Nous avons pu apprécier de multiples facettes du compositeur Simon Steen-Andersen dans le programme du Festival Musica cette année - et déjà l'année dernière pour la soirée inaugurale à la Halle Citadelle. Le compositeur dont le programme de Musica (dans l'entretien qui lui est consacré dans le Magazine du Festival) dit qu'il est le compositeur devenu "incontournable au cours de ces dernières année" nous propose à Pôle Sud (après les deux oeuvres (Run Time Error @Opel et Piano Concerto) pour les deux soirée inaugurales au PMC, la pièce Staged Night au TNS et Amid au Conservatoire) la performance scénique avec l'Ensemble This / Ensemble That Walk the walk, une exploration autour de la marche en s'appuyant sur le médecin et inventeur Etienne-Jules Marey.
Musica - Simon Steen-Andersen - Walk the walk - Photo: lfdd |
Celui qui a ouvert la voie pour le cinéma en inventant la chronophotographie, mais qui a aussi étudié le fonctionnement du corps externe (mouvement, marche) et interne (respiration, circulation, muscles, coeur - il a inventé l'électrocardiogramme graphique) ou la circulation de l'air et des fluides, de la fumée le vol des oiseaux, l'aérodynamique (il a inventé la soufflerie) est pain béni pour le compositeur, ici créateur et metteur en scène de ce spectacle qui oscille entre pièce didactique et simulation de cinéma en chambre (sur scène).
Musica - Simon Steen-Andersen - Walk the walk - Photo: lfdd |
Sur scène, donc, il va nous exposer à sa manière (comme dans ses vidéos) la répétition, le décalage, la boucle et l'accident avec les cinq protagonistes performeurs et acteurs de "comment on marche" en long en large et en travers. Quelquefois avec des idées très intéressantes - la recréation d'une chronophotographie avec des barrettes de LED sur les articulations, ou une entrée en scène avec musique sur un écran de cinéma simulé, répétée et décalée ou raccourcie ou rallongée par le déplacement des rideaux de scène qui cadrent le passage successif, hypnotique des comédiens. Ou encore le principe du bruitage expliqué et appliqué devant nous avec force démonstration. Quelquefois il interroge (et trompe) l'attention du spectateur en jouant sur le son direct, le son direct simulé ou le son enregistré sur lequel les comédiens merveilleux de synchronisation arrivent à mettre leurs pas dans ceux existants ou dans celui des autres.
Musica - Simon Steen-Andersen - Walk the walk - Photo: lfdd |
Et aussi à simuler, par extension, le "doublage" des dialogues. Cela donne quelques effets de "distanciation" qui ne manquent pas d'humour. Mais cet esprit inventif gagnerait à laisser un peu décanter ses multiples trouvailles pour éviter le trop de répétition, qui n'en est plus comique, ou le trop de paroles qui déborde (il fait dire lui-même à ses comédiens "Walk, don't talk" - Marche, ne cause pas") et quand il cite et se réfère à Peter Brook qui a écrit "Je peux prendre n'importe quel espace vide et l'appeler une scène. Quelqu'un traverse cet espace vide pendant que quelqu'un d'autre l'observe, et c'est suffisant pour que l'acte théâtral soit amorcé", on se dit qu'une fois amorcé chez Peter Brook nous sommes "dans le théâtre" et que ce n'est pas toujours le cas dans cette pièce. Il en est de même dans les hésitations du créateur qui se fait commenter ses errements ou idées dans la pièce qui est donc sensée montrer le "process and doing" (le procédé et le faire) et l'on ne peut qu'être d'accord avec eux quand ils disent "we talk quite a lot" (on parle trop!).
Musica - Simon Steen-Andersen - Walk the walk - Photo: lfdd |
Nous avons l'impression d'être noyés dans un flot de bonnes idées qui auraient gagnées à être un peu décantées. Les références artistiques ne manquent pas (Goethe, le Futurisme, Schubert,...) mais à trop montrer les ficelles - et à rabâcher, on perd en surprise et en poésie. La pièce un peu plus "dense" serait plus forte... Mais c'est peut-être un péché de jeunesse - Simon Steen-Andersen dit lui-même qu'il "aime jouer" que l'on a déjà vu ailleurs n'est qu'une étape.
La Fleur du Dimanche
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