Coupée court dans son élan de la 26ème Revue et "empêchée" de présenter sa 27ème à l'automne dernier, attendant en vain le Printemps pour reverdir, la Choucrouterie nous donne à nouveau rendez-vous dans ses deux salles - l'une dédiée à la version française de son spectacle, l'autre à la version alsacienne pour la revue bilingue "En Vert et contre tousse" - "Grien hinter de Ohre". Et c'est toujours à une course-poursuite entre les têtes blondes et les têtes grises que les dix comédiens vont se livrer pendant plus de deux heures - avec un quart d'heure de décalage pour le début entre Français et Alsacien.
La troupe se renouvelle, avec bien sûr le patriarche Roger Siffer - qui lui aussi se renouvelle, avec une très belle et originale chanson "Au secours Jeanne" où il voudrait "voir la mer" (ou la maire?) au cours de laquelle il fait un long voyage imaginaire - sur un diaporama où il se retrouve incrusté en dessin sur des sites qu'il aurait rêvé visiter - une sorte d'hommage à Brel et son "Vesoul"? Sa compagne, Suzanne Mayer, toujours verte apparait en mamie sourde qui perd la tête dans un très bon sketch où elle est soumise à une confrontation pleine de quiproquos dans un commissariat. Elle pousse aussi la chansonnette avec une nouvelle venue, Bénédicte Keck, ce qui oblige Sébastien Bizzotto (en clin d'oeil à la pollution ... sonore) à se mettre des bouchons de verdure dans ses oreilles pour se protéger de ces deux voix de sirènes du mercredi. Sébastien Bizzotto qui est toujours au piano et au moulin, plutôt au turbin, tout comme Arthur Gander, autre figure connue - même s'il porte barbe et masque - avec lesquels nous apprenons les dessous des chantiers et du monde du travail avec une belle métaphore avec l'échafaudage comme accession à la reconnaisance professionnelle. Parmi les "anciens", nous avons bien sûr toujours Jean-Pierre Schlagg, toujours en verve et triturant ses mots et sa grammaire, magnifique Dieu en majesté qui accueille un autre "ancien" - dans la fiction et dans le rôle - Guy Riss, l'irremplaçable "Chilibébert" Meyer, le maire, plutôt l'ancien maire de Colmar qui ne s'est pas (avec raison) représenté aux dernières élections. Mais la Choucrouterie ne pouvait refuser ce personnage que Belzébuth a interdit dans son enfer...
Choucrouterie - En Vert et contre Tousse - Photo: lfdd |
Choucrouterie - En Vert et contre Tousse - Photo: lfdd |
Il faut dire que du côté politique, les personnages manquent un peu pour nourrir la revue. Par exemple, Alain Fontanel "ayant tellement retourné sa veste qu'il peut ouvrir un magasin de vêtement" ne pourra plus apparaître dans un des rares sketches où la "relève", avec la jeune, "plus jeune sénatrice de France" Elsa Schalck (Magalie Ehlinger, une tête nouvelle avec une magnifique perruque blonde) assiste l'autre nouvel arrivant Jean-Philippe Vetter dans une chasse au rouge (caché sous la peau verte) digne d'un épisode de Stark Treck avec Laurel et Hardy et des dialogues qui fusent.
A propos de chasse et d'animaux, citons le reportage chez les chasseurs très bien mis en scène et la visite "empêchée" d'une cliente, la bien nommée Madame Metzger (Nathalie Muller bien dans son rôle) chez son boucher (encore magnifique JP Schlagg) et qui n'arrive pas, pour cause de la vague végétarienne à commander son Rosbif.
Notons les chansons qui rythment le spectacle, en l'occurrence un superbe clin d'oeil au végétarien avec l'adaptation de "Je ne suis pas parisienne" interprété par Magalie Ehlinger sur un texte de Lauranne Sz (qui alterne le rôle avec elle). Idem pour la chanson à partir de Boby Lapointe (uniquement dans la version française) qui nous parle avec une virtuosité digne de Ta Katie t'a quitté de "Mon variant a varié". Il faut noter que le piano est tenu (hors exceptionnel) par Jean-René Mourot (puis aussi Thomas Valentin ou Sébastien Vallé). L'équilibre entre introductions, chansons et sketches est très bien distribué, la mise en scène de Céline D'Abouquir est impeccable et Charlotte Dambach qui a le regard chorégraphique - C'est vrai que c'est difficile de faire bouger les vieux de la troupe pour une chorégraphie digne d'une Rave Party pour le Final "Alors on Tousse" - a même eu droit à un tableau où elle se permet de ma-sacrer le printemps, l'été, l'automne et l'hiver dans une chorégraphie irrésistible où le Roi Soleil (Guy Riss) prend toute la lumière et irradie de talent.
Et même si à la fin de la pièce on nous dit de partir, il ne faut pas manquer d'y aller et de revenir voir la deuxième version.
Choucrouterie - En Vert et contre Tousse - Photo: lfdd |
Une bonne cuvée à découvrir, même si le vin est vert, on peut très bien le boire!
La Fleur du Dimanche
A la Choucrouterie jusqu'au 6 mai 2022
Du mercredi au samedi : 20h45
Le dimanche : 17H15
Le Fil d'Eau - La Wantzenau - Vendredi 13 mai - 20h00
Point d'Eau - Ostwald - Samedi 21 mai - 20h00
A la Choucrouterie jusqu'au 6 mai 2022
Les Tanzmatten - Sélestat - Dim. 24 avril - 17h00
Pôle culturel - Drusenheim - Ven. 29 avril - 20h00
La Saline - Soultz-sous-Forêts - Ven. 06 mai - 20h00
Point d'Eau - Ostwald - Dim 22 mai - 17h00
Textes : Équipe de la Chouc’
Mise en scène: Céline D’Aboukir
Chorégraphie: Charlotte Dambach
Piano: Jean-René Mourot ou Thomas Valentin ou Sébastien Vallé
Avec : Sébastien Bizzotto, Magalie Ehlinger, Arthur Gander, Bénédicte Keck, Susanne Mayer, Nathalie Muller, Guy Riss, Jean-Pierre Schlagg, Roger Siffer et Lauranne Sz
Lumières: Cyrille Siffer
Scénographie/costumes/accessoires : Carole Deltenre, Marie Storup et leur équipe
Production : APCA-Théâtre de la Choucrouterie
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