A Pôle Sud, Hiroaki Umeda va présenter deux courtes pièces, la première Accumulated Layout de 2007 et la deuxième, de 2018, Median qui vont nous prouver qu'il est autant bon danseur que magicien de l'image.
Hiroaki Umeda - Accumulated Layout - Photo: Dominique Laulanné |
Avec Accumulated Layout, il s'agit presque de la fabrication d'un mille-feuille sonore en totale synchronisation avec la lumière et le mouvement. A partir d'un rythme sourd qui vas sous-tendre la pièce, des couches sonores discrètes, très discrètes quelquefois - par exemple dans les aigus à la limite de l'ultra-son- ou des frottements ou petits craquements comme des décharges électriques également des nappes continues ou des grondements ou des percussions vont s'enchaîner, et faire varier l'atmosphère, l'écoute.
La lumière là-dessus, variant en intensité, modulée mais aussi brusquement changeante, d'abord en douche puis rasante et pour finir, éblouissante dans un éclat stroboscopique qui fait disparaître le danseur.
Celui-ci arrive très discrètement, positionné de biais, ne bougeant que délicatement une main puis, de face les deux, le mouvement se répand dans les bras, corps rivé au sol jusqu'à ce que, après que le torse a pris toute son ampleur, tout le reste suit, d'abord en pliures, articulations et désarticulations puis en ondulations en suivant une séquence sonore aquatique. Les mouvements, très souvent en totale synchro son, s'électrisent, au risque d'électrocution visuelle et sonore pour arriver au court-circuit final. La performance nous permet de constater la totale maîtrise corporelle d'Hiroaki Umeda et son écoute, autant de son corps que de la musique.
Hiroaki Umeda - Median - Photo: lfdd |
Median est une autre expérience. C'est presqu'une installation d'art vidéo. Immersive et engloutissante, au point que l'on oublie le danseur - mais non, il est juste sorti de scène quelques instants. Le dispositif utilise le même procédé que la pièce précédente pour la partie danse et musique. Mais cette fois-ci, à part sur la fin, la lumière est très sophistiquée et traître. Ce sont de magnifiques animation projetées sur toute la largeur du fond de scène mais aussi sur le sol, et qui l'air de ne pas y toucher, démarrent par de courtes barres blanches qui prennent vie et se multiplient, mais très vite, remplissent l'écran d'un quadrillage impeccable de petits carreaux.
C'est là que tout se corse, les carreaux mutent, se déforment vrillent et vivent leur vie, se multiplient, se rapprochent et s'éloignent, bougent et envahissent tout. L'effet est hallucinant, presque hallucinogène, les perceptions sont déformées, les repères distordus, l'instabilité se répand et déborde de la scène. Les cellules, telles des fractales ou des bulles de savon ont leur vie propre, quitte à engloutir le danseur - et le public. Heureusement que le danseur de son coté à sa vie propre d'organisme vivant et bougeant, ayant son impulsion par la musique et une vie superficielle grâce à d'autres animations qui sculptent son corps et ses mouvements.
Nous aurons eu le plaisir d'explorer deux facettes, très riches et engageantes d'une expression totalement de notre temps qui conjugue habilement le corps en mouvement, la musique, la lumière et un univers virtuel. Du grand spectacle.
Pour vous en donner un apperçu - mais il vaux mieux en vvre l'expérience immersive - en voici un extrait:
La Fleur du Dimanche
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