la Reine (Ana Enriquez), Le Prince (Marin Delavaud, la Duchesse (Alice Pernao) et le Cuisinier (Pierre Doncq), et les autres sont tous magnifiques et les tableaux filent allègrement.
Alice - Philip Glass - Amir Hosseinpour et Jonathan Lunn - Ballet de l'ONR - Photo: Agathe Poupeney |
Alice - Philip Glass -Hosseinpour et Lunn - Ballet de l'ONR - Photo: Agathe Poupeney |
Les mouvements d'ensemble avec les danseurs du Ballet de l'Opéra National du Rhin, sous la direction artistique de Bruno Bouché, que ce soient la danse des fleurs virevoltant avec entrain, le ballet des tasses dansé avec aisance, l'hommage à Pina Bausch ou les affrontements entre les footballeurs cartes à jouer Coeur (de la Reine) et Pique (Prinsesse) ou la vengeance des homards, amènent une dynamique plus puissante, soutenue par l'Orchestre Symphonique de Mulhouse sous la direction de Karen Kamensek.
Alice - Philip Glass - Amir Hosseinpour et Jonathan Lunn - Ballet de l'ONR - Photo: Agathe Poupeney |
Bruno Anguera Garcia au piano insuffle au récit à la fois son dynamisme et le côté un peu mélodique et romantique des parties instrumentales. En somme un beau voyage dansé et chanté orchestré de part et d'autre du miroir, même si la lune devient rouge.
La Fleur du Dimanche
Strasbourg - Opéra du Rhin: du 18 au 23 février 2022
Chorégraphie, dramaturgie Amir Hosseinpour et Jonathan Lunn
Direction musicale Karen Kamensek
Scénographie, costumes Anne Marie Legenstein
Lumières Fabrice Kebour
Vidéo David Haneke
Peintures Robert Israel
Actrice Sunnyi Melles
Ballet de l’OnR
Orchestre symphonique de Mulhouse
Musique et chorégraphie en création mondiale.
Pièce pour l’ensemble de la compagnie.
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