Je m'appelle Ismaël - Lazare - Mourad Musset - TNS Strasbourg |
Avec "Je m'appelle Ismaël" il a passé par au moins trois étapes pour aboutir à ce spectacle riche et dense: un premier texte, objet d'une lecture (dans "L'Autre Saison" au TNS en 2016) un film (de science-fiction) projeté, et cette pièce qui démarre par la projection, sur un écran de cordes (bien que l'on ne dise pas "corde" sur une scène de théâtre) qui cache en partie la scène, d'un vrai-faux reportage qui introduit, explique et pose les bases de la pièce. Expliquant son cheminement, les péripéties qui, d'un film avorté, aboutissent à cette introduction filmique à la pièce qui va se jouer devant nous pendant trois bonnes heures.
Je m'appelle Ismaël - Lazare - TNS Strasbourg - Photo: Jean-Louis Fernandez |
Mais le ton est donné... Car comme le dit Lazare:
"Pour moi, cette question de l’intégration, ou de "l’identité", il faut la déplacer car elle dépasse de loin le cadre des origines: comment laisser la place aux émotions indéfinies, aux expressions multiples, à la poésie qui, par essence, n’est pas «intégrée» à notre monde? Comment accepter des différences qui sont porteuses de savoirs et de sensations autres? C’est de cela dont parle Je m’appelle Ismaël: refuser l’idée d’un monde homogénéisé, fermé à l’autre − un monde comme le voudrait ceux qui ont inventé le projet d’intelligence artificielle «L’Aura»."
Rien n'est simple, on ne peut pas être manichéen et la réalité est multiple.
Pour le prouver, la pièce aussi le sera, passant d'une conférence - émission de télévision aux présentateurs multiples, à une enquête sur des innovations technologiques, scientifiques et médicales qui nous prédisent un avenir contraint, en passant par des séquences d'opéra, de chansons et concerts de rap, de pop, et de folk, en une formidable chanson de Geste contemporaine.
Je m'appelle Ismaël - Lazare - TNS Strasbourg - Photo: Jean-Louis Fernandez |
Lazare est un poète et un visionnaire amoureux des lettres et de la liberté, des hommes et de la fraternité, des femmes et du plaisir. Il rend un merveilleux hommage dans ses tableaux à des poètes (entre autres Gérard de Nerval et son homard en laisse), à la musique. Il traverse les siècles de Perceval à E.T. sans oublier Jésus et son double. Le double qui reste un de ses thèmes récurrents, pour se concrétiser de manière un peu magique dans un jeu d'illusion sur scène.
Je m'appelle Ismaël - Lazare - TNS Strasbourg - Photo: Jean-Louis Fernandez |
Il faut saluer la "performance" des comédiens sur scène, à la fois pour leur énergie et le sens du rythme qu'ils insufflent à la pièce, à leur manière vivante et incarnée qu'ils ont de faire bouger les mots et le sens, à leur prestation de multi-instrumentistes avec un salut tout particulier à la prestation vocale de la soprano Odile Heimburger et au regard "oeil de lynx" de Marion Faure qui par son assistance chorégraphique fait du plateau un lieu où elle arrive, comme elle le dit en citant Pierre Schaeffer à "combiner les espaces de liberté", .. à "faire varier continuellement et parallèlemment les éléments en présence, les corps, les gestes, l'espace et les mots."
Je m'appelle Ismaël - Lazare - TNS Strasbourg - Photo: Jean-Louis Fernandez |
Car comme elle le dit dans le texte du programme en parlant de Lazare:
"Dans son théâtre, il s'agit d'aller au bout du sens des mots impliquant de fait le corps dans son entièreté: incarner le poème fait transpirer le corps de ses mouvements. L’interdépendance du corps à son milieu est évidence. C’est en traversant le corps que
Je m'appelle Ismaël - Lazare - TNS Strasbourg - Photo: Jean-Louis Fernandez |
Et pour laisser le mot de la fin à Lazare lui-même qui parle à la fois du rapport du film, et de la vidéo - car, en plus de tout ce qui a déjà été cité, il y en a aussi en temps réel - et au théâtre:
"Ce qui m’intéresse, c’est le passage d’une dimension à une autre − on passe de la grandeur de l’image, de gros plans, à des corps présents sur le plateau − et la frontière entre réalité et fiction."
Bon Spectacle
La Fleur du Dimanche
Je m'appelle Ismaël
Création le 27 février 2019 au Théâtre National de Strasbourg
Représentations du 27 février au 9 mars
Tournée:
Gennevilliers du 21 mars au 1er avril 2019 au T2G – Théâtre de Gennevilliers
Toulon le 3 mai 2019 au Liberté – Scène nationale de Toulon
Paris du 4 au 8 juin 2019 au Théâtre de la Ville - Les Abbesses
Rennes novembre 2019 au Théâtre National de Bretagne
Nantes du 13 au 15 novembre 2019 au Grand T – Théâtre de Loire Atlantique
Amiens du 3 au 4 décembre 2019 à la Maison de la Culture
CRÉATION AU TNS
PRODUCTION
Texte et mise en scène Lazare
Collaboration artistique Anne Baudoux, Marion Faure, Laurie Bellanca
Regard chorégraphique Marion Faure
Assistanat musical Laurie Bellanca
Avec
Anne Baudoux, Laurie Bellanca, Marion Faure, Emile Samory Fofana, Odile Heimburger, Thibault Lacroix, Olivier Leite, Philippe Smith, Véronika Soboljevski, Julien Villa
Séquences filmées
Avec Laurie Bellanca, Axel Bogousslavski, Vincent Brousseau, Thibault Lacroix, Abdel Lamrani, Lazare, Olivier Leite, Mourad Musset, Ouria, Jean-François Perrier, Philippe Smith, Julien Villa (en cours)
Montages images Anne-Sophie Bussière, Jeanne Sarfati
Chef opérateur film Lazare, Robin Fresson, Audrey Gallet, Frédéric Mainçon, Nicos Argilet, Thomas Bataille
Ingénieur son Matthieu Perrot
Scénographie Vincent Gadras à partir d’éléments de la scénographie de Sombre Rivière conçue par Olivier Brichet avec l'aimable autorisation de Wajdi Mouawad et Emmanuel Clolus
Lumières Kelig Le Bars
Son Jonathan Reig
Vidéo Antoine Franchet
Costumes Léa Perron
Cheffe opératrice Audrey Gallet
Régie générale Bertrand Sombsthay
Assistanat général Marion Faure
Lazare est metteur en scène associé au TNS et au T2G - Théâtre de Gennevilliers
Le décor et les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS
Production Théâtre National de Strasbourg, Vita nova
Coproduction T2G - Théâtre de Gennevilliers, Théâtre National de Bretagne, Le Grand T - Théâtre de Loire-Atlantique, Le Liberté - Scène nationale de Toulon, Maison de la Culture d'Amiens
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Le texte a reçu l'Aide à la création du Centre national du Livre et du Centre national du Théâtre
Avec le soutien de la MC93 - maison de la culture de Seine-Saint-Denis pour les résidences de création
Remerciements à la Mairie de Bagneux pour le tournage du films
Avec l'autorisation de la Préfecture de Police de la Ville de Paris pour le tournage du film
Merci pour cette chronique très intéressante
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