Il est un temps où l'on ne parle pas, parce que l'on ne sait pas parler... alors on se cloître dans le silence.
Il est un monde dans lequel on se sent enfermé, parce qu'il est inconnu... alors on essaie de rentrer chez soi et de casser les murs.
Il est des histoires que l'on se raconte, tout seul dans sa tête, alors qu'il faudrait les raconter aux autres.
Les Mômes-Porteurs - Mounia Raoui - Marcel Loeffler - Photo: Pascale Bastien |
C'est - à priori - ce qui est arrivé à Mounia Raoui, ou au moins au personnage qu'elle nous présente sur scène dans les Mômes-Porteurs.
Ce personnage qui essaie de se rappeler son arrivée au monde ("huit jours en retard, un retard qu'elle n'arrive pas à rattraper"), dont "la langue maternelle est le silence", dont les "baisers qu'elle aurait dû recevoir sur son front sont tous dans son ventre", va nous promener au pays de la poésie, de l'enfance et de l'amour (même si l'amour a une "fissure").
Pendant une heure, presque seule sur le plateau - la superbe musique d'Areski Belkacem est une amie fidèle et l'accordéon de Marcel Loeffler amène une belle chaleur avec ses airs pianotés de sur son banc - Mounia Raoui va fouiller sa mémoire ou inventer des histoires ou des définitions qui vont essayer de traduire le monde, quelquefois incompréhensible ou simplement de mettre les choses et les souvenirs dans l'ordre.
Mais avec elle l'ordre est poétique, les mots sont contractés, triturés, hybridés et le double sens rebondit sans crier gare. Les mots se tordent, les phrases jouent au cadavre exquis, le sens prend des virages brusques et rebondissants de l'oeuf à la coque et au chien qui a peur de son image.
Et l'on se dit qu'elle avait raison de ne pas parler, d'arriver plus tard, et de se jeter dans l'arène de la scène, là où le mur est tombé et où elle peut dire ce qu'elle pense, ce que ça pense et que cela va panser les douleurs et les souffrance encore inné-dites d'elle et de celle et ceux qui écoutent et vont peut-être les entendre aussi, les siennes et les leurs. Sans leurre, mais avec bonheur.
Un message d'humanité comme ces petits gâteaux à message de son enfance "attends-moi", "je t'aime"...
Pour mémoire, les Mômes-Porteur est la deuxième pièce de Mounia Raoui, après "Le dernier jour où j'étais petite" et qui continue son chemin.
Le texte vient d'être édité par Médiapop éditions et je vous en offre un extrait:
Un Poème Dramatique qui raconte imagine le réel réinventé.
Je l’ai écrit avec un corps, un cœur et une main qui battaient de l’aile.
Je l’ai écrit avec les dents.
Pour étreindre le noir et m’accrocher aux étoiles.
Je l’ai écrit pour le théâtre et pour la vie.
Je l’ai écrit pour sortir de ma condition de chose, de femme, d’ignorante.
Je l’ai écrit pour prendre le risque de ne pas mourir.
Et inventer ma manière d’être là.
La Fleur du Dimanche
Les Mômes-Porteurs de Mounia Raoui
Au Maillon-Théâtre Strasbourg - avec le TAPS Strasbourg
du 21 au 25 janvier
Avec : Mounia Raoui et Marcel Loeffler (accordéon)
Mise en scène : Mounia Raoui et Jean-Yves Ruf
Composition et direction musicale : Areski Belkacem
Regard extérieur : Jean-Yves Ruf, Chat Borgne Théâtre
Direction de production : Mickaël Le Bouëdec, Eux Trémä Production
Coproduction : Maillon, Théâtre de Strasbourg – Scène européenne / TAPS – Théâtre Actuel et Public de Strasbourg
Avec le soutien de : Direction Régionale des Affaires Culturelles du Grand Est (aide à la création) / Conseil régional Grand Est (soutien à l’émergence) / Ville de Strasbourg (aide à la création) / Théâtre National de Strasbourg / Césaré – Centre national de création musicale de Reims / L’Éphémère – scène conventionnée d’intérêt national pour les écritures théâtrales contemporaines / Agence Culturelle du Grand Est / Compagnie du Chat Borgne
Les musiques des Mômes-Porteurs ont été enregistrées au : studio Soyuz, Paris
La compagnie Toutes Nos Histoires est accompagnée par : Eux Tréma Production / Mickaël Le Bouëdec
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